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Darfour : L'Union africaine souhaite le report de l'inculpation du président soudanais

Darfour : L'Union africaine souhaite le report de l'inculpation du président soudanais

Le président tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Le président tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete, dont le pays assume la présidence de l'Union africaine (UA), a déclaré mardi que l'UA souhaitait le report d'une éventuelle inculpation du président soudanais Omar Al-Bachir par la Cour pénale internationale (CPI) en raison de l'impact qu'elle aurait sur la gestion de la crise au Darfour (Soudan).

« L'inculpation du président Omar Al-Bachir à ce moment précis compliquera le déploiement de l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) et la gestion de la crise humanitaire au Darfour. C'est pour cette raison que l'Union africaine estime que le report est la chose la plus opportune à faire maintenant », a déclaré Jakaya Mrisho Kikwete.

Il a ajouté néanmoins que « cela ne devrait pas perçu comme un soutien à l'impunité », mais qu'obtenir la coopération du gouvernement soudanais était essentiel dans l'immédiat.

En juillet 2008, après avoir mené une deuxième enquête relative aux crimes commis au cours de ces cinq dernières années au Darfour, le Procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a demandé qu'un mandat d'arrêt soit délivré à l'encontre du président soudanais Omar Al-Bachir, accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide au Darfour.

Le président tanzanien a également souligné la préoccupation des dirigeants africains face à la pratique de plus en plus répandue en Europe de reconnaître à leurs tribunaux une juridiction universelle. « C'est une cause de harcèlement pour les dirigeants africains [...] et nous avons l'intention de soulever cette question devant les Nations Unies afin de prendre les mesures qui s'imposent », a-t-il dit.

Alors que la plupart des pays africains sont maintenant des démocraties vivant en paix, il ne reste « que » trois grandes crises sur le continent, la République démocratique du Congo (RDC), la Somalie et le Soudan, a-t-il souligné.

Il s'est dit préoccupé par « la présence continue de forces négatives menaçant les pays voisins de la RDC » et par le fait que les efforts de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie se retrouvaient face à des besoins qui dépassaient ses capacités.

S'agissant du Kenya et du Zimbabwe, il s'est félicité que les efforts de médiation aient permis de sortir d'une situation qui paraissait inextricable, surtout dans le cas du Zimbabwe. Il a rendu hommage au président sud-africain Thabo Mbeki, se voulant rassurant sur le fait que l'UA serait à même de poursuivre la médiation si les parties venaient à se trouver en désaccord.

Toujours au plan politique, le président de l'Union africaine a attiré l'attention de l'ONU sur la question du Sahara occidental. Il a demandé au Conseil de sécurité d'accélérer le processus afin que le peuple du Sahara occidental ait l'opportunité de décider « décider du chemin à prendre » et qu'ils puissent « vivre un vie normale ».

Le président de l'Union africaine a enfin réitéré le souhait du continent d'une réforme du Conseil de sécurité qui lui donne deux sièges permanents – puisque c'est le seul continent qui n'en dispose d'aucun - avec droit de veto et deux sièges temporaires supplémentaires. Il a salué le début de négociations sur la question à l'Assemblée générale lors de cette 63ème session.