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Le droit d'asile toujours nécessaire pour les minorités du Kosovo , selon le HCR

Le droit d'asile toujours nécessaire pour les minorités du Kosovo , selon le HCR

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La protection internationale des demandeurs d'asile appartenant aux minorités du Kosovo continue d'être nécessaire, indique l'agence de l'ONU pour les réfugiés, qui engage les Etats à respecter le droit d'asile et note que le refus de ce statut reviendrait à approuver la discrimination ethnique sur le terrain.

« Le HCR a publié trois documents sur le maintien nécessaire de la protection de certains demandeurs d'asile et de réfugiés du Kosovo » indique le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué (en anglais) publié aujourd'hui, deux d'entre eux ayant pour objectif de guider les Etats dans la prise de décision sur l'octroi de l'asile et sur leur retour au Kosovo, le troisième établissant un bilan de la situation des minorités au Kosovo entre janvier 2003 et avril 2004 et des graves incidents survenus en mars 2004.

« Le nombre d'incidents visant des membres des communautés minoritaires rom, ashkali, égyptienne, bosniaque et gorani a décru » au cours de la période considérée. Mais cette évolution positive a volé en éclat avec les meurtres survenus dans la seconde moitié de 2003 et au début 2004, indique le HCR.

« En tout, 12 Serbes du Kosovo ont été assassinés entre janvier et novembre 2003 », contre 5 pour la même période de l'année 2002, note le communiqué de l'agence.

« La fragilité de l'atténuation des tensions interethniques ces dernières années a été exposée en pleine lumière par l'explosion inattendue de violence » le 17 mars, qui s'est poursuivi sans interruption pendant trois jours.

En tout, « 20 personnes ont été tuées, plus de 950 blessées, au moins 730 maisons appartenant à des membres de minorités ont été détruites ainsi que 36 églises, monastères et sites religieux destinés à des minorités », rappelle le HCR, qui précise que cela a entraîne le déplacement, établi le 23 mars, de plus de 4100 Serbes, Roms, Ashkalis, Egyptiens, et Albanais.

« Deux mille trois cent d'entre eux sont toujours déplacés cinq mois plus tard », souligne l'agence de l'ONU pour les réfugiés, qui conclut que, manifestement, « la protection internationale des demandeurs d'asile appartenant aux minorités du Kosovo, en particulier les Serbes, les Roms, les Ashkalis et les Egyptiens, continue d'être nécessaire ».

Ce besoin de protection s'étend à quelques groupes d'Albanais du Kosovo notamment ceux issus d'un mariage mixte et d'autres perçus comme étant associés au régime serbe d'avant 1999, outre ceux qui vivent, minoritaires, dans certaines régions du Nord du Kosovo.

Par ailleurs, le HCR met en garde contre le retour des réfugiés kosovars vers la Serbie et Monténégro : « ces retours ne seraient pas raisonnables, à moins qu'ils ne soient justifiés par des circonstances individuelles liées à la personne concernée ».

L'agence de l'ONU cite « les graves difficultés juridiques rencontrées par les personnes déplacées du Kosovo dans d'autres partie de la Serbie et Monténégro » notamment celles qui y sont renvoyées de force par des pays tiers où elles ont été chercher asile.

Les 220 000 personnes déplacées du Kosovo qui s'y trouvent font déjà face à de graves difficultés : « les membres des minorités Roms, Ashkali, Egyptienne sont souvent marginalisés ou objets de discrimination et ont du mal à trouver un emploi », souligne le communiqué du HCR.

A cela s'ajoute un argument juridique, souligne l'agence de l'ONU : la résolution du Conseil de sécurité 1244 du 10 juin 1999 « mentionne de manière spécifique le retour sauf et sans entraves de toutes les personnes déplacées et des réfugiés 'dans leurs foyers au Kosovo' ».

« Le refus du statut de réfugié sur la base du déplacement à l'intérieur du territoire ou du transfert peut être interprété comme une approbation de la nouvelle réalité ethnique sur le terrain et avoir un impact négatif sur le retour sauf et sans entraves des membres des minorités qui le souhaitent », souligne le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Malgré la fragilité du processus de retour, près de 11 000 membres de minorités sont retournés au Kosovo depuis 1999, dont 3 800 l'année dernière et 1 030 en 2004 pour l'instant, souligne le communiqué du HCR.