L'actualité mondiale Un regard humain

Le Représentant de l'ONU demande aux Albanais du Kosovo d'assumer leurs responsabilités

Le Représentant de l'ONU demande aux Albanais du Kosovo d'assumer leurs responsabilités

Harri Holkeri lors de la conférence de presse
Evoquant ses longs entretiens avec les Institutions provisoires d'administration et les dirigeants des différents partis albanais du Kosovo, le Représentant spécial du Secrétaire général s'est déclaré à la fois ébahi et extrêmement déçu qu'à une exception près, personne n'ait manifesté de remords ou n'ait condamné la violence des Albanais du Kosovo contre les Serbes de la province. Louant l'action des forces de l'OTAN, il a demandé instamment aux autorités albanaises du Kosovo d'assumer leurs responsabilités.

« Quelque chose manquait », a expliqué le Représentant spécial pour le Kosovo, Harri Holkeri. « J'ai entendu de nombreuses explications sur les événements de la semaine dernière. Mais à mon grand étonnement et désappointement, à une exception près, aucun remords, aucune condamnation des violences contre les Serbes du Kosovo n'a été exprimée par les Institutions autonomes et les partis albanais du Kosovo. »

Harri Holkeri, qui s'exprimait dans le cadre d'une Conférence conjointe à laquelle participaient également le Secrétaire général de l'OTAN (l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), Jaap de Hoop Scheffer et l'actuel Président de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Solomon Passy, a réitéré son extrême déception et a demandé instamment aux institutions provisoires et aux parties albanais du Kosovo d'assumer leurs responsabilités.

« Alors que nous avons été éprouvés comme jamais auparavant, l'OTAN et la KFOR (la Force international pour la paix au Kosovo) ont traversé des épreuves pour nous. Ces soldats, qui viennent de toute l'Europe et de l'Amérique du Nord ont mis, à plusieurs reprises, leur vie en danger - et plusieurs d'entre eux, ont été blessés - pour rétablir l'ordre. Et j'ai le plaisir de dire que l'aide que nous avons reçu de l'OTAN nous permet de reprendre l'ensemble de nos activités en faveur de la population du Kosovo », a ajouté M. Holkeri.

Indiquant que « notre priorité absolue est de rétablir la primauté de la loi et l'ordre, de stabiliser la situation et de traduire les auteurs [des actes de violence] en justice, en coopération avec l'OTAN et la KFOR », il a affirmé que « la communauté internationale ne peut tolérer l'impunité », indique un communiqué de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) diffusé aujourd'hui.

« J'insiste pour que les autorités provisoires et les Albanais du Kosovo tendent la main aux autres communautés », a déclaré M. Holkeri. « Ils doivent faire en sorte que la confiance renaisse. C'est leur responsabilité. »

Le représentant spécial a indiqué qu'il appréciait la décision du Gouvernement du Kosovo de mettre en place un Fonds spécial destiné à réparer les dégâts causés par les récentes émeutes. L'argent peut être rapidement mis à disposition et doit satisfaire toutes les demandes justifiées.

« Les médias ont relevé mes remarques sur la question du nettoyage ethnique. N'en restons pas aux étiquettes », a poursuivi le Représentant spécial. « Environ 28 personnes sont mortes, 30 sites religieux ont été détruits par le feu et les explosions. Onze sites religieux supplémentaires ont été endommagés. 286 maisons, une école et un hôpital ont été ou brûlés ou endommagés. La perte de chaque vie est une perte de trop. L'incendie de chaque maison est un incendie de trop. »

M. Holkeri a indiqué que l'urgence actuelle était de venir en aide à ceux qui avaient fui leurs foyers et que la MINUK, le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et la KFOR fournissaient des matelas, des couvertures, de la nourriture et des soins médicaux aux personnes déplacées.

« La MINUK est une mission des droits de l'homme, a-t-il conclu. C'est notre tâche et nous sommes décidés à la remplir.

Lors de son intervention devant le Conseil de sécurité, vendredi dernier, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan avait rappelé avec insistance « aux dirigeants de la communauté albanaise du Kosovo qu'en tant que principal groupe ethnique, il leur incomba de protéger et de défendre les droits de tous les habitants du Kosovo, en particulier de ses minorités. »