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Désarmement : Ban Ki-moon appelle à sortir en urgence de l'impasse

Sculpture symbolisant le désarmement devant le siège de l'ONU à New York.
Sculpture symbolisant le désarmement devant le siège de l'ONU à New York.

Désarmement : Ban Ki-moon appelle à sortir en urgence de l'impasse

En ouverture à Genève, en Suisse, de la réunion annuelle de la Conférence du désarmement, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé cet organe chargé des négociations multilatérales sur le désarmement et la non-prolifération à sortir de l'impasse et "à trouver un moyen de poursuivre son travail inestimable".

« L'impasse qui se poursuit est de mauvaise augure pour la sécurité internationale. Plus elle persiste, plus grave est la menace nucléaire – des arsenaux existants, à la prolifération de telles armes, en passant par leur possible acquisition par des organisations terroristes », a dit Ban Ki-moon.

Devant les Etats membres, il a estimé que la Conférence du désarmement (CD) avait « un rôle de catalyseur à jouer pour faire avance l'agenda du désarmement ». « Je suis là pour renouveler mon appel à libérer ce potentiel, pour répondre aux attentes de la communauté internationale », a-t-il poursuivi.

Soulignant ensuite que la CD était « le lieu incontesté des efforts de contrôle mondial des armes », il a estimé que cette « machine devait produire plus, et plus rapidement ». Le Secrétaire de l'ONU a notamment rappelé les succès enregistrés depuis la création de la CD en en 1979, qui a produit « un nombre significatif de traité internationaux », à l'instar du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), de la Convention sur l'interdiction des armes biologiques (CABT), de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).

Mais Ban Ki-moon a aussi regretté que ces succès aient été « éclipsés par l'inertie qui dure maintenant depuis plus d'une décennie ». Pour lui, « la crédibilité de cet organe est en jeu », « l'inaction persistante ne fera que mettre en danger ce forum de négociations », par conséquent « les années à venir seront critiques ». « Nous pouvons aller de l'avant sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement, ou prendre le risque de régresser », a-t-il mis en garde.

A l'appui de ce constat, le chef de l'ONU a rappelé qu'en 2009, après 10 ans de blocage, les Etats membres étaient finalement parvenus à adopter un programme de travail, qui n'a pas été mis en oeuvre, en raison des dissensions persistantes au sein de la CD.

« Cela a été un profondément décevant », a souligné Ban Ki-moon, qui a dénoncé le fossé existant entre la CD, plongée dans l'impasse, et « les récents progrès réalisés dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération ».

« D'un côté, les Etats font des progrès, ils ont pris des initiatives pour renforcer la sécurité nucléaire ; les Etats parties au TNP ont organisé avec succès la Conférence de révision en 2010 ; d'importants efforts bilatéraux ont également porté leurs fruits, à l'instar du nouveau Traité START », a-t-il poursuivi.

« Mais d'un autre côté, a tempéré Ban Ki-moon, la CD a joué un rôle limité ou inexistants dans ces avancées ». « Quand les initiatives des Etats et de la société civile créent le mouvement, cet organe continue lui de stagner ».

Le Secrétaire général a continué son intervention en rappelant qu'il avait convié, en septembre dernier, une réunion de Haut niveau visant à relancer les travaux de la CD. Les participants ont exprimé « leur profond doute sur la capacité de la CD à dépasser ses dissensions », « ils ont unanimement souligné que le nombre limité de membres était un privilège », a-t-il résumé, avant de demander à tous les Etats membres d' « accepter que ce privilège s'accompagne d'une responsabilité ».

« Le message est clair, il ne peut y avoir encore une année de blocage. Un ou deux pays ne doivent pas être en mesure de bloquer indéfiniment le processus », a-t-il martelé. « Le futur est entre vos mains. C'est à vous, Etats membres, de décider si la CD sera à la hauteur des attentes de la communauté internationale ou fera face aux conséquences » de l'inaction.

« Je vous appelle à mettre de côté vos différences. Servons l'intérêt global. Construisons un monde plus sûr. Le monde attend que la Conférence fasse une véritable avancée, mais cela nécessite une action collective de votre part à vous, Etats membres », a-t-il conclu.