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Deux facettes de la renaissance africaine exposées à l'Assemblée générale

Deux facettes de la renaissance africaine exposées à l'Assemblée générale

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Deux interventions, celles des présidents du Sénégal et du Nigeria, ont illustré le nouveau visage d'une Afrique qui se prend en charge et devient force d'initiative et de proposition dans le domaine du dialogue entre les cultures ou celui du règlement des conflits.

Le président du Sénégal a plaidé dans son allocution devant l'Assemblée générale pour le maintien des idéaux des Nations Unies « de sorte à assurer aux générations présentes et futures un monde pacifique et sécurisé, un monde exempt de haines absurdes et de violences gratuites ».

« Cette vision devrait notamment nous conduire à revitaliser les valeurs du multilatéralisme et de l'universalisme incarnées par notre Organisation commune », a ajouté Abdoulaye Wade, qui a estimé que pour ce faire, « le monde avait, plus que jamais, besoin d'une Organisation des Nations Unies forte et renforcée dans sa légitimité. »

« A cet égard, nous aurons à l'esprit, la position africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité qui, entre autres, préconise l'attribution à l'Afrique d'au moins deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires dont les bénéficiaires seront désignés sur décision africaine selon des modalités à définir », a-t-il noté.

Pourtant, ce qui semble dominer l'ordre du jour actuel du président sénégalais, est d'un autre ordre. « Le moment est venu », a-t-il déclaré, « de renforcer les bases de la coopération internationale et d'exorciser, à jamais, le risque d'une bipolarisation sociale à l'échelle mondiale, où l'opulence côtoie la misère la plus extrême et où les valeurs de solidarité et de respect de la sacralité de la vie humaine deviennent de vains mots. »

« C'est dans cet esprit que j'ai proposé la tenue, à Dakar, d'une Conférence internationale sur le Dialogue islamo-chrétien dont l'objectif est, notamment, d'aider à mieux nous connaître, à renforcer la coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens et à promouvoir le dialogue entre les civilisations et les cultures », a-t-il indiqué.

De plus, en accueillant le 11e Sommet islamique de 2006, le Sénégal, « composé majoritairement de musulmans vivant en parfaite harmonie avec leurs frères de religion chrétienne, poursuivra son action en faveur d'un dialogue interreligieux fécond, centré sur le principe sacro saint du respect des identités culturelles et religieuses des peuples du monde. »

Quant au président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, il a incité les organisations régionales à renforcer leur capacité en matière de règlement des crises dans leurs régions respectives, mettant en avant l'action entreprise par l'Union africaine qui, en mai dernier, a créé son Conseil pour la paix et la sécurité, dans ce domaine.

Il a évoqué l'ampleur prise récemment par ces activités de l'UA, notamment au Darfour, où elle a déployé une mission de vérification du cessez-le-feu entre le Gouvernement du Soudan et ses opposants, l'Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l'égalité tandis que les premiers pourparlers de paix portant sur le fond du contentieux avaient lieu dans la capitale nigériane en août et septembre 2004 et permettaient, a-t-il indiqué, de parvenir à un accord sur la question humanitaire.

Si les parties ont également progressé sur les questions de sécurité avant de suspendre leurs consultations, « une réunion de suivi doit reprendre à Abuja aux alentours du 21 octobre 2004 sur d'autres questions politiques, économiques et sociales », a indiqué M. Obasanjo qui a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle continue à apporter son appui au Darfour.

Evoquant l'accord obtenu à Accra au Ghana entre les parties ivoiriennes, il a fait observer que « si ces accords sont appliqués de bonne foi, alors nous devrions voir la fin du conflit. »

« En marge de ce sommet d'Accra, nous avons également abordé les problèmes qui retardaient la mise en oeuvre de l'Accord de paix inclusif libérien et, au cours de discussions avec les dirigeants libériens, nous sommes tombés d'accord sur les décisions touchant aux questions litigieuses et nous avons observé depuis lors des signes encourageants d'application de ces décisions », a-t-il ajouté.

L'Afrique qui occupe une large part du temps du Conseil de sécurité devrait être prise en compte prioritairement pour une présence permanente à la table du Conseil, a conclu le président Obasanjo, ajoutant qu'il croyait fermement que le Nigeria était un candidat tout à fait qualifié.

Le conflit au Darfour est revenu sur le devant de la scène avec l'intervention du Ministre des affaires étrangères du Soudan, Mustafa Osman Ismail, qui a affirmé qu'avec la reprise, le 7 octobre, du dernier tour de négociations avec le Mouvement pour la libération du peuple du Soudan son pays se trouvait sur le seuil de la paix et a appelé la communauté internationale à participer à la reconstruction des régions dévastées par la guerre. Il s'est par ailleurs félicité du dialogue entamé au Caire avec les factions de l'opposition qui ont leur siège à Asmara.

Citant l'envoi d'aide alimentaire, la levée des barrières administratives pour les travailleurs humanitaires, le déploiement de 10 000 policiers et l'ouverture de procès pour les auteurs de violations des droits de l'homme, le ministre a par ailleurs affirmé que Gouvernement du Soudan avait pris toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la paix au Darfour.

Il a fait part de la détermination de son Gouvernement à oeuvrer pour un règlement pacifique du conflit, volonté manifestée par l'accord de cessez-le-feu signé en avril sous les auspices du Tchad, et par la signature d'un accord avec les Nations Unies lors de la visite du Secrétaire général à Khartoum en juillet. « Nous n'avons rien à cacher », a-t-il ajouté à propos de l'envoi par l'ONU d'une commission d'enquête sur les violations des droits de l'homme au Darfour dont il a toutefois souhaité qu'elle travaille « professionnellement ».

Communiqué de presse

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