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R.D. du Congo : lancement du désarmement des groupes armés en Ituri

R.D. du Congo : lancement du désarmement des groupes armés en Ituri

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Le programme de Désarmement et Réinsertion des groupes armés a commencé en Ituri, au Nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), tandis que le procès de 22 militaires accusés de crimes contre l'humanité et d'homicide volontaire, après le massacre d'Ankoro, au Nord Katanga, en novembre 2003, a repris après une interruption de 16 mois, indique la Mission de l'ONU dans le pays.

Le programme de Désarmement et Réinsertion Communautaire (DRC) a été lancé le 1er septembre, simultanément à Mahagi, Kwandroma et Kasenyi (carte), a indiqué Patricia Tomé, directrice de l'information publique de la Mission des Nations Unies au Congo, la MONUC, au cours du point de presse hebdomadaire de la Mission

Elle a précisé que l'opération concernait 'le désarmement et la réinsertion volontaire de 15.000 combattants dont quelque 6.000 enfants'. A cet effet, cinq sites de transit ont été identifiés en concertation avec les groupes armés pour abriter les ex-combattants : Mahagi pour les Forces Armées Populaires du Congo (FAPC), et les Forces Populaires pour la Démocratie au Congo (FPDC), Nizi pour l'Union des Patriotes Congolais (UPC), Kwandroma pour les Forces Nationalistes et Intégrationnistes (FNI), Kaseni pour le Parti pour l'Unité et la Sauvegarde de l'Intégrité du Congo (PUSIC) et Aveba pour les Forces de Résistance Patriotiques de l'Ituri (FRPI).

L'objectif est de rendre les anciens combattants à la vie civile et d'identifier les candidats qui souhaitent faire partie de l'armée intégrée. Les candidats au désarmement remettront volontairement leurs armes, munitions et uniformes à un représentant du gouvernement, ils seront enregistrés et obtiendront une carte d'ancien combattant pour avoir accès aux différents avantages et bénéfices, avant de retourner dans la communauté de leur choix. Une prime de transport de 50 dollars leur sera allouée, ainsi qu'un kit de réinstallation.

Mme Tomé a souligné que cette opération démarre exactement un an, jour pour jour, après l'arrivée de la Brigade de la MONUC en Ituri opérant sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU qui leur donne la possibilité de recourir à l'usage de la force. "Le programme DRC a été rendu possible par la sécurisation et la stabilisation de l'Ituri au cours de cette dernière année", a-t-elle ajouté, notant cependant que la méfiance réciproque et les affrontements sporadiques entre groupes armés demeuraient une réalité.

"L'opération DRC est cruciale pour la pacification de l'Ituri, au même titre que le Programme national de démobilisation, désarmement et déinsertion- mis en place prochainement par le Gouvernement- sera crucial pour le succès du processus de Transition", a déclaré Patricia Tomé.

En ce qui concerne l'enquête sur le massacre de Gatumba au Burundi, elle a indiqué qu'une deuxième équipe d'enquêteurs est sur place afin d'approfondir les éléments recueillis par la première équipe des Droits de l'homme MONUC/ONUB/HCDH dépêchée à Gatumba du 16 au 20 août dernier.

Elle a précisé que les éléments d'informations inclus dans le dernier rapport du Secrétaire Général sur la situation au Burundi faisant état de l'implication des Maï-Maï et des ex-FAR et Interahamwe dans ce massacre reposaient sur des témoignages recueillis sur place, et ne constituaient en aucun cas une version officielle des faits.

"L'enquête est toujours en cours, ceci doit être très clair pour tout le monde, car certains media internationaux ont provoqué la confusion en présentant ces témoignages mentionnés dans le rapport du Secrétaire général comme la conclusion de l'enquête préliminaire, avec pour conséquence un regain d'hostilité contre la MONUC dans les Kivus", a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, le responsable de la Section des Droits de l'homme de la MONUC, Luc Henkinbrant a informé la presse de la reprise, depuis le 26 août dernier, à Lubumbashi, du procès de 22 militaires accusés de crimes contre l'humanité et d'homicide volontaire, après le massacre d'Ankoro, au Nord Katanga, en novembre 2003.

M. Henkinbrant a rappelé que ce massacre avait eu lieu lors d'affrontements entre les anciennes Forces armées congolaises (FAC) et les Forces d'autodéfense populaire Maï-Maï. Accompagnés de pillages, ces affrontements avaient fait plusieurs dizaines de victimes civiles, et de centaines de maisons brûlées.

Le procès, qui avait débuté le 19 avril 2003, avait été ensuite suspendu pendant 16 mois, les juges ayant demandé un complément d'enquête, a expliqué M. Henkinbrant. Il a repris le 26 août, devant la Cour militaire du Katanga, qui est habilitée à juger les crimes contre l'humanité conformément au code pénal militaire congolais.

La MONUC assiste à ce procès en tant qu'observatrice. M. Henkinbrant a souligné qu'il s'agissait d'une première du genre. "C'est la première fois qu'une juridiction congolaise juge un crime contre l'humanité. [...] La MONUC y met beaucoup d'espoir, car il s'agit du premier exemple en tant que tel pour mettre fin à l'impunité. La MONUC espère que ce procès se déroulera dans les règles, tout en garantissant les droits de la défense et en respectant le droit des victimes", a-t-il conclu.