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Sud-Soudan : ouverture des inscriptions pour le référendum

Sud-Soudan : ouverture des inscriptions pour le référendum

Soutien logistique de l'ONU pour l'organisation du référendum sur l'autodétermination du Sud Soudan.
L'enregistrement des électeurs pour le référendum d'autodétermination au Sud-Soudan programmé le 9 janvier prochain a débuté lundi dans les 2794 centres d'inscription répartis dans tout le pays

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« Un référendum n'arrive qu'une seule fois, la population doit sortir en masse sinon cela signifiera que ceux qui se sont battus et sont morts pour ça l'on fait pour rien », a indiqué le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, en s'inscrivant au centre du mausolée John Garang, à Juba.

« Je suis né dans la guerre, j'ai grandi dans la guerre et je n'ai jamais cru qu'un moment comme ça se produirait pour les habitants du Sud-Soudan », confie de son côté Isaac, un étudiant de 21 ans qui fait la queue devant le centre d'inscription de l'université de Juba.

Dès les premières heures de la journée, des milliers de Sud-soudanais ont commencé à se rendre dans les centres d'inscription, souvent avant même leur ouverture et de longues files d'attentes étaient visibles pendant l'essentielle de cette première journée au cours de laquelle aucun incident n'a été signalé.

En tout, la Commission électorale (SSRC), qui bénéficie d'un soutien logistique de l'ONU, gère 2794 centres d'inscription au Soudan, dont 2629 au Sud-Soudan et 165 au Nord-Soudan. Pour permettre à la diaspora sud-soudanaise de participer, les opérations d'enregistrements se déroulent aussi en Australie, au Canada, en Egypte, en Ethiopie, au Kenya, en Ouganda, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

« Nous avons fait le tour des centres à Wau et 98% d'entre eux fonctionnent parfaitement, avec des opérations d'inscriptions d'électeurs en cours », a indiqué de son côté le Président de la Commission pour l'Etat occidental de Bahr El-Ghazal, Wol Madut Chan, avant d'ajouter que des électeurs s'étaient plaints de l'attente, inévitable toutefois au regard de l'ampleur des opérations.

Autre problème rencontré dans certains centres d'enregistrement, des électeurs qui ne disposent pas des pièces d'identité requises.

« Nous nous attendions à ce que ce problème apparaisse, donc nous avons fait appel à un chef local pour identifier les personnes afin de savoir si elles sont réellement du Sud soudan et qu'elles vivent dans ici », a expliqué un membre de la Commission électorale de l'Etat du Nil supérieur, James Daniel Chuang.

Arrivé dimanche à Khartoum, le panel de l'ONU chargé de surveiller les opérations d'inscription et composé de l'ancien chef d'état de Tanzanie, Benjamin Mkapa, de l'ancien ministre des Affaires étrangères du Portugal, António Monteiro, et de l'ancien Président de la commission électorale du Népal, Bhojraj Pokharel, a visité quelques uns des 165 centres d'enregistrement ouverts dans le nord.

« Le nombre d'électeurs qui s'inscrivent est extrêmement faible », a indiqué Benjamin Mkapa qui préside le panel, à la sortie d'un centre situé à proximité du camp de Mayo Mandela, en périphérie de Khartoum.

« Nous espérons que tous les électeurs du Sud-Soudan, où qu'ils vivent, sauront se tourner vers la paix et s'inscrire pour le référendum. Nous savons que l'organisation de cette étape n'a pas été facile, à cause de la taille du pays et de l'ampleur du processus, mais nous restons confiants sur son bon déroulement », avait-t-il déclaré dimanche à son arrivée dans la capitale.

« L'affluence est limitée dans le Nord, en raison de la publication tardive des adresses des centres d'enregistrement dans la presse », a expliqué l'un des porte-paroles de la Commission électorale, Mamoun Mousa.

Dimanche, le chef de la Commission électorale, Mohamed Ibrahim Khalil, avait lui vivement critiqué les bailleurs de fonds et la communauté internationale, pour leur manque d'appui, estimant qu'ils avaient préféré « donner des biens finis ou du matériel, comme on le ferait à un enfant, plutôt que de verser l'argent nécessaire pour l'organisation ». Il avait également rappelé que l'échéancier était « vraiment serré, poussé à son maximum » et « ne donnait pas le droit à l'erreur, même un accident de la route lors du transport des bulletins de vote ».

De son côté, le Commandant de la Mission de l'ONU au Soudan (MINUS), Moses Obi, a rappelé lundi que les Casques bleus avaient renforcé leurs mécanismes de surveillance « en ce moment très critique », avant de se dire « convaincu qu'il n'y a pas eu de renforcement significatif de troupe le long des frontières communes » pouvant laisser penser qu'un risque d'escalade existait.

Le 9 janvier prochain, les habitants du Sud-Soudan se prononceront sur l'indépendance de leur région, conformément à la mise en œuvre de l'Accord de paix global (ACP) qui a mis fin en 2005 à deux décennies de guerre entre le gouvernement centrale au nord et le Mouvement populaire de libération du Soudan au sud.

Un référendum distinct se déroulera le même jour dans la région centrale d'Abyei, où les habitants choisiront entre leur rattachement au nord ou au sud.