10 000 hommes pour les troupes de l'Union africaine et pour la sécurité au Darfour, demande Jan Egeland

Lors d'une conférence de presse donnée au Siège de l'ONU à New York, à l'issue d'une tournée de quatre jours au Soudan, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a appelé aujourd'hui au renforcement urgent des troupes de l'Union africaine (UA) au Darfour, sous peine de voir le nombre de personnes déplacées passer de 2 millions actuellement à 3 ou 4 millions.
Jan Egeland a démenti « la persistance du mythe selon lequel personne ne fait rien au Darfour ».
« Rien n'est plus faux, ce n'est pas le Rwanda. Nous avons maintenant plus de 10 000 personnels - employés de l'ONU, travailleurs humanitaires, membres des ONG, de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - présents au Darfour. Au Rwanda, la communauté internationale était partie honteusement quand la population était dans le plus grand besoin », a-t-il affirmé.
Selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, les camps de personnes déplacées - comme celui de Kalma, au Sud Darfour, qui abrite aujourd'hui plus de 100.000 personnes - sont désormais relativement sûrs et c'est pourquoi leur population ne cesse de grossir.
« Malheureusement, c'est là que s'arrêtent les bonnes nouvelles pour le Darfour », a-t-il ajouté.
« Si vous sortez des camps, les meurtres continuent, les femmes sont systématiquement victimes de violences et de viols ». « Des villages ont encore été rasés en décembre et janvier dernier, de nombreux mois après que le gouvernement s'était engagé, dans un accord avec le secrétaire général, à mettre fin à ces actes et à contrôler les milices », a-t-il rappelé.
Selon Jan Egeland, « l'autre mythe qui persiste est que l'Union africaine est impotente et ne fonctionne pas ». « L'Union africaine est un incroyable succès, là où elle se trouve et là où elle a été déployée », a rappelé le Secrétaire général adjoint.
« Mais ce n'est pas 2 000 soldats et policiers qu'ils auraient fallu déployer, c'est 10 000. L'Union africaine aurait du être aussi importante que l'aide humanitaire », a-t-il précisé.
« Si nous parvenions à avoir une force de l'UA conséquente sur place, les meurtres diminueraient certainement, ainsi que les violences sexuelles », a-t-il estimé, alertant que « sans une stabilisation de la situation, le nombre des personnes déplacées risquait de passer bientôt de 2 millions actuellement à 3 ou 4 millions ».
Jan Egeland s'est aussi vivement inquiété du manque d'attention donnée par la communauté internationale à la réhabilitation et au développement du Sud-Soudan, où une longue guerre civile a officiellement pris fin en janvier dernier.
Il a notamment déploré que 5% seulement de l'aide promise, sur les 563 millions promis, aient été reçus jusqu'à présent.
Le Darfour est depuis février 2003 en proie à la guerre civile et à une grave crise humanitaire.
• Retransmission de la Conférence de presse de Jan Egeland[57mins]