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Le chef de l'ONU en Afghanistan se félicite du report des élections au mois de septembre

Le chef de l'ONU en Afghanistan se félicite du report des élections au mois de septembre

Jean Arnault
Le Représentant spécial de l'ONU dans le pays s'est félicité de ce que le Président afghan Hamid Karzai ait décidé, à quelques jours de la Conférence sur l'Afghanistan qui commence à Berlin le 31 mars, de repousser au mois de septembre la tenue simultanée des élections présidentielles et législatives.

Lors de son exposé devant le Conseil de sécurité, le 24 mars, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hédi Annabi, avait décrit les problèmes électoraux supplémentaires que posait la Constitution afghane récemment adoptée.

Celle-ci prévoit en effet que le pays doit se doter d'une Assemblée composée de deux Chambres et que les deux tiers des représentants à la Chambre haute devaient être élus par des conseils provinciaux ou des conseils de district qui n'existaient pas et qu'il fallait donc auparavant élire. Ces nouveaux scrutins devaient donc être organisés en supplément des élections présidentielles prévues initialement en juin.

Pour Jean Arnault, qui a succédé à Lakhdar Brahimi en tant que Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan, la MANUA, non seulement ce report va permettre une meilleure préparation de ces élections à niveaux multiples mais elle va également permettre de faire progresser le désarmement.

« Tout le monde a noté ce qu'a annoncé le ministère de la Défense en ce qui concerne le désarmement. L'objectif est de désarmer 40% des milices afghanes d'ici à la fin juin et de collecter l'ensemble des armes lourdes », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse aujourd'hui à Kaboul.

Il a fait observer que, depuis la signature de l'accord de Bonn, les Afghans n'avaient cessé de répéter la même chose à savoir qu'il ne pouvait y avoir d'élections sans désarmement. »

« Nous avons pris ces déclarations très au sérieux et nous croyons en effet que, dans les mois qui viennent, il va nous falloir faire en sorte que le pays soit, si ce n'est totalement désarmé, tout au moins en bonne voie de l'être », a affirmé M. Arnault.

Il a également indiqué que, d'ici au mois de septembre, la protection des journalistes devait être renforcée et le fonctionnement des parties politiques, dans certains endroits améliorés.

« Dans l'accord de Bonn, la tenue d'élections libres et équitables constitue une sorte de point culminant de l'ordre du jour », a fait observer le Représentant spécial. Toutefois, a-t-il ajouté, tout ne s'arrête pas avec les élections. Il a rappelé que la création d'une nouvelle armée, d'une police, d'une administration civile ainsi que la reconstruction du pays étaient autant d'obligations requises par l'Accord auquel la communauté internationale et le Gouvernement afghan avaient souscrit.

« Nous espérons que la Conférence de Berlin sera l'occasion pour tout le monde de prendre la mesure de l'ordre du jour post-électoral et qu'en même temps elle sera l'occasion de signaler que le partenariat entre la communauté internationale et le Gouvernement afghan se poursuivra au-delà des élections », a déclaré Jean Arnault.

Interrogé sur la réaction de la Conférence à l'éruption de violence à Herat et aux doutes que cela posait à l'égard de la légitimité du Gouvernement afghan en dehors de Kaboul, le Représentant spécial a affirmé que Herat fournissait une toile de fond très importante à la Conférence.

« Ce que cela montre très clairement, a-t-il déclaré, c'est [...] qu'aussi longtemps que des armes seront entre les mains de factions rivales, les citoyens ne seront pas en sécurité dans leur vie quotidienne. C'est cela le message qu'Herat envoie à Berlin. Et c'est pour cela que nous allons continuer à insister pour que le processus de Désarmement-réinsertion continue et s'accentue entre juin et septembre. »

Il a également lancé un appel aux médias pour qu'ils apportent leur concours en informant le grand public sur ce que signifiaient des élections parlementaires ainsi que les élections présidentielles, ce que les partis étaient censés faire et qui étaient les candidats.

« Le Secrétariat de l'Organe mixte d'administration électorale apportera sa contribution à l'éducation publique et civique mais cette contribution ne pourra être que mineure et l'essentiel de ce que la population entendra, viendra de vous », a déclaré Jean Arnault.