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Afghanistan : malgré le report des élections, le travail est énorme et les troupes se font attendre, déclare le chef de l'ONU dans le pays

Afghanistan : malgré le report des élections, le travail est énorme et les troupes se font attendre, déclare le chef de l'ONU dans le pays

Jean Arnault
Le report des élections et leur organisation en deux temps ont été bien perçus à la fois par de nombreux partis politiques et par la population afghane qui est consciente qu'il y a encore beaucoup à faire pour assurer des conditions d'équité et de liberté au processus, a déclaré aujourd'hui le chef de l'ONU en Afghanistan qui a rappelé « une fois encore » que les renforts internationaux étaient nécessaires dès maintenant et pas dans quatre mois.

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Aghanistan a jugé encourageantes les premières réactions non seulement du Gouvernement mais aussi d'un certain nombre de partis politiques après l'annonce par l'Organe mixte d'administration des élections (OMAE).

« C'est une bonne chose », a-t-il déclaré, « d'abord parce que c'est pour cela que nous avons une instance électorale indépendante, pour qu'elle reste au-dessus des partis et ne prenne des décisions que dans le but de protéger l'intégrité du processus électoral. »

Mais pour Jean Arnault, c'est aussi une bonne chose de voir les partis rallier l'autorité électorale, malgré « les points de vue différents. »

« Un processus électoral, comme ses résultats, amène bien évidemment des divisions mais il est nécessaire qu'il y ait un consensus sur le processus en lui-même », a-t-il fait valoir, ajoutant que c'était la raison pour laquelle la Misssion de l'ONU en Afghanistan attendait avec impatience de voir de plus en plus de partis se rallier, quels que soit leur position pendant ces dernières semaines, à la décision de l'OMAE.

Jean Arnault a insisté sur le fait que, même si un peu de temps avait été gagné en ce qui concerne les élections parlementaires, beaucoup restait à faire d'ici là.

Rappelant qu'en avril aurait lieu, non seulement les élections à la Wulesi Jirga (la Chambre du peuple, l'une des composantes du futur Parlement bicaméral afghan) mais également les élections aux shuras, les conseils locaux, alors que les limites administratives des 370 districts n'étaient toujours pas fixées et que « le travail effectué à cet égard jusqu'à ce jour était loin d'être satisfaisant ».

Restait également le recensement de la population « une question sensible depuis toujours dans ce pays. »

« Pour les élections d'avril, nous devons obtenir des chiffres crédibles et acceptables », a déclaré Jean Arnault qui a indiqué que lors d'une réunion récente du cabinet « il avait été demandé à l'ONU d'aider et de superviser le calcul de la croissance de la population en effectuant des projection à partir du recensement de 1979. »

Le Représentant spécial a souligné que le report des élections parlementaires était bien perçus par beaucoup d'Afghans qui souhait que l'on fasse beaucoup plus d'ici à la Wulesi Jirga pour que des conditions minimums de liberté et d'équité entourent ces élections.

« Il est important que le climat dans huit mois soit différent de ce qu'il est aujourd'hui et cela réclame un effort concerté de la part du Gouvernement, de tous les partis politiques et aussi de la communauté internationale pour qu'il en soit ainsi », a ajouté Jean Arnault.

« Il faut faire beaucoup plus en matière de désarmement et réintégration [des anciens combattants] mais aussi de lutte contre les stupéfiants, a-t-il affirmé, précisant que, « comme dans n'importe quel autre pays, les milliards de dollars générés par la drogue se frairont un chemin dans la représentation politique. »

« Nous devrions au moins atténuer cela », a-t-il déclaré.

Interrogé par les journalistes, il a indiqué qu'en réalité « le principal facteur qui ait clairement empêché le pays d'être prêt à temps pour les élections présidentielles était l'oeuvre des forces anti-gouvernementales, des Talibans et autres. »

Se déclarant convaincu qu'à l'heure actuelle « même si la situation n'était certainement pas facile, il était encore possible d'avoir des élections présidentielles décentes », le Représentant spécial a cependant rappelé que quatre agents féminins affectés aux inscriptions avaient récemment été tuées.

« Protéger le processus signifie se rendre disponible pendant des mois et des mois. [...] Les forces internationales doivent arriver maintenant et non dans quatre mois », a-t-il déclaré.

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