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Plus de ressources pour une réforme de l'ONU, demande Mark Malloch Brown au Congrès américain

Plus de ressources pour une réforme de l'ONU, demande Mark Malloch Brown au Congrès américain

Mark Malloch Brown
Devant le Comité des relations internationales de la Chambre des représentants, le chef de Cabinet de Kofi Annan a estimé que l'ONU ne souffre ni d'un excès de personnel ou de ressources, ni d'un défaut de surveillance de la part des Etats Membres. Il a engagé les Etats-Unis à faire cause commune avec les pays attachés à la réforme de l'ONU et présenté les mesures de réforme interne mises en oeuvre par l'Organisation pour la rendre plus flexible, plus responsable et plus transparente.

« Bien que nous ayons fait d'énormes progrès ces dernières années dans de nombreux domaines d'activité, par exemple avec la création du Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA), qui a mené les opérations d'assistance aux victimes du Tsunami, nous avons encore de véritables problèmes d'audit, de responsabilité dans la gestion, d'ouverture financière et d'efficacité auxquels il faut remédier d'urgence », a déclaré aujourd'hui Mark Malloch Brown, chef de Cabinet du Secrétaire général, lors d'un exposé devant le Comité des relations internationales de la Chambre des Représentants du Congrès des Etats-Unis.

« Bien que l'ONU ait connu plus de réformes sous Kofi Annan que sous aucun autre de ses prédécesseurs, ce dernier se félicite de votre intention de faire de l'ONU l'instrument le plus efficace possible dans l'intérêt des peuples qu'il sert », a déclaré Mark Malloch Brown, engageant son auditoire à faire « cause commune » avec les nombreux autres pays du monde, dont d'importants contributeurs, qui sont aussi engagés envers la réforme de l'ONU.

« L'objectif commun est donc d'adapter l'ONU aux besoins du XXIème siècle », ce qui signifie « rien moins qu'une transformation des Nations Unies », d'une entité consacrée à l'organisation de conférences et à la rédaction de rapports à une organisation équipée pour entreprendre de vastes et complexes missions internationales », du maintien de la paix aux efforts humanitaires.

Devant le Comité des relations internationales de la Chambre des représentants, Mark Malloch Brown a souligné que « si nous sommes d'accord sur les symptômes, il se peut que nous soyons en désaccord sur des points fondamentaux du diagnostic : pour moi l'ONU ne souffre ni d'un excès de personnel ou de ressources, ni d'un défaut de surveillance de la part des Etats Membres ».

Au contraire, « l'ONU bénéficie de trop peu de ressources, tant humaines que financières », pour faire le travail qu'on lui réclame.

Prenant l'exemple des abus des casques bleus, Mark Malloch Brown a ainsi rappelé que trop souvent les contingents des pays contributeurs n'acceptaient pas le résultat des enquêtes de l'ONU et qu'il y avait un déploiement inadéquat de membres de la police militaire.

« Ce n'est pas surprenant lorsque l'on se rend compte que l'ONU mène 18 missions de maintien de la paix dans le monde, comprenant 67.000 militaires, pour un budget de 4,5 milliards de dollars », ce qui représente moins de 1% du total des dépenses militaires mondiales.

« C'est une bonne affaire - peut-être même trop bonne », a-t-il déclaré.

Le chef de Cabinet a par ailleurs souligné que l'ONU était aussi trop surveillée, notamment dans le domaine de la gestion du personnel, où le Secrétaire général a moins d'autonomie pour déplacer les ressources que certains chefs d'agences gouvernementales américaines.

Le nombre inimaginable de contraintes inter-gouvernementales correspond souvent à de la micro-gestion, a-t-il souligné.

Décrivant trois phases de réformes, le chef de Cabinet de Kofi Annan a d'abord mentionné les réformes immédiates de gestion, qui sont déjà en cours de mise en oeuvre, « avec un calendrier précis », ainsi que l'avait exposé cette semaine Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale de l'ONU (voir notre dépêche du 17 mai 2005).

« Parmi elles, des mesures pour améliorer les résultats des cadres supérieurs, améliorer le suivi et la responsabilité, garantir un comportement éthique, et pour accroître la transparence, notamment en imposant une obligation d'information de nature financière plus rigoureuses de la part des hauts responsables ».

Autre point important : des mesures pour mieux protéger contre d'éventuelles représailles ceux qui sonnent l'alarme sur les abus et une action concrète pour « éliminer les odieux abus sexuels qui ont tant blessés nos opérations sur le terrain », a ajouté le chef de Cabinet.

« Nous avons aussi demandé aux Etats Membres de mener une étude approfondie afin de renforcer notre Bureau des services de contrôle internes (OIOS), ses rapports étant disponibles pour les Etats Membres », a indiqué Mark Malloch Brown, qui a souligné que des ressources supplémentaires étaient nécessaires pour les enquêtes.

Louise Fréchette avait notamment mentionné la création d'un Conseil d'évaluation des performances des hauts fonctionnaires (MPB selon son acronyme anglais) et d'un nouveau Comité de surveillance, composé de trois membres internes et de deux membres externes, afin de garantir la mise en oeuvre des recommandations de l'OIOS, du Comité des commissaires aux comptes de l'ONU [Board of Audit] et du Corps commun d'inspection (CCI) de l'ONU.

Mark Malloch Brown a souligné que, selon les termes mêmes de Paul Volcker, ancien chef de la Réserve fédérale des Etats-Unis et Président de la Commission d'enquête indépendante sur le programme « pétrole contre nourriture », « peu d'institutions se sont librement soumises à un examen aussi approfondi […] Je ne connais aucune institution qui ait été ainsi examinée de fond en comble ».

Dans la deuxième phase de réforme, Mark Malloch Brown a inclus des mesures visant à dénouer les mécanismes qui font blocage dans la gestion du personnel : une confiance réduite envers les cadres, un grand nombre de droits acquis qui bloquent la rotation des employés et le recrutement et la nécessité de la promotion au mérite.

Dans un cadre plus large, le chef de Cabinet a rappelé les réformes de grande envergure proposées par le Secrétaire général dans son Rapport intitulé « Dans une liberté plus grande: vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous » (voir notre dépêche du 21 mars 2005).

Mark Malloch Brown est encore Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) jusqu'à ce que son successeur désigné par l'Assemblée générale de l'ONU, Kemal Dervis de la Turquie, entre en fonctions l'été prochain (voir notre dépêche du 10 mai 2005).