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Haïti : La Haute Commissaire aux droits de l'homme émue par le dénuement de la population

Haïti : La Haute Commissaire aux droits de l'homme émue par le dénuement de la population

La Haute commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, avec le Président haïtien René Préval.
La Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est déclarée vivement préoccupée et émue par le dénuement dans lequel vit la majorité de la population haïtienne, à l'issue d'une visite de trois jours en Haïti.

« Aujourd'hui, Haïti, ses populations et ses autorités doivent faire face à une multitude d'enjeux en matière des droits de l'homme. Le manque d'accès a l'alimentation et à l'eau potable, les détentions prolongées sans jugement, les conditions carcérales désastreuses n'en sont que des exemples. Il y a 60 ans, l'Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration universelle des droits de l'homme par laquelle toute personne se voyait reconnaître des droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. Pour que cet idéal devienne réalité en Haïti, un authentique partenariat entre les autorités, les membres de la société doit être établi, avec l'assistance de la communauté internationale », a dit Mme Pillay au moment de son départ mercredi.

Au cours de son séjour, la Haute Commissaire a rencontré le président haïtien René Préval, plusieurs ministres et secrétaires d'Etat, des hauts cadres de la magistrature et de la police ainsi que des membres de la communauté internationale. Elle a également rencontré des membres des organisations des droits de l'homme et a visité le quartier de Cité Soleil, l'une des quartiers les plus pauvres de la capitale Port-au-Prince, où elle s'est entretenue avec des victimes de violations des droits de l'homme. « Les droits économiques et sociaux sont des droits fondamentaux de la personne humaine. Ils sont indivisibles et interdépendants des droits civils et politiques », a-t-elle déclaré.

Mme Pillay a salué les efforts entrepris par les autorités haïtiennes et les membres de la communauté internationale pour assister les victimes des ouragans qui ont récemment frappés Haïti. Des efforts qui, selon elle, doivent absolument être renforcés car de nombreuses populations n'ont pas encore reçu l'assistance nécessaire.

La Haute commissaire a noté les progrès significatifs réalisés en matière de sécurité. Elle a toutefois rappelé que la sécurité et le maintien de l'ordre public ne pouvaient s'effectuer au détriment du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit.

Elle a souligné qu'en Haïti, l'un des objectifs prioritaire de son bureau, comme de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) était de contribuer avec les autorités haïtiennes à l'établissement d'un système judiciaire et pénal indépendant et crédible respectant les droits de l'homme.

Mme Pillay a relevé que trois réformes majeures ont été entreprises à cet effet dans les secteurs de la police, de la justice et du système carcéral. Selon elle, la réussite de ces réformes passent à la fois par un engagement indéfectible et énergique des autorités haïtiennes dans la mise en œuvre de celles-ci, en consultation avec la société civile, mais aussi par un appui coordonné des organisations des Nations Unies présentes en Haïti. « Les autorités haïtiennes manquent toujours des capacités essentielles pour détenir, juger et punir les auteurs de crimes graves, mais aussi pour rétablir les victimes dans leurs droits. La corruption au sein de la chaine pénale, ainsi que l'impunité dont jouissent régulièrement les personnes influentes impliquées dans des trafics illicites constituent des obstacles à l'instauration d'un Etat de droit et à la lutte contre l'impunité », a-t-elle dit.