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Afghanistan : la stagnation du processus de désarmement pourrait avoir de graves conséquences, prévient la Mission de l'ONU

Afghanistan : la stagnation du processus de désarmement pourrait avoir de graves conséquences, prévient la Mission de l'ONU

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Le chef de la MANUA, la Mission des Nations Unies en Afghanistan, s'est félicité de la remise de plusieurs centaines d'armes, dans la province de Wardak. Le Représentant spécial a toutefois exprimé sa grave préoccupation concernant la stagnation du programme de désarmement dans le pays.

Ce programme, a prévenu le Représentant spécial du Secrétaire général, Jean Arnault, n'a pas encore démarré et la perspective qu'il soit achevé dans les temps est maintenant gravement compromise, a indiqué aujourd'hui le porte-parole de la Mission de l'ONU, Manoel de Almeida e Silva.

De nombreuses unités militaires devant être démantelées ou réduites ont été impliquées dans des luttes entre factions au cours des deux dernières années, a précisé le chef de la MANUA, ajoutant que l'impasse dans lequel se trouvait le programme de désarmement pourrait avoir de sérieuses conséquences.

Lors d'une cérémonie publique dans son village de la province de Wardak, un ancien chef Moujahidin, le commandant Haji Musa Hotak, a remis près de 400 armes lourdes et légères, déclarant qu'il avait été un chef militaire pendant la guerre et qu'il entendait à présent jouer un rôle dirigeant dans l'établissement de la paix en Afghanistan.

Le Ministère de la défense afghan a pour objectif de parvenir d'ici au mois de juin à une réduction de 40% de l'effectif des forces militaires afghanes (AMF). Il était ainsi prévu que durant une première phase, 38 unités militaires soient dissoutes un peu partout dans le pays et que 39 unités voient leurs effectifs réduits. Trente-quatre mille militaires appartenant à ces unités devaient être désarmés et démobilisés.

Or, cinq semaines après la Conférence de Berlin, qui a rassemblé les pays donateurs pour l'Afghanistan, et à laquelle le plan a été très bien accueilli, le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) n'a toujours pas commencé sans qu'il y ait de raison valable pour retarder la mise en ?uvre de cette importante initiative, a insisté Manoel de Almeida e Silva.

Les unités militaires qui doivent être démantelées ou réduites ne sont pas engagées dans la protection de la sécurité du pays, dans la lutte contre le terrorisme ou le trafic de drogues. Bien au contraire, nombre d'entre elles ont été impliquées dans des luttes entre factions, qui sont source d'instabilité, a-t-il précisé.

Le Programme “Nouveau départ pour l'Afghanistan”, un programme commun de la MANUA et du PNUD, le Programme des Nations Unies pour le développement, a pourtant identifié des débouchés en terme d'emploi permettant d'offrir aux ex-combattants une alternative et de les encourager à abandonner les armes.

« La poursuite de la stagnation du programme de DDR aura nécessairement de graves conséquences », a précisé le porte-parole. « Tant que subsisteront des armées rivales et qu'elles n'auront pas été remplacées par une armée nationale sous le contrôle du gouvernement central, le pays ne pourra connaître une paix durable, comme le peuple afghan en a fait la douloureuse expérience » et comme l'ont tristement démontré les récents événements dans le Nord du pays et ceux d'Herat, où une véritable bataille rangée entre les forces loyales au Gouverneur provincial et celles du général nommé par Kaboul ont conduit à la mort du Ministre de l'aviation et des chefs des services de renseignement et de la lutte anti-drogue.

Interrogé lors du point de presse sur les raisons du blocage du processus, M. de Almeida e Silva a mentionné l'absence de volonté politique des dirigeants, qui refusent d'entendre les appels lancés au sein de la population. Il a précisé que, la semaine dernière, Peter Babbington, le chef intérimaire du Programme « Nouveau départ pour l'Afghanistan », avait indiqué aux donateurs que les généraux Daoud et Atta ainsi que Ismail Khan bloquaient le processus de DDR.

La démobilisation et la réintégration, dans la dignité, des soldats et officiers, figurent aussi au rang des priorités de l'Etat islamique transitoire afghan, depuis son élection en juin 2002 à l'issue de la Loya Jirga d'urgence, l'assemblée constituante regroupant de vastes pans de la société afghane.

Le processus électoral, dont la préparation se poursuit à l'heure actuelle dans le pays, notamment auprès des femmes, ne pourra constituer l'exercice d'un choix politique libre qu'une fois que les armes cesseront d'être un outil d'influence aux mains des gouvernants locaux. « Personne n'a le droit de saper cette aspiration de base légitime », a indiqué le porte-parole du Représentant spécial.