L'actualité mondiale Un regard humain

Cambodge : l'ONU estime important de juger les responsables khmers rouges

Cambodge : l'ONU estime important de juger les responsables khmers rouges

L'accusée Ieng Thirith (au centre) devant les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens. (février 2009)
« Vous offrez une contribution inestimable à l'histoire, vous aidez le Cambodge à poursuivre la réconciliation et à construire un avenir pacifique et prospère », a souligné mercredi le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans un discours prononcé à Phnom Penh devant les membres des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) chargées de juger les crimes perpétrés sous le régime des Khmers rouges.

« Dès le premier jour de ma prise de fonction, j'ai fait de la lutte contre l'impunité une priorité centrale de l'ONU et votre travail, au sein de ces Chambres, est vital pour cette mission », a-t-il encore souligné, avant de rendre hommage « au travail de chacun des membres de ces tribunaux », « quelque soit votre travail, votre titre, votre statut ou votre niveau hiérarchique ».

Pour Ban Ki-moon, poursuivre les responsables khmers rouges, « même trente ans après leurs actes », c'est un « message puissant » : « l'impunité ne sera plus toléré, ni par le peuple et les gouvernants du Cambodge, ni par l'ONU et la communauté internationale ».

Le Secrétaire général a ensuite salué la condamnation en juillet à 35 ans de prison de Kaing Guek Eav, alias Duch, l'ancien directeur de la prison du régime Khmer S-21, où des dizaines de milliers de Cambodgiens ont été incarcérés, torturés et assassinés. Il s'est également félicité de l'inculpation en septembre de quatre autres anciens hauts responsables du régime khmer rouge, Ieng Sary, Ieng Thirith, Khieu Samphan et Nuon Chea, poursuivis pour crimes contre l'humanité et génocide.

Ban ki-moon est ensuite revenu sur le fonctionnement de ces Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), nées d'un partenariat entre l'ONU et le système judiciaire du Cambodge.

Selon lui, cette coopération particulière est « une source de force, mais également de défis ». Il a en particulier insisté sur la nécessité de respecter l'indépendance des CETC, ce qu'il avait déjà rappelé plus tôt dans la journée, lors d'un entretien avec le Premier ministre cambodgien Hun Sen. Lors de cette rencontre, Ban ki-moon a en effet souligné l'obligation qui incombe au gouvernement cambodgien de « respecter l'indépendance » des Chambres extraordinaires et de « coopérer pleinement » avec elles.

Pendant cet entretien, la question plus large de la protection des droits de l'homme au Cambodge a également été abordée. L'occasion pour Ban Ki-monn de « saluer la coopération des autorités cambodgiennes avec tous les mécanismes de protection » en place dans le pays, mais aussi de rappeler « l'importance de créer un espace politique pour les débats publics, incluant les questions centrales sur les droits de l'homme ».

Le Secrétaire général a en particulier défendu le rôle joué par le Bureau du Haut commissariat au droit de l'homme de l'ONU, qui a été ouvert à Phnom Penh. Il a également salué le travail du Conseiller indépendant auprès des CETC, Uth Chhorn, nommé par l'ONU et le gouvernement cambodgien après des accusations de corruption portées contre les CETC l'année dernière. « Cette nomination a envoyé un message fort : aucune forme de corruption ne sera toléré au sein des CETC », a conclu Ban Ki-moon.

Selon la presse, le Premier ministre cambodgien a demandé à Ban Ki-moon de rappeler le représentant du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Christophe Peschoux. Il a aussi demandé au Secrétaire général de s'assurer que les procureurs des CETC ne procèdent pas à de nouvelles inculpations.