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RDC : policiers arrêtés après le meurtre d'un militant des droits de l'homme

RDC : policiers arrêtés après le meurtre d'un militant des droits de l'homme

Floribert Chebeya Bahizire
Suite à l'assassinat la semaine dernière d'un militant des droits de l'Homme, Floribert Chebeya, en République Démocratique du Congo (RDC) et à la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi, les autorités congolaises ont suspendu le chef de la Police nationale congolaise, l'Inspecteur général John Numbi, et arrêté plusieurs policiers. Décision dont s'est réjoui un groupe d'experts indépendants des Nations Unies.

Suite à l'assassinat la semaine dernière d'un militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, en République Démocratique du Congo (RDC) et à la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi, les autorités congolaises ont suspendu le chef de la Police nationale, l'Inspecteur général John Numbi, et arrêté plusieurs policiers. Décision dont s'est réjoui un groupe d'experts indépendants des Nations Unies.

Floribert Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin dernier en périphérie de Kinshasa, la capitale congolaise. La veille de la découverte du corps, des ONG locales de défense des Droits de l'homme avaient signalé sa disparition, alors qu'il avait été convoqué dans un commissariat de police.

Depuis plus de 10 ans, il était un militant convaincu des Droits humains, dénonçant en particulier la corruption des militaires et les liens entre les milices et des forces politiques étrangères. Président depuis 1988 de l'Organisation non gouvernementale (ONG) la 'Voix des Sans Voix', Floribert Chebeya était également Secrétaire général du réseau des ONG des Droits de l'homme en RDC.

« Cet assassinat prive non seulement la RDC de l'un de ses défenseurs des Droits de l'Homme le plus actif et le plus connu, mais il envoie également un message d'intimidation et de violence à l'égard de toutes les personnes qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme en RDC » ont affirmé mercredi les experts de l'ONU par communiqué de presse.

« Si l'identification et la poursuite en justice des auteurs de ces crimes devaient échouer, cela constituerait un énorme pas en arrière et risquerait de compromettre tous les autres efforts du Gouvernement », ont-ils insisté. « Des efforts urgents devraient également être déployés pour localiser M. Edadi dont le sort n'est toujours pas élucidé », ont-ils ajouté.

Les experts exhortent les autorités congolaises à autoriser des experts médico-légaux indépendants à participer à l'enquête de manière à fonder les poursuites judiciaires sur des preuves médico-légales.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon avait immédiatement offert l'aide et le soutien des Nations Unies pour diligenter une enquête « transparente et indépendante », avait-il dit au lendemain de l'assassinat.

« Accepter une expertise internationale pour renforcer l'enquête nationale serait un signe clair et sans équivoque de l'engagement du Gouvernement à faire toute la lumière sur ce crime horrible », ont souligné les experts.

Dans ce contexte d'attaques et de menaces récurrentes à l'encontre des militants des Droits de l'Hommes et des journalistes, et de l'impunité générale qui règne sur ce types d'affaires, les Rapporteurs spéciaux rappellent « qu'il ne peut y avoir de démocratie sans défenseurs des Droits humains, ni journalistes ».

« Conformément au droit international des Droits de l'Homme, il incombe au Gouvernement de la RDC la responsabilité d'assurer la protection des défenseurs des droits de l'homme contre toute violence, menace, représailles, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de leurs activités de promotion et protection des droits de l'homme », ont conclu les experts.

Dans un rapport publié mercredi dernier, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, avait fait état d'une augmentation alarmante des violences contres les populations civiles dans la zone frontalière entre la RDC, le Soudan et de la République Centrafricaine (RCA) et à l'est du pays. Ces attaques sont attribuées à l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), aux Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), ainsi qu'à l'armée nationale congolaise.

La semaine dernière, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) a également tiré la sonnette d'alarme sur le manque cruel de fonds pour assister les populations vulnérables en RDC.

« L'appel de fonds humanitaire pour la RDC n'a reçu que 30% de ses besoins. Seulement 249 millions de dollars ont pu être levés sur les 828 millions nécessaires », avait déploré la porte-parole d'OCHA lors d'un point presse à Genève, en Suisse.

Ce cri d'alarme survient alors que le 28 mai dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le retrait de 2.000 Casques bleus d'ici la fin du mois de juin 2010. Par la résolution 1925, les 15 membres du Conseil ont décidé la prorogation jusqu'au 30 juin de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC) et approuvé une modification de son mandat à partir du 1er juillet. A cette date, elle deviendra la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO).