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Investiture du premier Parlement somalien depuis 1991 aujourd'hui au Kenya

Investiture du premier Parlement somalien depuis 1991 aujourd'hui au Kenya

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Deux cent six membres du premier Parlement somalien depuis 1991, date du renversement de Mohamed Siad Barre, ont prêté serment aujourd'hui au Kenya, au cours d'une cérémonie solennelle réunissant 500 chefs de guerre somaliens, l'aboutissement et le début d'un long voyage selon le Président kenyan des pourparlers de paix et « un moment attendu depuis longtemps », comme le souligne le message du Secrétaire général.

Les 206 membres du premier Parlement somalien en 13 ans ont prêté serment aujourd'hui dans la capitale kenyane de Nairobi, indique un communiqué du directeur du Centre d'information des Nations Unies au Kenya, Eric Falt qui précise qu'il est prévu que le nouveau Parlement choisisse un Président qui procèdera à son tour à la nomination d'un Premier Ministre chargé de former un gouvernement fédéral.

Cette constitution d'une Assemblée nationale constitue l'aboutissement de deux ans de négociations difficiles, facilitées par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (connue sous son acronyme anglais IGAD) et appuyées par l'ONU.

L'IGAD est une organisation régionale d'Etats de la Corne de l'Afrique ayant pour objectif la mise en place d'une coopération régionale et d'une intégration économique de la région. Elle regroupe Djibouti, l'Ethiopie, l'Erythrée, le Kenya, le Soudan et l'Ouganda. La Somalie en fait également partie mais n'était jusqu'à présent pas pleinement représentée, faute d'un gouvernement opérationnel.

La cérémonie d'intronisation du nouveau Parlement s'est déroulée « avec pompe et dignité » dans les locaux de l'ONU à Gigiri, indique Eric Falt. Environ 120 membres du personnel de l'ONU, composés principalement d'agents de sécurité et d'employés en charge de l'information et des services de conférence, ont prêté main forte à un événement auquel assistaient environ 500 chefs de guerre somaliens, des hommes politiques et des anciens ainsi que les diplomates basés à Nairobi.

Les députés, sélectionnés par les principaux clans somaliens, ont prêté serment sur le Coran et face au drapeau de la Somalie.

Dans un message lu au cours de la cérémonie, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a souligné qu'il s'agissait d'une réconciliation « attendue depuis longtemps ». Il a également formé le voeu que le nouveau Parlement affronte son premier défi, l'élection d'un Président en Somalie et par la suite la mise en place de structures de gouvernement dans le pays, avec la détermination nécessaire.

Kofi Annan a indiqué que l'ONU était prête à faire tout ce qui était en son pouvoir pour appuyer le processus de paix en Somalie.

Dans son communiqué, Eric Falt rappelle que la Somalie est restée sans réel gouvernement depuis 1991, date du renversement du gouvernement de Mohamed Siad Barre par des clans hostiles, ce qui a plongé le pays dans l'anarchie et une guerre clanique tandis que les différents clans ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur un remplaçant.

Selon l'accord auquel est finalement parvenu le processus de paix, en cours au Kenya depuis 2002, chacun des quatre principaux clans somaliens s'est vu attribuer 61 sièges du nouveau Parlement, le reste allant aux plus petits clans. Faute d'avoir obtenu l'accord de tous les clans sur la façon de se répartir le nombre des sièges restants et sur l'identité de leurs représentants, seulement 206 sur les 275 députés ont pu être investis aujourd'hui.

Le Président des pourparlers de paix, l'ambassadeur du Kenya Bethwell Kiplagat, a insisté sur le fait que cette cérémonie marquait le début d'un long voyage qui conduirait à l'édification d'un pays fort, uni, pacifique et démocratique.

« Si nous avons été aussi loin tous ensemble, au nom du ciel, finissons la course ! » a-t-il déclaré.

Quant au Ministre kenyan de la coopération régionale John Koech, il a lancé un défi aux députés, celui de mettre en place un environnement en Somalie qui soit favorable à la reconstruction du pays. « Le succès de la Somalie est aussi le succès du Kenya et de l'Afrique de l'Est dans son ensemble. », a-t-il affirmé, précisant qu'un comité administratif avait été nommé pour régler les différends entre les clans qui ont bloqué la prestation de serment des députés restants.