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Femmes et conflits armés : la Commission de consolidation de la paix sollicitée

Femmes et conflits armés : la Commission de consolidation de la paix sollicitée

Devant le Conseil de sécurité réuni aujourd&#39hui pour une séance publique sur les femmes, la paix et la sécurité, des espoirs ont été placés dans la Commission de consolidation de la paix pour notamment lutter contre les lois discriminatoires à l&#39égard des femmes.

« La Commission de consolidation de la paix pourrait promouvoir l'égalité et aider les gouvernements nouvellement formés à comprendre l'étendue du concept de démocratie, qui doit composer avec l'action de la société civile », a déclaré aujourd'hui Carolyn McAskie, Sous-Secrétaire générale du Bureau d'appui à la consolidation de la paix.

Carolyn McAskie a annoncé que cet organe intergouvernemental dont la création a été décidée au sommet mondial de 2005 s'efforcera de développer des stratégies et des partenariats, notamment avec la société civile, en vue d'améliorer le statut des femmes, comme cela a été le cas lors des premières réunions consacrées au Burundi et à la Sierra Leone.

« La Commission doit aussi veiller à ce que la consolidation de la paix soit durable, notamment en s'efforçant de garantir que les femmes ne soient plus l'objet de discriminations », a-t-elle affirmé.

La résolution 1325 (2000) peut être l'un des instruments pour parvenir à atteindre un tel objectif, a-t-elle estimé.

La résolution du Conseil de sécurité demandait au Secrétaire général « d'étudier les effets des conflits armés sur les femmes et les petites filles, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix et la composante femmes des processus de paix et de règlement des différends ». Elle demandait aussi à tous les Etats membres d'adopter des mesures garantissant le respect des droits fondamentaux des femmes et des petites filles, en particulier dans les domaines de la constitution, du système électoral, de la police et du système judiciaire.

Carolyn McAskie a également souhaité un rôle accru des femmes au sein du système des Nations Unies, et particulièrement au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), pour assurer la mise en oeuvre des dispositions de la résolution 1325 (2000).

« Pour permettre à la Commission de réussir, les gouvernements devront se consulter pour amender leurs législations en vue d'assurer l'égalité entre les sexes et la participation des femmes à la vie politique », a-t-elle conclu.

Prenant la parole à son tour, Rachel Mayanja, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a indiqué qu'elle « comptait beaucoup sur la toute nouvelle Commission de consolidation de la paix, pour mettre l'accent sur les perspectives touchant à l'égalité des sexes dans les processus de paix ».

« Même lorsque la volonté politique est présente au sommet et qu'à la base les organisations de femmes sont actives, de nombreux États sont souvent hésitants à aller à l'encontre des valeurs établies dans les sociétés qui sont souvent patriarcales », a-t-elle encore dit.

Dans la même veine, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, s'est félicité de l'élection d'une femme à la tête du Libéria, dont le gouvernement a adopté une loi contre le viol.

Jean-Marie Guéhenno a aussi salué les législations de pays comme la Sierra Leone aient été amendées en vue d'améliorer la condition des femmes.

« Mais ce n'est pas suffisant de faire en sorte que les femmes soient élues, comme en Afghanistan, où elles sont dignement représentées au sein de la Chambre basse, il faut encore leur donner les moyens d'exercer leurs prérogatives », a-t-il ajouté.

S'agissant de la discrimination au niveau juridique, il a cité notamment nombre de pays africains, où la transmission de l'héritage, soumise à des lois coutumières, continue de poser problème.

Sur la question de la sécurité, Noeleen Heyzer, directrice du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a souligné que la sécurité physique des femmes devait être assurée dans les processus de consolidation de la paix.

« Souvent les femmes sont sous la menace d'assassinat lorsqu'elles défendent leurs droits », a-t-elle dénoncé, rappelant que l'armée et la police étaient elles-mêmes souvent à l'origine de la violence.

« La justice pour les femmes est aussi un point fondamental, en particulier la mise en oeuvre d'une législation égalitaire », a ajouté Noeleen Heyzer. « Souvent, le viol est considéré comme un crime mineur ».

En outre, la loi coutumière prévaut souvent dans les pays sortants de conflit et celle-ci tend à perpétuer la domination d'un sexe sur l'autre, a-t-elle estimé.

Citant le philosophe français Montaigne, Mme Heyzer a expliqué que « les femmes n'avaient pas tort de rejeter les lois les concernant, celles-ci ayant été faites par les hommes sans les consulter ».

Voir l'ensemble des interventions au Conseil de sécurité dans le communiqué de presse de l'ONU.