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R. D. du Congo : bilan des préparatifs des élections pour le printemps 2006

R. D. du Congo : bilan des préparatifs des élections pour le printemps 2006

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Alors que les élections nationales en République démocratique du Congo sont maintenant fixées de mars à avril 2006, après un référendum constitutionnel en novembre 2005, les préparatifs rencontrent des difficultés logistiques et sécuritaires sur le terrain malgré l'accalmie dans l'est du pays, ont indiqué aujourd'hui deux responsables des opérations de maintien de la paix de l'ONU, lors d'une conférence de presse à New York.

Alors que les élections nationales en République démocratique du Congo sont maintenant fixées de mars à avril 2006, après un référendum constitutionnel en novembre 2005, les préparatifs rencontrent des difficultés logistiques et sécuritaires sur le terrain malgré l'accalmie dans l'est du pays, ont indiqué aujourd'hui deux responsables des opérations de maintien de la paix de l'ONU, lors d'une conférence de presse à New York.

« La situation dans l'est de la République démocratique du Congo a connu une certaine accalmie ces derniers temps, bien qu'elle demeure assez volatile dans la province de l'Ituri. Dans le reste du pays, la situation qui prévaut dans la localité de Mbuji Mayi, au centre de la RDC, donne quelques soucis à la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) », a déclaré ce matin François Dureau, Chef du Centre de situation de l'ONU, au cours de la conférence de presse donnée en présence de Margaret Carey, Administratrice générale de la Division Afrique du Bureau des opérations du Département du maintien de la paix.

image • Retransmission de la conférence de presse[55mins]

« La MONUC ne mène en ce moment aucune opération militaire d'envergure dans l'Ituri, bien qu'elle soit avertie de la présence persistante de milices dans la région », a indiqué François Dureau qui a précisé que ces groupes armés semblaient avoir perdu leur mordant et l'emprise qu'ils avaient sur les populations civiles, depuis les opérations vigoureuses que la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a menées contre eux ces derniers mois.

En même temps qu'elle s'imposait par la force quand cela s'avérait nécessaire, la Mission de l'ONU a engagé un dialogue avec les factions opérant dans l'est de la RDC, notamment les groupes Interhamwe, pour les encourager à prendre part aux programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, a indiqué François Dureau.

À ce sujet, a-t-il précisé, la MONUC encourage l'application des engagements concernant le désarmement et le rapatriement vers leurs lieux d'origine des groupes armés étrangers, notamment les combattants des « Forces démocratiques de libération du Rwanda » (FDLR) (voir récemment notre dépêche du 20 juillet 2005).

Interrogée sur le mandat de la Mission et l'aspect politique du processus de paix en RDC, Meg Carey a souligné que la MONUC s'efforce de travailler en suivant les grandes lignes du programme mené par le gouvernement de transition de la RDC.

En ce moment, la Mission apporte tout le soutien possible au recensement électoral qui permettra de constituer les listes des électeurs souhaitant prendre part au référendum, prévu en novembre, sur la nouvelle constitution de la RDC qui a été adoptée par l'Assemblée nationale au mois de mai dernier.

Quant aux élections, à l'issue desquelles sera constitué le futur gouvernement de la RDC, elles sont maintenant prévues durant la période allant de mars à avril 2006, a dit Meg Carey, précisant que de nombreuses difficultés se posaient en ce moment sur le terrain sur le plan de la logistique.

La MONUC fait face au manque de routes et de voies de communication fiables, aggravé par les pluies torrentielles qui s'abattent sur la RDC en saison humide, a-t-elle précisé en soulignant aussi l'insuffisance des ressources financières mises à la disposition de la Mission.

Meg Carey a indiqué à la presse que la MONUC avait besoin de ressources financières et matérielles supplémentaires, et de renforts en personnels militaires et civils. Le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a exprimé ces besoins au Conseil de sécurité, a précisé Meg Carey, rappelant la fragilité de l'état de la sécurité dans l'Ituri et attirant l'attention sur les incidents violents qui se produisent régulièrement dans la province du Katanga, où des groupes organisés Maï Maï se livrent à des actes de brigandage qui pourraient affecter l'organisation des élections.

Le Secrétaire général a demandé au Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement de deux brigades supplémentaires en RDC, dont l'une irait en Ituri, et l'autre dans le Katanga (voir le dernier rapport du Secrétaire général sur la RDC).

Le Conseil n'a pas encore répondu à cette requête, a indiqué Meg Carey. De bonne source, a-t-elle cependant ajouté, la brigade nécessaire en Ituri, soit 1 600 hommes, pourrait y être déployée à temps pour la tenue des élections en mars-avril.

À une question de la presse portant sur les ingérences des groupes en provenance des pays voisins dans l'est de la RDC, Meg Carey a répondu que dans son dernier rapport, le Groupe d'experts des Nations Unies sur la RDC avait indiqué que malgré l'embargo imposé par l'ONU, des armes et des combattants continuaient d'être introduits dans l'est du pays à partir du territoire de l'Ouganda (voir notre dépêche du 29 juillet 2005).

Les preuves en possession de l'ONU indiquent que ces trafics sont le fait de groupes autonomes qui opèrent sans une implication directe ou prouvée du Gouvernement Ougandais. La persistance de ces activités semble due au fait que l'Ituri est resté longtemps un territoire sans véritable administration le rattachant au Gouvernement central de Kinshasa, a dit Meg Carey.

Sur les modes de gestion et de gouvernance de l'actuel gouvernement de transition de la RDC, elle a reconnu que des cas de corruption avaient été décelés dans la gestion de l'assistance internationale.

Ces cas sont généralement le fait d'individus et de groupuscules qui redoutent l'issue des prochaines élections, a-t-elle relevé.

Sachant qu'ils ne seront certainement pas élus au printemps 2006, certains de ceux qui détiennent en ce moment une parcelle de pouvoir détournent le maximum des ressources qui passent à leur portée, dont parfois celles qui sont destinées au paiement des fonctionnaires et des forces de l'ordre travaillant dans les provinces.

Pour faire face à cette corruption rampante, il a été proposé de créer, avec la coopération de la Banque mondiale et du FMI, une commission nationale conjointe chargée de superviser la gestion des fonds et des ressources d'aide à la RDC, sur le modèle de celle mise en place pour l'aide à la reconstruction du Libéria, a dit Meg Carey.

Voir aussi le rapport spécial du Secrétaire général sur les élections en RDC.