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Maintien de la paix : les missions de l'ONU dans une phase de consolidation

Maintien de la paix : les missions de l'ONU dans une phase de consolidation

Alain Le Roy
Pour veiller à ce que les mandats des opérations de maintien de la paix (OMP) soient clairs, crédibles et réalisables et que les ressources adéquates soient disponibles, le Conseil de sécurité a entendu vendredi les commandants de plusieurs missions de l'ONU. Ils ont présenté les différents aspects des opérations qui avaient à remplir, en insistant sur l'importance de la protection des civils.

A l'heure actuelle, 84.000 casques bleus, 13.000 policiers et 23.000 civils sont déployés dans le monde par l'ONU, au sein de 18 opérations de maintien de la paix dont le financement total représente 7,7 milliards de dollars. Avec le retrait programmé des missions en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) et en République démocratique du Congo (MONUSCO), les opérations de l'ONU sont entrées dans une période de stabilisation.

« Nous sommes maintenant dans une phase de consolidation car nous ne prévoyons pas de nouvelles opérations et nous ne nous en plaignons pas », a indiqué devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy.

Son département met en œuvre l'initiative « Nouvel horizon » de 2009 destinée à améliorer l'efficacité des missions de l'ONU, en forgeant en particulier un nouveau lien entre « ceux qui autorisent une mission, ceux qui la réalisent, ceux qui y contribuent, ceux qui l'accueillent et ceux qui sont en partenariat avec les soldats de la paix des Nations Unies ».

Devant le Conseil, Alain Le Roy a souhaité que les Etats Membres exploitent cette phase de consolidation des missions actuelles pour définir de nouvelles stratégies de protection des populations civiles, l'un des trois défis qui se présentent aux casques bleus sur le terrain, avec la nécessité de disposer de missions solides, prêtes également pour des tâches critiques de reconstruction de la paix. Le premier rapport sur la mise en œuvre de l'initiative « Nouvel horizon » sera publié en septembre.

Présentant la situation à Haïti, le Général Luiz Guilherme Paul Cruz, Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a indiqué les différents aspects de l'intervention de la MINUSTAH depuis sa création. Il a rappelé qu'en 2006 et 2007, la composante militaire avait participé au rétablissement de l'état de droit, alors que la période 2008-2009 avait été marquée par des émeutes et les destructions causées par les ouragans.

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a replongé le pays dans un climat d'incertitudes, a-t-il ajouté, en insistant sur l'importance essentielle de renforcer les capacités de l'Etat haïtien pour protéger les gains de la stabilité et garantir une reconstruction à long terme.

Le Général Moses Bisong Obi, Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), a lui souligné les succès militaires obtenus, dans un contexte politique délicat, avec la tenue du référendum d'autodétermination au Sud Soudan en 2011 et les tensions autour du processus de paix au Darfour. Il a, entre autres, rappelé la tenue « dans le calme » des élections générales des 11 et 15 avril dernier et le maintien de l'ordre et la protection des civils dans la zone de cessez-le-feu.

Il a également insisté sur le défi majeur que représentait la protection des civils harcelés le long des frontières par les mouvements armés, en insistant sur l'importance de la coordination des forces militaires internationales mais aussi celle des organisations non gouvernementales, incontournables pour garantir la fourniture de l'eau, des abris et des sanitaires aux déplacés.

Le Général Babacar Gaye, Commandant sortant de la Force de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a lui aussi mis en avant l'importance de la protection des civils dans le mandat de sa mission, estimant que c'était « un défi beaucoup plus grand qu'il ne paraît à première vue ».

Rappelant que les 20 000 casques bleus déployés sur le terrain devaient s'occuper d'un territoire aussi vaste que l'Europe, il a insisté sur l'importance de poursuivre de l'aide apporté à la formation du commandement militaire de la RDC et aux efforts pour renforcer la justice militaire du pays et l'appui logistique, « tout en assurant la protection des civils ».