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Ethiopie-Erythrée : l'impasse actuelle pourrait devenir dangereuse, affirme Kofi Annan

Ethiopie-Erythrée : l'impasse actuelle pourrait devenir dangereuse, affirme Kofi Annan

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L'absence de règlement de la question de la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée est potentiellement dangereuse, déclare le Secrétaire général dans son dernier rapport dans lequel il indique également que la Mission de l'ONU observe un redéploiement militaire des deux côtés de la zone de sécurité.

« L'impasse actuelle est une source d'instabilité et pourrait donc devenir dangereuse », déclare le Secrétaire général, dans son dernier rapport sur l'Ethiopie et l'Erythrée, qui évoque, à l'appui de son analyse, « les déclarations faites récemment par l'Érythrée qui montrent que cette impasse pourrait avoir de graves conséquences, avec un coût élevé sur le plan humain et de profondes répercussions sur la paix et la sécurité dans la région. »

« Je tiens à rappeler une fois encore à chaque partie l'engagement qu'elle a pris dans l'Accord d'Alger de mettre fin définitivement aux hostilités militaires et de s'abstenir de recourir à la force ou à la menace de la force contre l'autre partie », déclare Kofi Annan.

Même si le rapport, rendu public hier, indique que la situation générale dans la Zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes est demeurée « relativement stable et n'a été marquée par aucun incident majeur » la Mission de l'ONU en Ethiopie et Erythrée, la MINUEE, lors de ses nombreuses patrouilles dans la Zone, a « surveillé les positions redéployées des forces armées des parties dans les zones adjacentes et observé les activités des milices et de la police érythréennes dans la Zone et alentour. »

Elle a continué d'observer un renforcement des activités d'entraînement, en particulier par les Forces armées éthiopiennes, qui se sont souvent déroulées à proximité immédiate de la limite sud de la Zone de sécurité et la Mission a dû demander au Ministère éthiopien de la défense et aux commandants des divisions des Forces armées éthiopiennes concernées d'éloigner leurs activités d'entraînement de la Zone. « Il est à déplorer que la coopération générale avec les parties sur le terrain ait montré des signes de détérioration progressive au cours des derniers mois », est-il noté dans le rapport.

Pour Kofi Annan, il ne fait aucun doute que « l'absence de progrès dans la démarcation de la frontière est la principale cause de l'impasse actuelle du processus de paix » qui a, par ailleurs, progressé de manière exemplaire, souligne-t-il. Il regrette que, dans la lettre datant de septembre, l'Éthiopie ait rejeté des parties importantes de la décision de la Commission du tracé de la frontière, « dont elle avait accepté le caractère définitif et contraignant. »

« Si l'on veut que le processus de paix se déroule comme prévu, il serait très utile que l'Éthiopie réitère sans équivoque son adhésion à la décision de la Commission du tracé de la frontière et manifeste son attachement au processus de démarcation en lui permettant de suivre son cours », indique le Secrétaire général qui se dit par ailleurs « peiné » par le fait que l'Erythrée n'ait pas reçu son Envoyé spécial, Lloyd Axworthy.

« Je suis fermement convaincu que la création simultanée d'espaces de communication contribuera à faciliter les efforts visant à instaurer la confiance, à normaliser les relations et à mettre en oeuvre l'Accord d'Alger », déclare Kofi Annan qui affirme que la nomination de M. Axworthy s'était effectuée dans cet esprit et non dans le but de créer un mécanisme « nouveau ou alternatif. »

Il engage vivement « une fois encore les deux parties, et en particulier l'Érythrée, à donner à mon Envoyé spécial la possibilité de rencontrer ses dirigeants et à examiner avec eux la meilleure manière dont mes bons offices pourraient les aider à surmonter l'impasse dans laquelle se trouve l'application de l'Accord d'Alger. »

« Nous sommes évidemment, lui et moi, ouverts à tous échanges constructifs avec les deux parties », ajoute-t-il.

Enfin, même s'il recommande la prorogation du mandat de la MINUEE pour une nouvelle période de six mois jusqu'au 15 septembre prochain, il souligne que l'impasse persistante du processus de paix soulève des questions concernant son avenir. L'opération de maintien de la paix, mise en place pour aider à créer des conditions favorables à un règlement pacifique du conflit grâce à la délimitation et à la démarcation de la frontière, « n'a jamais eu pour but d'appuyer indéfiniment un statu quo », fait-il observer.

« Les ressources, les contingents et la bonne volonté de la communauté internationale actuellement mobilisés par la MINUEE pourraient certainement servir ailleurs, tout particulièrement dans d'autres régions d'Afrique où la demande d'aide d'urgence demeure forte », précise le Secrétaire général.