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Mandat de l'UA révisé au Soudan : Jan Pronk confiant dans la réaction de Khartoum

Mandat de l'UA révisé au Soudan : Jan Pronk confiant dans la réaction de Khartoum

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A sa sortie du Conseil de sécurité, le Représentant spécial de l'ONU pour le Soudan a donné les raisons pour lesquelles ces déclarations devant le Conseil paraissaient contredire des informations antérieures ou postérieures à la période à laquelle il faisait référence. Il a déclaré s'attendre à un accord officiel du Soudan sur l'élargissement du mandat de l'Union africaine dans le pays « dans les deux jours. »

Interrogé à sa sortie du Conseil de sécurité sur ses assertions concernant le fait qu'aucun raid aérien n'avait été effectué par les forces gouvernementales depuis la signature de la déclaration d'accord avec l'ONU, ce qui avait entraîné une vive réaction de la délégation américaine qui avait quitté le Conseil, le Représentant spécial de l'ONU pour le Soudan a rectifié en disant qu'il n'avait fait que transmettre les informations qui lui avaient été communiquées par le chef de la Commission du cessez-le feu de l'Union africaine et qu'elles ne valaient que pour la période antérieure à la mi-août.

« Les événements de vendredi et samedi me préoccupent beaucoup mais je ne sais pas qui a attaqué qui », a martelé Jan Pronk. « S'il s'agit du gouvernement, alors il a contrevenu [à ses engagements], c'est ce que j'ai dit lors des consultations à huis clos mais nous n'avons pas la preuve que ce soit le gouvernement qui ait attaqué les rebelles ou l'inverse. De même, si le gouvernement a agi pour se défendre, dans ce cas il reste dans le cadre du Plan d'action », a-t-il affirmé.

Il a indiqué avoir du mal à croire que « le Gouvernement ait créé une situation totalement différente au cours des derniers jours de la période d'évaluation. »

Ce que Jan Pronk a estimé être une question « beaucoup plus importante » était celle des milices toujours en activité, des attaques qui ne cessent d'augmenter et des gens qui continuent à mourir, même si cela se passe « en dehors des zones sécurisées par le Gouvernement » et sans que celui-ci n'aide les milices.

Simplement parce qu'il ne met pas un terme à cette situation, « le gouvernement est blâmable », a-t-il déclaré.

Il a tenté de clarifier pour la presse le fait que de nombreuses déclarations relatives à la collaboration entre le gouvernement, les forces armées, les Forces populaires de défense, les milices au Darfour concernaient la période précédant la Déclaration commune [sur l'accord entre l'ONU et le Soudan] alors que son rapport porte sur la période allant du 1er août au 1er septembre.

« Même si j'ai des raisons de penser que ces déclarations sont correctes, ce qui est important, c'est que depuis la Déclaration commune, il n'y a plus de coopération généralisée entre les militaires et les milices », a déclaré M. Pronk, ajoutant cependant que « la question maintenant était de savoir si les forces armées pouvaient faire un pas supplémentaire et ne plus se contenter de ne pas coopérer avec les milices mais les empêcher d'agir."

Affirmant que c'était la question cruciale du moment, il a souligné que si les milices « avaient le champ libre pour continuer à mener leurs attaques, dans ce cas, le gouvernement se trouvera en contravention avec ses engagements car il a le devoir de faire cesser cela. »

« L'autre question est la suivante : est-ce que le gouvernement ne veut pas mettre un terme à leur action ou n'a-t-il pas les moyens de le faire ? » a poursuivi M. Pronk. Dans le deuxième cas « ? et c'est le principal message de ma déclaration ? ils ont l'obligation de demander l'aide internationale de façon à assumer la responsabilité qui est la leur de protéger leur population. »

Evoquant la possibilité de fournir cette aide par l'intermédiaire de l'Union africaine avec le soutien logistique de la communauté internationale, il a précisé toutefois : « nous ne sommes pas en train de parler d'une poignée de personnes mais de milliers. »

« De milliers », a-t-il insisté, précisant en réponse aux demandes de précision des journalistes que 3 000 ne seraient pas un effectif suffisant mais laissant au Conseil le soin de se prononcer sur le chiffre définitif.

Interrogé sur l'opportunité de sanctions, il a répondu qu'il s'agissait de procéder par étapes. « Ce dont nous avons besoin actuellement, c'est de troupes et d'observateurs », a-t-il indiqué.

Réagissant à une déclaration de l'ambassadeur des Etats-Unis qui, selon un journaliste, aurait affirmé qu'il ne fallait pas laisser au Gouvernement soudanais le soin de décider s'il pouvait ou non protéger les civils mais qu'il fallait prendre la décision à sa place, Jan Pronk a répondu en indiquant que c'était une possibilité quand « quelqu'un ne voulait pas prendre la décision lui-même. »

« Laissons la possibilité au Gouvernement du Soudan de demander cette assistance », a-t-il plaidé, ajoutant qu'il avait l'impression que la requête allait venir.

En réponse à une question, il a indiqué ne pas juger nécessaire d'avoir des observateurs provenant d'autres pays que ceux de l'Union africaine mais a souhaité que l'UA accélère sa prise de décision quant au déploiement d'observateurs supplémentaires. « Nous en avons besoin aujourd'hui », a-t-il fait valoir.

Interrogé sur les délais qui seraient laissés au Soudan pour officiellement accepter l'élargissement du mandat de la mission de l'Union, Jan Pronk a répondu que, compte tenu du fait que le Conseil de sécurité allait continuer à mener des consultations sur la question du Darfour qui pouvaient éventuellement déboucher sur une résolution, il ne serait pas mauvais que le Gouvernement du Soudan se prononce rapidement sur cette question.

« C'est possible », a-t-il ajouté, précisant qu'il avait eu lui-même des consultations avec le Gouvernement soudanais et qu'il envisageait qu'il se décide dans les deux jours qui viennent.

Evoquant la possibilité d'une finalisation des consultations du Conseil la semaine prochaine, Jan Pronk s'est dit satisfait du délai que cela laissait au Conseil pour adopter une position commune qui permettait de maintenir la pression sur le Soudan.

« Dès lors qu'il y a des divergences d'opinion au sein du Conseil de sécurité, la pression n'existe plus », a-t-il fait observer, ajoutant qu'il pensait que le Conseil adopterait probablement une nouvelle résolution et que celle-ci devrait à la fois être « juste et équilibrée ».

« Il ne faut pas oublier que le Gouvernement n'est pas le seul pouvoir au Soudan et que plus de 50% du territoire et de la population sont contrôlés par les rebelles. Les uns et les autres doivent désarmer et il faut parvenir à une solution politique sans laquelle on ne verra jamais la fin de l'insécurité », a-t-il affirmé. La résolution doit s'adresser aux deux bords, a déclaré Jan Pronk qui a indiqué par ailleurs qu'il retournait au Soudan dès le week-end prochain en passant par Oslo où le gouvernement norvégien prépare une importante conférence des donateurs.

« Nous avons besoin d'argent pour l'aide humanitaire et pour le soutien logistique à apporter à l'Union africaine. De beaucoup d'argent et cependant de beaucoup moins que ce que la communauté internationale dépense en Iraq », a-t-il indiqué, revenant sur un des thèmes de son intervention devant le Conseil de sécurité.

« Et pourtant la situation au Soudan, qui a été négligée pendant des décennies, est critique et peut dégénérer en une crise régionale voire mondiale car il y a une autre dimension dans ce conflit. Il s'agit là encore de la perception que les musulmans sont en conflit avec le reste du monde. Il y a donc bien un risque qui va bien au-delà du Soudan et est réellement mondial », a déclaré le Représentant spécial.