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OICS : de nouvelles drogues de synthèse ne cessent d'apparaître

OICS : de nouvelles drogues de synthèse ne cessent d'apparaître

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Les drogues de synthèse sont produites plus rapidement et en nombre croissant, indique le rapport annuel de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) rendu public ce mercredi, qui souligne aussi l'apparition constante de nouvelles drogues produites en modifiant la structure moléculaire de substances illégales, afin de créer des produits aux effets similaires mais non soumis à des interdictions.

Les instructions détaillées pour la fabrication de ces nouvelles drogues de synthèse circulent souvent sur internet, indique encore l'étude qui estime que 16 nouvelles drogues de synthèse ont ainsi vu le jour en 2010 en Europe et plus d'une cinquantaine au Japon.

« Compte tenu des risques pour la santé posés par l'abus des drogues de synthèse, nous exhortons les gouvernements à adopter des mesures nationales de contrôle pour prévenir la fabrication, le trafic et l'abus de ces substances », a insisté le Président de l'OICS, Hamid Ghodse, lors de la publication de cette étude, qui souligne que « la corruption est l'un des facteurs sous-jacents qui alimente le trafic de drogue, les énormes profits générés dépassant souvent les ressources financières des institutions des Etats ».

L'agence onusienne met en avant le fait que « les organisations criminelles qui contrôlent des empires du trafic de drogue sont, dans certains cas, devenues des forces politiques disposant de pouvoir et d'autorité sur les institutions légitimes ».

« Les autorités en place pour contrôler et réprimer le trafic de drogue sont elles-mêmes compromises par la corruption. Les fonctionnaires de police et de justice sont souvent confrontés à d'énormes pressions de la criminalité organisée dans leurs efforts pour lutter contre le trafic de drogue », explique encore le rapport, qui estime que « prévenir la corruption doit être la priorité la plus élevée ».

Dans son analyse par région, le rapport annuel indique qu'aux Etats-Unis le marché de la cocaïne, de l'héroïne et de la méthamphétamine est dominé par les organisations criminelles basées au Mexique, où la lutte menée par les autorités contre les narcotrafiquants s'est soldée par la mort de plus de 28.000 personnes depuis 2006, essentiellement dans des règlements de compte entre organisations et dans des opérations policières.

Le rapport note également que la superficie totale des cultures de cocaïer en Amérique du Sud a diminué pour la deuxième année consécutive, en raison d'une réduction significative de la production en Colombie. Il note aussi une baisse de la part du marché américain dans le marché mondial de la cocaïne, avec environ 40%, contre 30% en Europe, où il ne cesse d'augmenter.

Sur le continent européen, la consommation de cocaïne s'est répandue à partir des pays d'Europe occidentale et tend aujourd'hui à remplacer les amphétamines et l'ecstasy dans certains pays comme le Danemark, l'Espagne et le Royaume-Uni.

Analysant ensuite le marché de l'héroïne, l'OICS indique que les pays européens consomment près de la moitié de l'héroïne mondiale. En tête, l'Europe occidentale, avec quatre pays qui assurent seuls près 60% de la consommation régionale : Royaume-Uni, Italie, France et Allemagne. La Fédération de Russie a quant à elle le plus haut niveau d'abus d'opiacés (héroïne, opium, haschisch) et consomme 20% de l'héroïne produite en Afghanistan, première source de la production mondiale.

Selon l'OICS, en Asie, l'héroïne continue d'être la principale drogue consommée en Chine, en Malaisie, au Myanmar, à Singapour et au Viet Nam, même si celle-ci est en déclin ou se stabilise, au profit de drogues de synthèse produites à partir de produits chimiques disponibles dans les pays sud asiatiques où se fournissent les réseaux de trafiquants.

L'OICS note aussi que la production d'opium a diminué de moitié (3600 tonnes) en Afghanistan et dans les pays voisins entre 2009 et 2010, principalement à cause d'un parasite affectant les plants de pavot. L'agence onusienne prévient toutefois que cette baisse de la production d'opium en 2010 « ne signifie pas qu'il y aura une baisse de la fabrication d'héroïne car des stocks suffisants d'opium sont disponibles ».

Par ailleurs dans un supplément spécial à son rapport annuel, l'OICS met en avant un autre phénomène lié aux drogues licites cette fois, et nécessaires à certains traitements médicaux : leur non disponibilité dans de nombreuses régions du monde. « Plus de 80% de la population mondiale n'a pas accès, ou à un accès insuffisant, aux drogues utilisées contre la douleur, et souffre par conséquent inutilement ».

« Alors que les pays occidentaux consomment 90% des médicaments disponibles sur le marché mondial, de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et des Amériques ont très peu ou pas du tout accès aux drogues médicales », explique le rapport, qui met en avant des obstacles tels que « le manque d'éducation des professionnels de la santé, les contraintes réglementaires, les difficultés dans la distribution et l'absence de politique de santé globale incluant le traitement de la douleur ».

En conclusion, l'OICS demande « aux gouvernements de prendre des mesures, par exemple, le recueil des données statistiques sur les besoins en drogues licites, l'adaptation de la législation en vigueur et l'amélioration de l'éducation et la formation du personnel médical ».