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Stigmatisation, discrimination et inégalité des sexes affectent la lutte contre le VIH et les orphelins du sida

Stigmatisation, discrimination et inégalité des sexes affectent la lutte contre le VIH et les orphelins du sida

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« La stigmatisation et la discrimination à l'égard des personnes atteintes du VIH reste, avec l'inégalité des sexes, la plus grande entrave à la prévention du sida en Asie du Sud-Est », prévient l'ONUSIDA, l'agence de l'ONU contre le sida, tandis que l'UNICEF attire l'attention sur le sort des orphelins du sida qui devrait atteindre 18,4 millions d'ici à 2010.

En marge de la XVe Conférence sur le sida qui se tient à Bangkok en Thaïlande jusqu'au 16 juillet, une session, organisée par l'équipe de l'ONUSIDA en Asie du Sud, a examiné les progrès réalisés et les défis restant à relever pour combattre efficacement le sida en Asie du Sud-Est, indique un communiqué de l'ONUSIDA (en anglais) paru aujourd'hui.

« Deux épidémies se répandent à l'heure actuelle : le sida, et la stigmatisation des personnes atteintes du VIH », a déclaré M. Zahir Uddin Swapon, Secrétaire général du Groupe parlementaire sur le VIH/sida et député au Parlement du Bangladesh, ajoutant que la stigmatisation « due à la peur née de l'ignorance » devait être combattue par l'éducation et l'élimination des lois qui criminalisent les groupes marginalisés vulnérables au VIH.

Répondant à cette mobilisation, l'Initiative mondiale des médias sur le sida ( Global Media AIDS initiative ) a lancé un partenariat des médias pour aborder le thème du VIH/sida en Russie, en Inde, en Chine, en Indonésie et aux Etats-Unis, indique un communiqué de l'agence, un partenariat de l'ONU, de l'ONUSIDA, de la Kaiser Family Foundation et de la Fondation Bill et Melinda Gates.

« Nous savons que les médias peuvent aider à sortir le sida de l'ombre et à encourager les gens à en parler de façon ouverte et informée » a déclaré Kofi Annan, le Secrétaire général de l'ONU, lors de la conférence, ajoutant que « si l'on pouvait mobiliser ce pouvoir par le biais d'une alliance des groupes de médias dans le cadre de l'Initiative mondiale des médias sur le sida, nous pouvons renverser le mouvement de la crise du sida.

« Le rapprochement d'organisations médiatiques en vue de mobiliser leur influence collective pour la lutte contre le sida constitue l'un des partenariats les plus importants à ce jour » dans le domaine, a déclaré à cet égard Peter Piot, Directeur exécutif de l'ONUSIDA.

Dans le domaine de la prévention, l'ONUSIDA souligne que le faible taux d'utilisation des préservatifs en Asie du Sud-Est constitue toujours une barrière importante à la prévention, l'existence d'un lien étroit étant établi entre le statut défavorable des femmes dans des sociétés patriarcales et leur vulnérabilité au VIH.

« Tant que les femmes et les jeunes filles n'auront pas un accès équitable à des méthodes efficaces de prévention et de traitement du VIH, il y aura peu d'espoir de vaincre l'épidémie », a déclaré Mme Kathleen Cravero, Vice Directeur exécutif de l'ONUSIDA.

« C'est un mythe que de penser que le tissu social et la culture de l'Asie du Sud l'immunisera de l'épidémie de sida », a notamment précisé M. Sadik, l'Envoyé spécial du Secrétaire général sur le VIH/sida en Asie et dans le Pacifique, et Président de la session.

Dans ce contexte, un appel a été lancé à raffermir la volonté politique dans le domaine.

« Dans une société où il existe des contraintes religieuses, sociales, et en termes de coûts, il est encore plus vital d'avoir un leadership politique », a déclaré Anand Panyarachun, ex-Premier Ministre de la Thaïlande, indique un communiqué du Forum des dirigeants de la région Asie-Pacifique sur le VIH/sida et le développement (APLF), une initiative lancée à la première réunion ministérielle sur le VIH/sida de 33 pays de la région, en 2001, financée par l'Australie, le Japon, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande.

Malgré un taux de prévalence relativement faible pour la région, il existe des poches importantes d'épidémie, qui menacent de s'étendre notamment au regard des pratiques répandues d'utilisation de drogues injectables. Près d'un million de personnes supplémentaires ont été infectées en 2003, portant à 7 millions le nombre total pour la région, selon un rapport de l'APLF.

L'Inde, à elle seule, regroupe 5,1 millions de personnes infectées, ce qui en fait le deuxième pays au monde pour la population infectée après l'Afrique du Sud, en termes absolus. L'ex-Premier Ministre de l'Inde, Atal Behari Vajpayee, a qualifié la maladie de « défi le plus formidable à relever en termes de santé publique, de droits de l'homme et de développement pour le siècle à venir », précise le communiqué conjoint d'ONUSIDA et de l'APLF.

Une action forte des gouvernements de la région, notamment de la Chine, de l'Indonésie et de l'Inde pourrait sauver des millions de vies, mais il faudrait pour cela « accroître de façon notable les dépenses sur le sida et intensifier les programmes de prévention, de soins et de traitement », précise l'APLF.

Par ailleurs, l'UNICEF (le Fonds des Nations Unies pour l'enfance), prévient dans un rapport biennal publié conjointement avec l'ONUSIDA et USAID, l'agence des Etats-Unis contre le sida, que d'ici à 2010, l'Afrique sub-saharienne abritera près de 50 millions d'orphelins, dont plus du tiers aura perdu soit l'un soit les deux parents à cause du sida.

Entre 2001 et 2003 seulement, le nombre total d'enfants orphelin à cause du sida est passé de 11,5 millions à 15 millions, dont la plus grande majorité en Afrique, où la proportion d'orphelins à cause du sida est passée de moins de 2% en 1990 à plus de 28% en 2004. D'ici à 2010, ce sont 18,4 millions d'enfants qui seront touchés, indique le communiqué (en anglais) de l'UNICEF paru aujourd'hui, qui précise qu'en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ce chiffre a décru d'un dixième depuis 1990.

Mais avec 60% de la population mondiale, « l'Asie pourrait bientôt affronter une crise de grande ampleur pour le nombre d'orphelins, si elle ne prend pas des mesures urgentes pour arrêter l'épidémie », a prévenu le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Peter Piot.

L'UNICEF souligne qu'un tel phénomène ne peut qu'avoir des répercussions catastrophiques, « causant des ravages inimaginables en Afrique sub-saharienne », où 9 enfant orphelin sur dix est à la charge de sa famille étendue sans le moindre soutien extérieur.

L'entité familiale - que le chef de famille soit un parent veuf, un grand-parent âgé ou un adolescent - « représente le facteur le plus important dans la construction d'un environnement protecteur de l'enfant qui a perdu ses parents ».

En l'absence de lois protectrices, de services de soutien aux enfants, de mécanismes sociaux et d'une communauté en mesure d'apporter un soutien, les enfants sont exposés à un risque bien plus élevé d'exploitation, d'abus, de violence et de discrimination », prévient l'UNICEF, qui a mis en place au sein du système de l'ONU, un cadre d'action permettant de guider les pays donateurs et les gouvernements des pays affectés pour répondre de manière urgente aux besoins des enfants touchés par le VIH/sida.

Voir également : la page de la radio de l'ONU

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