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Droits de l'homme : le vote de résolutions sur les territoires arabes occupés divise les délégations

Droits de l'homme : le vote de résolutions sur les territoires arabes occupés divise les délégations

La Commission des droits de l'homme a adopté ce matin trois résolutions sur la situation des droits de l'homme dans les territoires arabes occupés, dont l'une portant sur la violation des droits de l'homme dans les territoires arabes occupés, y compris la Palestine, a donné l'occasion d'évoquer la déclaration faite hier par le Président des Etats-Unis qui revient selon lui à remettre en cause les limites territoriales décidées en 1949 alors que l'Union européenne déclarait ne pouvoir adopter un texte aux termes émotionnels en l'occurrence déplacés.

Les trois résolutions ont été adoptées avec un nombre important d'abstentions mais seule la troisième a suscité sept votes contre, tous occidentaux, s'opposant à son adoption. Il s'agit du texte intitulé « Question de la violation des droits de l'homme dans les territoires arabes occupés, y compris la Palestine. » La Commission y réaffirme que le peuple palestinien a le droit légitime de résister à l'occupation israélienne afin de libérer sa terre et de pouvoir exercer son droit à l'autodétermination.

Elle y condamne fermement la guerre déclenchée par l'armée israélienne contre les villes et les camps palestiniens ainsi que la pratique de « liquidation » ou « d'exécutions extrajudiciaires » menée par l'armée israélienne à l'encontre des Palestiniens, demande instamment au Gouvernement israélien de respecter le droit international et de mettre immédiatement fin à ces pratiques.

La Commission y prie par ailleurs le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967 d'enquêter sur les violations par Israël des principes et fondements du droit international, du droit international humanitaire et de la Convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

Elle condamne fermement l'implantation de colonies israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, le recours à la torture contre des Palestiniens pendant les interrogatoires, l'utilisation de citoyens palestiniens comme boucliers humains, les massacres de Palestiniens perpétrés par les autorités d'occupation israéliennes, notamment les massacres d'enfants qui ont récemment eu lieu à Naplouse, Gaza, Rafah, Al-Nusseirat et Al-Burreij ainsi que les (…) châtiments collectifs.

A cette énumération, vient s'ajouter la ferme condamnation par la Commission des arrestations massives de milliers de Palestiniens, détenus sans jugement et sans qu'aucune charge pénale ait été retenue contre eux par les autorités d'occupation israéliennes ainsi que la construction du mur israélien à l'intérieur du Territoire palestinien occupé, en Cisjordanie.

Le représentant d'Israël, Yaakov Levy, a estimé que ce texte ne contribuait pas à faire progresser la paix car il adopte une perspective partiale et éloignée de la réalité, en faisant reposer la responsabilité de la situation exclusivement sur Israël et en ne demandant pas aux dirigeants palestiniens de mettre un terme aux attaques-suicides meurtrières contre les civils israéliens.

Pour le représentant palestinien, Nabil Ramlawi, la présentation d'un tel projet de résolution ne constitue rien de nouveau. La position de la Commission est à cet égard restée inchangée depuis 20 ans, a-t-il indiqué. Il a également évoqué la déclaration faite par le Président Bush au Premier Ministre israélien, laquelle affirme qu'il n'est pas réaliste qu'Israël revienne aux limites déterminées en 1949. En prenant une telle position, le Président Bush ignore totalement le droit international et les résolutions pertinentes des Nations Unies et sa déclaration constitue en réalité un encouragement à poursuivre la construction du mur de séparation par Israël, a estimé M. Ramlawi.

Quant au représentant des Etats-Unis, Richard S. Williamson , tout en se disant profondément préoccupé par la montée de la violence, a déploré que le texte présente une perspective partiale qui méconnaît le fait que les mesures israéliennes répondent aux attaques terroristes palestiniennes et a dénoncé le langage de la résolution qui reconnaît le droit à la résistance, tentant ainsi de justifier le terrorisme.

L'Union européenne, représentée par l'Irlandaise Mary Whelan, a souscrit à nombre des préoccupations du projet de résolution qu'elle ne pourra cependant pas accepter, a-t-elle indiqué. Ce texte en effet ne condamne pas explicitement le terrorisme, use de termes émotionnels qui n'ont pas leur place à la Commission et n'appelle pas l'Autorité palestinienne à poursuivre les auteurs d'actes de terrorisme, a fait observer Mme Whelan.