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Négociations abkhazo-géorgiennes au point mort, indique Kofi Annan

Négociations abkhazo-géorgiennes au point mort, indique Kofi Annan

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Les derniers mois ont été marqués par un coup de frein dans l'évolution de la question abkhaze, indique le Secrétaire général de l'ONU dans son dernier rapport. Les dirigeants de Soukhoumi se sont affairés à l'organisation d'élections considérées comme illégales par le Conseil de sécurité et des tensions sont nées de la recrudescence des échanges entre Abkhazie et Fédération de Russie.

« Le processus de paix abkhazo-géorgien est pratiquement au point mort », indique le Secrétaire général qui précise dans son rapport sur la situation en Abkhazie (Carte) que les deux parties ne se sont pas réunies au niveau politique depuis juillet, même si sa Représentante spéciale demeure en contact étroit et fréquent avec elle.

Il indique toutefois avoir eu un entretien, à New York, le 21 septembre, avec le Président de la Géorgie, Mikhail Saakashvili, et que celui-ci « a souligné l'importance de l'engagement continu de l'ONU et proposé des éléments en vue d'un règlement des conflits internes de la Géorgie. »

Ceux-ci consistent notamment en l'adoption de mesures de confiance, la démilitarisation de la zone du conflit et l'autonomie la plus large possible de l'Abkhazie, assortie de garanties internationales et ont été réaffirmés par le Président devant l'Assemblée générale, lors de la session en cours.

Le 30 juillet, relate le Secrétaire général, un garde-côtes géorgien a tiré sur un cargo étranger dans les eaux côtières au large de Soukhoumi, ce que la Géorgie présente comme une mesure visant à affirmer son contrôle sur ses eaux territoriales internationalement reconnues dans la mer Noire même lorsqu'il s'agit de transport maritime international à destination des ports d'Abkhazie ou en provenance de ces ports.

Le lendemain, les autorités abkhazes annonçaient qu'elles suspendaient leur participation au processus de négociation et demandaient l'ouverture d'une enquête sur l'incident et une appréciation juridique par l'ONU, la force de maintien de la paix de la CEI et la communauté internationale élargie, en tant que préalable de leur retour à la table de négociation.

Depuis lors, « même les contacts réguliers au niveau opérationnel, dans le cadre des réunions hebdomadaires quadripartites et du groupe d'enquête conjoint, sont suspendus », indique Kofi Annan, qui précise que, par ailleurs, des tensions sont également apparues dans les relations entre la Géorgie et la Fédération de Russie.

La Géorgie a protesté officiellement contre les visites touristiques commerciales en Abkhazie et la reprise, le 10 septembre après une interruption de 12 ans, de la liaison ferroviaire voyageurs Soukhoumi-Sotchi-Moscou, en violation de la souveraineté de la Géorgie, du droit international et des accords bilatéraux en vigueur. Elle a également protesté contre la poursuite de visites en Abkhazie par des personnalités politiques russes. Ces faits se sont déroulés dans le contexte d'une tension accrue dans la région élargie à la suite de la prise d'otages à Beslan, qui s'est déroulée, du 1er au 3 septembre, en Ossétie du Nord (Fédération de Russie), note le Secrétaire général dans son rapport.

En Abkhazie, les dirigeants politiques étaient préoccupés par la préparation des élections présidentielles de facto qui se sont tenues le 3 octobre, indique par ailleurs Kofi Annan qui rappelle que, dans sa résolution 1255 de 1999, le Conseil de sécurité avait considéré « inacceptable et illégale la tenue de prétendues élections en Abkhazie (Géorgie) », lesquelles se sont déroulées en l'absence de la majorité de la population et sans que le statut politique du territoire ait été déterminé.

La MONUG, la Mission de l'ONU dans le pays, a maintenu cette position. Quant à la partie géorgienne, elle a lancé une mise en garde contre la légitimation de ces élections et déploré qu'un des candidats ait bénéficié d'un soutien extérieur.

Le Secrétaire général veut espérer qu'après ces « élections » d'octobre, la partie abkhaze rejoindra les structures établies dans le cadre du processus de paix engagé sous les auspices de l'ONU, sans condition préalable et en « recherchant des solutions autour de la table de négociation. »

Simultanément, il demande à la partie géorgienne d'honorer l'engagement qu'elle a pris de poursuivre le règlement du conflit en Abkhazie et des autres conflits internes uniquement par des voies pacifiques.

« Je demeure profondément convaincu que le processus de paix ne pourra pas progresser sans la participation des deux parties à des négociations véritables au cours desquelles devra être examinée la question centrale du conflit, à savoir le statut politique de l'Abkhazie au sein de l'État géorgien », affirme le Secrétaire général.