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Libye : l'Envoyé de l'ONU à Tripoli lundi, la situation humanitaire se dégrade

Libye : l'Envoyé de l'ONU à Tripoli lundi, la situation humanitaire se dégrade

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« Notre défi le plus immédiat est humanitaire. Chaque jour, le bilan s'alourdit et la situation du peuple libyen devient plus désespérée. Mon message a été ferme et cohérent : la violence doit cesser. L'aide humanitaire doit pouvoir être acheminée à ceux qui en ont besoin », a déclaré vendredi à la presse le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Après avoir rappelé que « les responsables de la violence contre les civils seront tenus pour responsables », il a présenté son nouvel Envoyé spécial pour la Libye, l'ancien ministre des affaires étrangères de la Jordanie, Abdul Ilah Khatib, qui se rendra en Libye en début de semaine prochaine.

« Il partira de New York ce week-end, rejoint par une équipe composée de hauts responsables humanitaires, ainsi que de représentants du Département des affaires politiques de l'ONU et du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme », a expliqué Ban Ki-moon, avant d'ajouter que leur mission serait « d'évaluer la situation sur le terrain » et « d'entreprendre de larges consultations avec les autorités libyennes sur la situation politique et humanitaire ».

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 230.000 personnes ont fui les violences en Libye jusqu'à présent, dont 118.000 vers la Tunisie, 107.000 vers l'Egypte, 2.000 vers le Niger et 4.300 vers l'Algérie.

Selon l'agence onusienne, les arrivées à la frontière tunisienne se poursuivent, au rythme d'environ 2.500 personnes par jour, alors que les évacuations par avion à partir des aéroports tunisiens ne concernent en moyenne que 800 à 1.200 personnes par jour.

« Actuellement, il y a 17.000 personnes qui sont dans le camp de transit de Choucha, en Tunisie, originaires de 25 pays différents, mais avec une forte majorité de Bangladeshis », a indiqué vendredi une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, à l'occasion d'une conférence de presse à Genève, en Suisse.

Dans ce contexte, le HCR et son partenaire, l'Organisation internationale des migrations (OIM), ont renouvelé leur appel à la mise en place de vols long courrier vers les pays d'Asie et d'Afrique subsaharienne.

« Nos capacité sont saturées par les nouvelles arrivées, en particulier pour les ressortissants d'Asie. Nous dépensons quotidiennement 3 millions de dollars pour ces vols d'évacuation et sur l'appel de fonds de 49,2 millions de dollars, nous n'avons reçu que 27 millions de dollars. Sans arrivée rapide de fonds, nous devrons suspendre nos opérations », a mis en garde de son côté le porte-parole de l'OIM, Jean Philippe Chauzy, présent aussi à la conférence de presse à Genève.

Evoquant ensuite la situation des ressortissants étrangers à l'intérieur de la Libye, Melissa Fleming a expliqué que selon les témoignages recueillis en Tunisie, des dizaines de barrages avaient été dressés sur la route allant de Tripoli au point de passage frontalier avec la Tunisie, à Ras Adjir. « Nous avons des rapports indiquant que ceux qui empruntent cette route se font prendre leur argent, leur téléphone portable et leur carte sim de téléphone », a-t-elle souligné, avant d'ajouter que « des ressortissants étrangers étaient victimes de discrimination basée sur leur couleur de peau ».

Selon le HCR, de nombreux ressortissants d'Afrique subsaharienne sont également bloqués à Tripoli, effrayés à l'idée de s'engager dans un dangereux voyage pour quitter le pays et même de quitter leur maison pour trouver de la nourriture qui commence à manquer.

« Des Ethiopiens et des Erythréens arrivés en Tunisie nous ont dit que leurs amis et leurs proches étaient encore à Tripoli. Le HCR et ses partenaires sur place continuent de recevoir des appels de réfugiés ou de demandeurs d'asile, sur sa ligne de téléphonique d'urgence. Au jour d'aujourd'hui, nous avons reçu près de 800 appels », a expliqué Melissa Fleming.

Intervenant à son tour, une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Emilia Casella, a indiqué qu'« un navire transportant 1.200 tonnes de farine, qui avait dû faire demi-tour la semaine dernière en raison des bombardements, était désormais arrivé à Benghazi ». « Cette cargaison va permettre de nourrir 94.000 personnes pendant un mois. Un convoi transportant des barres de dattes fortifiées est également arrivé, en provenance d'Egypte. Un autre convoi, transportant des barres de dattes et de la farine pour 15.000 personnes est aussi en route en ce moment », a-t-elle poursuivi.

Pour venir en aide à près d'un million de personnes, le PAM a lancé des opérations dont le coût total avoisine les 39 millions de dollars. Jusqu'à présent toutefois, l'assistance alimentaire se concentre surtout hors de la Libye, en Tunisie et en Egypte, où près de 400.000 personnes sont aidées, ressortissants égyptiens ou réfugiés libyens ayant fui le pays. « Les opérations prendront en charge 600.000 Libyens à l'intérieur du pays, dès que nous aurons accès à eux », a-t-elle ajouté.

Enfin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu'aucune épidémie n'avait jusqu'à présent été observée dans les camps de réfugiés et de déplacés en Tunisie, où un système de surveillance a été mis en place, en coopération avec les autorités tunisiennes. « Nous avons envoyé 5 kits de santé à l'hôpital de Djerba, en Tunisie, pour prendre en charge 5.000 blessés pendant 3 mois. Dès que l'accès sera ouvert, ce matériel sera envoyé en Libye », a indiqué la porte-parole de l'agence Fadela Chaib, avant d'ajouter que 4.000 vaccins anti-tétanos avaient aussi été envoyés à Benghazi.