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Kenya : un tribunal sur les violences post-électorales est nécessaire

Kenya : un tribunal sur les violences post-électorales est nécessaire

Des centaines de Kenyans ont été déplacés lors des violences post-électorales en 2007-2008.
En visite au Kenya, la Haute commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme, Navi Pillay, a exhorté mardi les autorités à reconsidérer l'établissement d'un tribunal spécial sur les violences post-électorales de décembre 2007.

« On m'a assuré que l'option était toujours d'actualité », a dit Navi Pillay. La visite de la Haute commissaire succède à celle du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, qui s'est rendu au Kenya au mois de mai dernier pour enquêter sur les affrontements post-électoraux et rencontrer les victimes.

Selon Luis Moreno-Ocampo, les crimes auraient été commandités par les dirigeants du Parti de l'unité nationale (PNU), parti au pouvoir à cette époque, et par le Mouvement orange de la démocratie (ODM), principal parti d'opposition.

Les hommes politiques incriminés auraient mis en œuvre leur politique avec la complicité de responsables de l'Etat et d'entreprises publics et privées. Des parlementaires, des responsables gouvernementaux, des agents des forces de police et des gangs de jeunes, seraient impliqués dans les violences, avait estimé Moreno-Ocampo.

Navi Pillay a salué « l'implication de la CPI » mais elle a souligné que pour des « raisons pratiques et politiques » la Cour ne serait en mesure de juger uniquement les individus soupçonnés de crime de guerre, de crime contre l'humanité et de génocide.

Or, les violences ont provoqué la mort d'environ 1.300 personnes et fait plusieurs centaines de milliers de déplacés. Des vols, des viols et d'autres crimes ont également été commis. Ces actes doivent aussi être jugés.

« J'exhorte tout le monde, les hommes politiques, les chefs religieux, les medias, les chefs communautaires à penser à ce qui serait le mieux pour le Kenya et ce qui donnerait les meilleures chances au pays de sortir de ces tensions », a insisté Navi Pillay.

« Les difficultés du Kenya sont sérieuses mais pas insurmontables », a-t-elle ajouté.

« La mise en place d'un système judiciaire national indépendant, crédible et efficace est le meilleur garde-fou afin de protéger les droits des personnes et des communautés », a-t-elle conclu.