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Pakistan : l'ONU accroît son aide alors que le nombre de sinistrés atteint 17 millions

Pakistan : l'ONU accroît son aide alors que le nombre de sinistrés atteint 17 millions

Des victimes des inondations de l'été 2010 au Pakistan.
Le dernier bilan des inondations aux Pakistan fait état de 17,2 millions de personnes affectées, dont 8 millions ont besoin en urgence d'aide humanitaire, a indiqué jeudi le Secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires humanitaires, John Holmes.

« Les inondations qui se poursuivent au Pakistan touchent désormais au moins 160.000 kilomètres carrés de terres – plus que la superficie de l'Angleterre et l'aide de l'ONU et de ses agences aux sinistrés monte en puissance », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies à New York.

Les pluies torrentielles qui s'abattent sur le Pakistan depuis la fin juillet continuent de faire des ravages dans tous le pays. 1,2 million de maisons ont été partiellement ou totalement détruites, portant à au moins 4,8 millions le nombre de personne sans abris. 3,4 millions de têtes de bétail ont également été perdues. Les chiffres donnés jeudi matin par John Holmes résument l'ampleur des opérations de secours et d'assistance dans lesquelles l'ONU et ses agences sont engagées.

Le Secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires a toutefois indiqué que près de 2 millions de personnes recevaient désormais de l'aide alimentaire, 2,5 millions de personnes avaient accès à de l'eau propre et 115.000 tentes avaient déjà été distribuées aux populations déplacées, regroupées dans environ 2.000 camps de fortunes.

John Holmes a par ailleurs réitéré les mises en garde des agences sur le terrain, notamment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s'inquiètent maintenant d'une deuxième vague de décès, beaucoup plus grave, en raison de l'apparition et de la propagation à grande vitesse de maladies hydriques, causées par la stagnation de l'eau contaminée de surcroît par les déchets charriés. (voir autre article)

John Holmes a également insisté sur l'importance de maintenir une veille sanitaire pour surveiller l'apparition de maladies comme le paludisme, l'hépatite, les diarrhées ou la galle, pour intervenir avant leur propagation.

Il est ensuite revenu sur le défi de la distribution de l'aide. « Notre plus gros problème, c'est la logistique pour l'acheminement de l'aide dans les zones isolées, coupées du reste du pays après la destruction de routes ou de ponts essentiels », a-t-il expliqué. L'ONU estime que 800.000 personnes sont dans cette situation d'isolement total, principalement dans les régions du nord-ouest, notamment la vallée du Swat.

« C'est pour cette urgence que nous avons demandé en début de semaine à la communauté internationale de nous fournir plus d'hélicoptères, il nous en faut une quarantaine au moins, en plus de ceux de l'armée pakistanaise et de ceux que l'armée américaine mettent déjà à disposition. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a maintenant 5 hélicoptères sur place. Six appareils sont en train d'arriver du Japon, d'autres des Emirats arabes unis, mais il nous en faut plus », a-t-il souligné.

Abordant ensuite le financement des opérations d'urgence, John Holmes a souligné que 60 à 70% de l'appel de fonds initial de 460 millions de dollars était couvert à l'heure actuelle, soit environ 325 millions de dollars. « Avec les promesses de dons et les contributions annexes à l'appel de fonds, nous atteignons environ 600 millions de dollars », a-t-il indiqué, estimant toutefois qu'il en faudrait « encore plus ». « Notre appel initial a sous estimé l'ampleur et la durée de ces inondations, les besoins n'ont cessé d'augmenter ces deux dernières semaines, nous procèderons à un appel révisé aux alentours de la mi-septembre, qui sera bien plus important que le premier », a-t-il prévenu.

John Holmes a ensuite mis l'accent sur l'importance de relancer, dès la fin des opérations de secours d'urgence, le secteur agricole. « La sécurité alimentaire et l'économie du pays en dépendent », a-t-il insisté. « Nous en ferons une priorité, avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ».

Pour conclure, le chef des opérations humanitaires a soulevé la question de la sécurité du personnel des organisations humanitaires déployées dans des zones dangereuses où opèrent des groupes Talibans. Pour John Holmes, « les menaces à l'encontre des organisations étrangères qui interviennent au Pakistan existaient déjà avant les inondations ». « Nous prenons ces menaces au sérieux, nous prenons les dispositions nécessaires pour les minimiser, mais nous ne nous laisserons pas intimider et ferons ce que nous pensons devoir faire, c'est-à-dire venir en aide aux populations dans le besoin », a-t-il dit.