L'actualité mondiale Un regard humain

Libye : préoccupée par l'escalade militaire, l'ONU réclame un cessez-le-feu

Libye : préoccupée par l'escalade militaire, l'ONU réclame un cessez-le-feu

Des réfugiés qui ont fui la Libye attendent une distribution alimentaire à la ville frontière de Sallum, en Egypte.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est très préoccupé par l'escalade militaire en Libye par les forces gouvernementales, notamment les informations selon lesquelles il y aurait un assaut sur la ville de Benghazi, a déclaré mercredi son porte-parole, Martin Nesirky.

« Une campagne pour bombarder un tel centre urbain placerait la vie des civils en danger », a poursuivi le porte-parole, lors de son point de presse quotidien au siège de l'ONU, à New York. Ban Ki-moon rappelle la responsabilité de ceux qui « utilisent des forces militaires contre des civils » et exhorte « toutes les parties au conflit à accepter un cessez-le feu et à respecter la résolution 1970 du Conseil de sécurité », a-t-il précisé.

Adoptée samedi 26 février, la résolution 1970 impose des sanctions financières contre le régime libyen, ainsi qu'un embargo sur les armes. Elle demande aux autorités la fin des violences contre les civils, libyens ou ressortissants étrangers. Elle saisit également la Cour pénale internationale pour d'éventuels crimes contre l'humanité perpétrés en Libye.

« Le Secrétaire général suit de près la situation en Libye et les discussions cruciales qui se déroulent au Conseil de sécurité sur les mesures visant à protéger les civils », a ajouté le porte-parole de Ban Ki-moon.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a poursuivi ses consultations mercredi sur un projet de résolution prévoyant l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye.

« L'Envoyé spécial du Secrétaire général, Abdul Ilah Khatib, a quitté aujourd'hui la Libye avec sa délégation, après deux jours de discussions au cours desquelles il s'est fait l'écho auprès de hauts responsables libyens, des appels pressants de la communauté internationale à cesser les combats et la violence, afin d'assurer un accès humanitaire et de travailler à une solution pacifique à la crise », a encore expliqué Martin Nesirky. « Les efforts de l'Envoyé spécial vont continuer, y compris les contacts avec les représentants des groupes politiques libyens à Benghazi, ainsi qu'avec les autorités de Tripoli ».

De son côté, la Directrice de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a condamné l'assassinat d'Ali Hassan Al-Jaber, un cameraman de la télévision Al-Jazira, tué dans une embuscade à la périphérie de Benghazi, samedi 12 mars.

« La mort d'Ali Hassan Al-Jaber donne à la violence et aux intimidations contre les journalistes en Libye une nouvelle dimension extrême et met en lumière les risques pris par les médias pour faire leur travail », déclare Irina Bokova dans un communiqué.

« Tous ceux qui exercent l'autorité en Libye doivent se rendre compte que de tels actes ne feront pas disparaître les problèmes. La paix et le développement dépendent des réponses apportées aux aspirations du peuple libyen, et pas de la répression de la liberté d'expression et du droit du public à être informé », ajoute-t-elle.

Selon Al-Jazira et l'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières, Ali Hassan Al-Jaber a été tué quand un tireur non identifié a ouvert le feu sur sa voiture, alors qu'il rentrait à Benghazi après un reportage dans une ville voisine.

L'UNESCO signale que la mort de ce journaliste n'est que le dernier épisode d'une longue série d'attaques contre des journalistes. L'organisation onusienne cite plusieurs autres cas récents: l'arrestation le 9 mars d'Andrei Netto, journaliste pour le quotidien brésilien de Sao Paulo « O Estado »; la disparition de Ghaith Abdul-Ahad travaillant pour le journal londonien « The Guardian » ; les arrestations et tabassages de trois journalistes de la BBC ; l'attentat perpétrés par des assaillants inconnus le 8 mars contre l'Hôtel Ouzo de Benghazi qui accueille des journalistes étrangers.

L'UNESCO dénonce aussi « le brouillage des signaux des médias étrangers et les incitations à la violence contre les journalistes » qui sont le fait des autorités.