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Darfour : l&#39attaque contre l&#39ONU renvoie aux mauvais souvenirs des années 90

Darfour : l&#39attaque contre l&#39ONU renvoie aux mauvais souvenirs des années 90

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Manque de moyens, signaux faibles quant à la robustesse de la Mission et état de guerre sur le terrain : trois facteurs qui feront courir un très grand risque à l&#39Opération hybride ONU/Union africaine au Darfour, a prévenu aujourd&#39hui le responsable du maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno.

« Cette attaque est très troublante. Il s'agissait d'un convoi très clairement marqué et d'un ravitaillement très important pour l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) dans l'Ouest du Soudan. La Force a fait preuve de la plus grande retenue lors de cet épisode particulier, mais nous avons clairement fait savoir que cette posture changera. Tout cela est donc très dangereux », a déclaré le Secrétaire général adjoint Jean-Marie Guéhenno devant son point de presse.

Le Secrétaire général, Ban Ki-moon, a présenté hier une protestation officielle auprès du gouvernement soudanais après une attaque qui a fait un blessé grave, un chauffeur soudanais du convoi (dépêche du 8.01.2007).

« D'autres actions de ce genre seront repoussées avec la force nécessaire », a affirmé Jean-Marie Guéhenno.

« S'il n'y pas un choix stratégique de tous les acteurs sur la paix au Darfour et s'il n'y a pas de renforcement décisif de la Mission », « la MINUAD court un risque d'échec », a prévenu le Secrétaire général adjoint, qui a réitéré devant la presse l'avertissement qu'il a lancé au Conseil de sécurité lors de son exposé ce matin.

Interrogé sur le point de savoir si l'attaque constituait un test de la force et de la détermination de la MINUAD, Jean-Marie Guéhenno a estimé que l'on se trouvait face à une situation « extrêmement volatile ».

« Il nous faut des capacités lourdes que nous n'avons pas. Je suis très préoccupé par le fait qu'à l'heure actuelle nous pourrions être confrontés au plus grand risque auquel auraient à faire face les Nations Unies depuis les années 90 ».

« Il y a une guerre en cours, même si elle est de 'faible intensité', dans l'Ouest du Darfour. Il y a des parties qui lancent des signaux confus sur le point de savoir si elles veulent une force robuste au Darfour. Et nous avons une force de maintien de la paix à qui il manque des ressources essentielles », a-t-il déploré.

« Dans cette situation, si nous avions eu des hélicoptères capables de voler la nuit et d'appuyer rapidement un convoi soumis à une attaque, nous aurions été dans une position très différente. L'effet de dissuasion aurait probablement empêché l'attaque ».

L'ONU réclame depuis des mois à tous les États Membres qui en disposent la fourniture d'une unité de transport lourde et d'une moyenne, de trois unités militaires d'aviation (18 hélicoptères) et d'une unité tactique légère (6 hélicoptères).

Jean-Marie Guéhenno a expliqué que le convoi comportait 25 véhicules, dont plusieurs camions diésel et des véhicules blindés. « A mesure que la Mission se renforce il est essentiel qu'elle se défende et qu'elle puisse répondre à toute attaque ».

Le Secrétaire général adjoint a enfin précisé que c'était le commandement régional de l'armée soudanaise lui-même qui avait informé la MINUAD de cette attaque, indiquant que « le convoi n'avait pas été marqué de façon suffisamment claire ».