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Droits de l'homme : les conditions de détention à Guantanamo compromettent la lutte contre le terrorisme

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Droits de l'homme : les conditions de détention à Guantanamo compromettent la lutte contre le terrorisme

Six experts des droits de l'homme de l'ONU rappellent que les prisonniers de Guantanamo sont détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes depuis plus de trois ans maintenant et soulignent que le droit de tout Etat à protéger ses citoyens contre les terroristes doit s'exercer en conformité avec le droit international sous peine de voir compromise l'ensemble de la lutte contre le terrorisme.

Six experts des droits de l'homme aux Nations Unies rappellent dans une Déclaration publiée aujourd'hui que « le centre de détention, situé sur la base navale des États-Unis à Guantanamo, est entré ce mois-ci dans sa quatrième année d'existence et que nombre de prisonniers de ce centre en sont à la fin de leur troisième année de détention pratiquement « au secret », sans aucune assistance juridique ni aucune information concernant la durée prévue de leur détention », indique un communiqué du Haut Commissariat aux Droits de l'homme (HCDH) publié aujourd'hui à Genève.

« Les détenus sont, selon de nombreux observateurs, soumis à un traitement inhumain ou dégradant », ajoute le communiqué.

Dans leur déclaration, les six experts rappellent que le Groupe de travail sur la détention arbitraire a fait part de sa préoccupation face à la situation à Guantanamo dès la création du centre de détention. En juin dernier, quatre d'entre eux avaient demandé aux États-Unis ainsi qu'à l'Iraq et à l'Afghanistan de les inviter à rendre visite aux personnes détenues pour terrorisme, notamment à Guantanamo.

« Bien que le Gouvernement des États-Unis - le seul, à ce jour, à avoir répondu - n'ait pas encore accepté cette demande, il a manifesté son l'intérêt pour l'établissement d'un dialogue avec les experts afin d'examiner la possibilité d'une visite », indique le communiqué.

Si les experts ont noté des améliorations positives en 2004, comme la libération de prisonniers, ils les jugent insuffisantes pour dissiper les graves préoccupations qu'ils nourrissent à l'égard de la situation à Guantanamo.

La troisième Convention de Genève, qui traite des prisonniers de guerre, stipule que tout prisonnier de guerre doit être libéré sans délai dès la fin des hostilités. Or, le conflit armé en Afghanistan ainsi que la guerre en Iraq ont pris fin depuis plus de 18 mois, rappellent les experts.

De surcroît, nombre des détenus ont été arrêtés dans des pays qui n'étaient pas parties à un quelconque conflit impliquant les États-Unis, font-ils remarquer.

Ils rappellent aussi que le nombre exact et les noms des personnes détenues à Guantanamo restent inconnus. « Cette situation est extrêmement déconcertante et peut entraîner un transfert, sans notification, de détenus vers d'autres centres de détention, souvent secrets, gérés soit par les États-Unis soit par d'autres pays », soulignent les experts.

Dans leur déclaration, les six experts mettent l'accent sur la nécessité d'évaluer les allégations de torture et autres traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants qui ont été portées à l'attention du Rapporteur spécial sur la torture.

En conclusion, ils réaffirment que « le droit et le devoir de tout État d'utiliser tous les moyens légaux dont il dispose pour protéger ses citoyens contre la mort et la destruction provoquées par les terroristes doivent s'exercer en conformité avec le droit international, sous peine de voir compromise l'ensemble de la cause pour la lutte contre le terrorisme».