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Inondations au Pakistan : l'ONU appelle à protéger en priorité les plus vulnérables

Inondations au Pakistan : l'ONU appelle à protéger en priorité les plus vulnérables

Des victimes des inondations de l'été 2010 au Pakistan.
Trois organes de l'ONU spécialisés dans la protection des droits de l'homme ont lancé un appel conjoint aux autorités pakistanaises et aux organisations de secours pour qu'elles renforcent les efforts déployés à l'encontre des populations les plus vulnérables, que les inondations du mois d'août ont placé dans une situation encore plus précaires et délicates.

« Les inondations ont affecté de manière disproportionnée les populations qui étaient déjà parmi les plus vulnérables de la société pakistanaise : membres des communautés minoritaires, réfugiés afghans, femmes, enfants et personnes handicapées, en particulier ceux qui vivent dans les zones rurales », ont indiqué dans cet appel commun le Comité des droits de l'enfant, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes et le Comité sur les droits des personnes handicapées.

Pour ces trois organes dépendants du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les conséquences des inondations au Pakistan « nécessitent des mesures spéciales pour prévenir la discrimination et protéger les plus vulnérables, une vigilance active sur les violations des droits humains, et la création de canaux de participation impliquant toutes les personnes concernées par les décisions prises actuellement dans le cadre de la reconstruction à long terme ».

Les inondations qui ont touché le Pakistan en août sont les plus graves de l'histoire du pays. Elles ont fait près de 2.000 morts, déplacés 20,2 millions de personnes dans plus d'un tiers du pays et détruit ou endommagé près de 1,9 million de maisons.

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a souligné que 85% des personnes déplacées étaient des femmes ou des enfants, dont près de 500.000 femmes enceintes. « Chaque jour 1.700 femmes accouchent et des centaines d'entre elles font face à des complications nécessitant des interventions médicales, alors que les inondations ont détruit 200 hôpitaux, centres de santé ou cliniques dans tout le pays.

Dans ce contexte, le Comité appelle les autorités pakistanaises et les organisations de secours déployées sur le terrain « à s'attaquer au manque actuel de structures médicales », « à prendre des mesures concrètes pour prévenir les abus sexuels et physiques, ainsi que le trafic de femmes et de filles », et « à combattre toutes les restrictions auxquelles les femmes pourraient faire face, y compris les barrières culturelles, dans l'accès aux services de bases, aux soins ou à l'aide humanitaire ».

De son côté, le Comité pour les droits de l'enfant met en garde contre l'augmentation du taux de mortalité infantile depuis les inondations, alors que celui-ci est déjà très élevé au Pakistan, où 500.000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de causes pourtant évitables. Le Comité s'inquiète en particulier du sort réservé aux femmes et aux jeunes filles dans le nord du pays, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (KPK), où elles étaient déjà victimes de discriminations quotidiennes. Il appelle donc les autorités pakistanaises à accroître leurs efforts pour accéder aux plus jeunes enfants et aux jeunes filles « qui devraient être au sommet des priorités ».

Enfin, le Comité sur les droits des personnes handicapées a mis en avant le fait que les personnes handicapées sont souvent la partie invisible des sociétés, même en cas de catastrophes naturelles ou dans des circonstances exceptionnelles. Il appelle donc les autorités à s'assurer que leurs droits à la sécurité et à la protection sont protégés. Il demande également des mesures d'urgence incluant « le transfert des personnes souffrant de handicaps physiques, intellectuels ou psychologiques ; leur réunification avec leur famille ; la protection de leur accès à l'eau, la nourriture, les services médicaux et la diffusion à leur intention d'informations sur les opérations de secours en cours ». La priorité est « de permettre la normalisation de leurs vies aussi vite que possible », a conclu le Comité sur les droits des personnes handicapées.