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Côte d'Ivoire : les déclarations incitant à la haine et à la violence suivies de près par le Comité des sanctions

Côte d'Ivoire : les déclarations incitant à la haine et à la violence suivies de près par le Comité des sanctions

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L'Envoyé de l'ONU en Côte d'Ivoire a lancé hier un avertissement contre les médias de la haine, rappelé que le Comité des sanctions qui doit se rendre prochainement dans le pays suivait de près la question, et prévenu contre toute tentative d'attiser la violence, « à un moment où l'air est plein d'incertitudes et les rues pleines de kalachnikovs ».

Dans une allocution prononcée hier à l'occasion de la Journée internationale de la paix , Pierre Schori, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Côte d'Ivoire, a rappelé que cette journée était célébrée dans le pays « deux jours après le troisième anniversaire du déclenchement du conflit et à un moment où l'air est plein d'incertitudes et les rues pleines de kalachnikovs ».

« La zone de confiance est respectée par les ex-belligérants et il faut s'en réjouir. Mais force est de reconnaître que des sacrifices importants restent à consentir pour faire de la paix une réalité », a-t-il déclaré, rappelant que « la paix n'est pas la seule absence de conflit armé ».

« La paix, c'est la possibilité de vaquer à ses occupations quotidiennes, en toute quiétude, sans la peur du soldat, du gendarme, du policier, ou du milicien que l'on rencontre », a-t-il fait remarquer.

Rappelant qu'une solution militaire n'était ni viable ni même possible, il a souligné que l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire ( ONUCI ) informait régulièrement le Comité des sanctions du Conseil de sécurité « des déclarations incitant à la haine, à la violence et à la xénophobie ».

« Nous rappelons constamment aux médias leurs responsabilités et l'importance de leur contribution à la baisse de la tension et au processus de paix », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration prononcée hier à la presse au nom de ses 15 membres, le Président du Conseil de sécurité, Lauro Baja, réaffirmait son soutien au Comité des sanctions qui se rendra bientôt en Côte d'Ivoire afin d'examiner la situation, prélude à de possibles sanctions (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Vendredi dernier, une réunion du Secrétaire général avec le président de l'Union africaine, le président du Nigéria Olusegun Obasanjo, et avec le Médiateur de l'Union africaine pour la Côte d'Ivoire, le président de l'Afrique du Sud Thabo Mbeki avait conclu « qu'il était nécessaire d'intensifier les efforts de l'Union africaine, de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et des Nations Unies » alors que depuis près d'un an l'Afrique du Sud était principalement chargée du dossier (voir notre dépêche du 16 septembre 2005).

Réagissant aujourd'hui à cette annonce, le Représentant permanent de la Côte d'Ivoire auprès des Nations Unies, Philippe Djangoné-Bi, a indiqué aujourd'hui que le président Gbagbo avait adressé une lettre au Secrétaire général, le 19 septembre, pour l'informer de son rejet d'une telle proposition et de celle ayant trait à la tenue d'une réunion au sommet de la CEDEAO sur la Côte d'Ivoire, estimant « qu'une telle mesure ramènerait le processus à la case de départ alors même que la CEDEAO a échoué à résoudre la crise ivoirienne à ses débuts ».

S'agissant du processus électoral, l'Ambassadeur Djangoné-Bi a déclaré qu'au cas où l'élection présidentielle ne se tiendrait pas à la date constitutionnelle du 30 octobre 2005, le président Gbagbo resterait au pouvoir jusqu'à l'élection et à la prestation de serment du nouveau Président de la République, conformément aux articles 38 et 39 de la Constitution ivoirienne.

Kofi Annan a renvoyé la semaine dernière les parties à leurs obligations, estimant, le 13 septembre, lors d'une conférence de presse que « pour des raisons techniques » les élections ne pourraient pas être organisées dans le délai prévu.

« Mais c'est parce que les parties n'ont pas coopéré. Il y a certaines choses qui auraient dû être faites et qui ne l'ont pas été, donc, franchement, je ne crois pas qu'on puisse organiser les élections en octobre », avait déclaré le Secrétaire général.