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Tchad/Centrafrique : le Secrétaire général propose une mission dotée de forces européennes pour répondre aux préoccupations tchadiennes

Tchad/Centrafrique : le Secrétaire général propose une mission dotée de forces européennes pour répondre aux préoccupations tchadiennes

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Face à la stagnation de la grave situation humanitaire dans l&#39est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine, le Secrétaire général propose aujourd&#39hui au Conseil de sécurité le déploiement d&#39une « présence multidisciplinaire internationale » composée de forces de l&#39Union européenne à la place d&#39une mission des Nations Unies qui a soulevé les réticences du Tchad.

« En plus des 236 000 réfugiés et des 170 000 personnes déplacées dans l'est du Tchad, il y a environ 700 000 personnes dans les communautés d'accueil qui sont directement touchées par l'instabilité et la violence sporadique dans la région », rappelle le Secrétaire général dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Tchad et dans le nord de la Centrafrique.

« En République centrafricaine, l'afflux soudain de réfugiés dans la région de Vakaga, début mai, a illustré de façon claire et inquiétante l'instabilité qui règne dans cette zone reculée du pays. Dans de telles conditions, il est plus important que jamais de s'attaquer à l'insécurité qui a obligé tant de personnes de ces zones frontalières à fuir leurs foyers, craignant pour leur vie ».

« Le concept révisé d'une présence multidisciplinaire internationale décrite dans le présent rapport offre une possibilité unique d'améliorer la sécurité de ces populations civiles et de contribuer à la création d'un environnement où les organisations humanitaires puissent s'acquitter de leurs tâches cruciales », estime Ban Ki-moon.

Selon le rapport, la présence des Nations Unies autorisée au Tchad et en République centrafricaine serait une « opération multidisciplinaire, composée de divers éléments dont l'élément spécial tchadien de maintien de l'ordre, des éléments de l'ONU comprenant des policiers, un personnel d'appui technique et la force militaire composée de troupes de l'Union européenne ».

« Un chef de mission nommé par l'ONU, qui serait le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Tchad, assurerait la coordination globale et serait également chargé de coordonner le mandat de maintien de la paix dans le nord-est de la République centrafricaine ».

Ce Représentant spécial pour le Tchad « assurerait la direction d'ensemble sur toutes les entités des Nations Unies sur le terrain, en fournissant des directives pour la gestion et en coordonnant toutes les activités des Nations Unies dans l'ensemble de la zone d'opérations, conformément à la politique établie de l'Organisation des Nations Unies ».

« Ce concept révisé tient également compte des appréhensions des autorités tchadiennes concernant la présence d'une composante militaire des Nations Unies dans l'est du pays, sans sacrifier l'impératif d'un déploiement militaire pour établir une vaste zone de sécurité nécessaire à la protection de la population civile et pour permettre à la police et aux autres éléments d'une présence internationale d'exécuter correctement leurs tâches », souligne le Secrétaire général, qui préconise d'intensifier la coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix et les planificateurs de l'Union européenne ainsi qu'avec les autorités tchadiennes.

« Les propositions formulées dans le présent rapport doivent également être considérées dans le contexte d'une situation qui évolue rapidement au Darfour et, en particulier, l'acceptation par le gouvernement soudanais de la phase d'assistance renforcée et d'une opération hybride de l'Union africaine et des Nations Unies », souligne le Secrétaire général.

Les deux déploiements ? l'un au Darfour et l'autre dans l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine ? auraient une incidence sur la sécurité dans la région.

Les progrès qui seront accomplis sur le plan politique au Darfour auront également une incidence, puisqu'ils entraîneront probablement plus de stabilité au Darfour et la possibilité d'un retour à terme des réfugiés soudanais actuellement au Tchad et en République centrafricaine, fait observer le rapport.

Le déploiement d'une présence multidisciplinaire internationale autorisée par les Nations Unies dans l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine pourrait avoir une forte incidence positive sur la sécurité dans la région. Néanmoins, il est important de souligner que, comme au Soudan, une solution durable à la crise dans la région passe obligatoirement par des accords politiques.

« Parallèlement à toutes les mesures poursuivies, il ne faudrait épargner aucun effort pour protéger les réfugiés, les personnes déplacées et les collectivités d'accueil contre la violence et les persécutions dont ils sont menacés tous les jours », souligne Ban Ki-moon, qui « recommande au Conseil de sécurité d'annoncer son intention d'autoriser la mise en place de la présence multidisciplinaire proposée dans l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine, conformément aux grandes lignes tracées dans le présent rapport ».

Entre-temps, l'ONU et l'Union européenne avanceraient dans leur planification afin de présenter au Conseil, dans les semaines à venir, des détails précis sur la présence multidisciplinaire internationale proposée.