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Les grandes puissances devront jouer leur rôle pour stopper le carnage au Darfour

Les grandes puissances devront jouer leur rôle pour stopper le carnage au Darfour

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Pour répondre au mandat que donnera le Conseil de sécurité à la future force des Nations Unies au Darfour, les grandes puissances devront fournir des troupes bien entraînées et des équipements de premier ordre, a affirmé aujourd'hui le Secrétaire général, estimant que le Soudan pourrait accepter l'entrée de troupes non africaines.

« Si le Conseil de sécurité nous demande de nous déployer sur le terrain – et nous en sommes au stade des préparatifs – nous nous attendons à le faire avec une force totalement différente de celle de l'Union africaine et avec un concept d'opérations totalement différent », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général lors d'une rencontre avec la presse à New York.

image • Retransmission du point de presse du Secrétaire général [18mins]

« Les forces de l'Union africaine ont accompli un travail noble et courageux. Elles n'ont pas eu les effectifs qui auraient été requis pour une région de la taille du Darfour [à peu près la taille de la France]. Elles n'ont pas eu de soutien logistique. Elles n'ont pas eu la mobilité, tant au sol que dans les airs, nécessaire pour couvrir une région de cette taille », a-t-il rappelé.

Kofi Annan a souhaité une force des Nations unies, que le Conseil de sécurité lui a demandé de préparer, « très mobile sur le terrain », « une force capable de sillonner le terrain grâce à des jeeps et des véhicules blindés de transports de troupes » (voir notre dépêche du 3 février 2006).

« Elle devra aussi avoir des équipements aériens tactiques capables de se rendre sur le terrain lors d'un appel au secours, pas d'arriver une fois que le mal est fait, et capable d'envoyer aux milices le message qu'elle peut répondre, qu'elle est partout et qu'elle sera là à temps pour les empêcher d'intimider et de tuer des civils innocents », a-t-il réclamé.

« Mais une telle force exigera la participation de gouvernements disposant de troupes très bien entraînées et équipées. Il ne sera pas facile pour les grandes puissances qui disposent de ces armées de déléguer à des pays du tiers-monde. Elles devront jouer leur rôle si nous voulons stopper le carnage au Darfour », a affirmé le Secrétaire général.

Les grandes puissances devront « fournir des troupes et de l'équipement », ou « nous aider à en trouver pour mettre en œuvre le mandat qu'elles nous donneront », a-t-il insisté.

Interrogé sur le risque qu'une nouvelle « guerre sainte » ne soit lancée au Soudan, pays islamique, si des pays occidentaux envoyaient des troupes sur le terrain, le Kofi Annan a confirmé que cette possibilité avait été soulevée dans le pays.

« C'est pourquoi il faut travailler avec le gouvernement du Soudan. L'Union africaine doit nous aider à convaincre le gouvernement que nous venons pour maîtriser la situation, et non pas en tant que force d'invasion ou de combat », a-t-il expliqué.

« Nous avons déjà sur le terrain des experts et des troupes qui n'appartiennent pas à la région pour aider les forces de l'Union africaine, avec le consentement du gouvernement soudanais. Je ne crois pas qu'il soit impossible qu'ils autorisent au Darfour une force de l'ONU comportant des troupes qui ne soient pas africaines », a-t-il précisé.

Le Secrétaire général a confirmé par ailleurs qu'il soulèverait la question lors de sa prochaine visite à Washington auprès du président des Etats-Unis George W. Bush.