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Tony Blair en faveur d'une résolution sur l'Iraq, voit le plan Sharon comme une étape

Tony Blair en faveur d'une résolution sur l'Iraq, voit le plan Sharon comme une étape

K. Annan (à droite) et T. Blair (archives)
Pour Tony Blair qui s'exprimait, hier soir, avec le Secrétaire général de l'ONU sur les grands dossiers du moment, une nouvelle résolution de l'ONU sera nécessaire pour permettre d'avancer en Iraq tandis que le plan Sharon accepté par le Président Bush doit être vu comme une avancée qui n'empêche en rien de reprendre le processus prévu par la Feuille de route.

Rendant un hommage appuyé au Secrétaire général de l'ONU, dont il a loué « l'exceptionnelle compétence, l'immense détermination et le courage » dans sa gestion des affaires internationales dans une période particulièrement particulièrement difficile, le Premier Ministre Tony Blair qui s'exprimait devant la presse à la suite de ses entretiens avec Kofi Annan hier soir et en sa compagnie, a tout particulièrement salué les efforts faits par Secrétaire général en faveur de la réunification de Chypre.

Il s'agit de « la meilleure chance de progrès en une génération », selon le Premier Ministre qui a affirmé que le mérite en revenait en grande partie à Kofi Annan et à son engagement personnel.

A propos de l'Iraq, Tony Blair a également salué l'action menée par Lakhdar Brahimi au nom de l'ONU pour tenter de trouver « la voie politique adéquate permettant de faire progresser la situation. »

« Les circonstances rendront nécessaires à un certain moment, dans un avenir proche, que nous ayons une nouvelle résolution du Conseil de sécurité qui nous permette de planifier cette marche en avant de la transition politique en Iraq », a déclaré le Premier Ministre.

Il a affirmé qu'il existait un « accord absolu, pratiquement dans l'ensemble de la communauté internationale, sur ce que nous voulons voir se produire en Iraq », c'est-à-dire l'avènement d'un pays « stable, prospère et démocratique, gouverné par le peuple iraquien, un Etat souverain dont la richesse est celle du peuple iraquien et dont le gouvernement est celui du peuple iraquien. »

Sur la question du Moyen-Orient, Tony Blair a indiqué qu'il était « important de s'assurer que l'initiative prise au cours des deux derniers jours donnait une impulsion et amenait un changement » dans la région.

« Je ne vois personnellement pas cela comme une façon de mettre de côté la Feuille de route. Tout au contraire, je pense que la Feuille de route est et demeure la bonne façon d'aller vers un règlement du processus de paix au Moyen-Orient et soyez certain que nous lui apportons notre soutien », a déclaré le Premier Ministre.

Tony Blair a également exprimé son appui aux travaux du Groupe mis en place en novembre par le Secrétaire général et chargé d'effectuer des recommandations sur les changements et les défis auxquels l'ONU est confrontée. Kofi Annan a confirmé que le Groupe devait remettre son rapport en décembre.

Le Secrétaire général a indiqué partager le point de vue du Premier Ministre britannique sur le fait « que nous sommes tous unis pour chercher à créer un Iraq stable et démocratique. » Evoquant le travail effectué par Lakhdar Brahimi et l'équipe de l'ONU, dont le groupe d'assistance électorale, en Iraq, il a indiqué que rien n'était facile mais que « nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour aider. »

A propos de Chypre, il a exprimé sa gratitude pour l'appui manifesté par le Premier Ministre britannique mais aussi par l'Union européenne. « La question se trouve maintenant entre les mains de la population et j'espère qu'elle saisira l'occasion de réunifier son pays et d'entrer ensemble dans l'Union européenne », a-t-il ajouté.

A la question d'un journaliste lui demandant s'il partageait l'avis du Président Bush sur le fait que le monde était plus sûr après l'action en Iraq ou au contraire si l'Europe et les Etats-Unis étaient toujours en bisbille comme le montrait le message attribué à Osama Ben Laden aujourd'hui, Tony Blair a répondu que « nous n'avons pas besoin d'Osama Ben Laden pour nous dire comment gérer nos affaires politiques ».

« Quels que soient les désaccords que nous aillons eus sur la sagesse de notre action en Iraq, et il se trouve que je crois qu'elle était juste, […] il est dans l'intérêt de tout le monde de voir l'Iraq devenir un Etat stable et démocratique », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général, s'exprimant sur la question de savoir si le monde était plus sûr aujourd'hui qu'il y a un an, a indiqué « qu'à l'évidence, nous vivons dans un monde extrêmement difficile et que nous assistons à une augmentation des attaques terroristes qui nous affecte tous et nous avons besoin de nous rassembler et […] en Iraq nous avons tous besoin de mettre nos efforts en commun et de réussir parce que nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer. »

Il a été également demandé à Tony Blair s'il avait le sentiment que la Feuille de route avait été, dans les faits, laissée de côté par le Président des Etats-Unis. A cela, le Premier ministre a répondu qu'il ne pensait absolument pas que c'était le cas.

« Je ne pense pas que nous puissions ignorer que si, effectivement, les Israéliens, même unilatéralement, se désengagent d'une partie significative de la Cisjordanie et de Gaza, il s'agit d'un grand changement », a souligné le Premier Ministre. « Ne méconnaissons pas cela et utilisons-le comme un moyen de revenir à un série de mesures, négociées dans les règles, qui nous ramènent, via la Feuille de route, à la solution des deux Etats »

Le point de vue exprimé par Kofi Annan à ce sujet a été que « quelque initiative que ce soit ne pouvait écarter les questions des futurs statuts que les parties doivent encore régler et qui doivent être réglées dans le contexte de la Feuille de route établie par le Quatuor. »

Un des journalistes présent lui ayant demandé si l'une des raisons de la venue de Tony Blair aux US était de faire part au Président Bush de ses divergences sur les aspects politiques et militaires de son engagement en Iraq, le Premier Ministre a répondu qu'il avait avec le président américain « un objectif et un but communs » mais qu'il aurait l'occasion de s'exprimer aujourd'hui à ce sujet.

La Feuille de route est le plan de paix soutenu par les Etats-Unis, l'ONU, la Russie et l'Union européenne, les quatre entités désignées par le terme de Quatuor qui recherchent un règlement permanent du conflit israélo-palestinien, réclamant à chaque partie d'adopter une série de mesures qui aboutirait à la création d'un Etat palestinien coexistant pacifiquement avec Israël.