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Somalie : des avancées politiques, de sérieuses inquiétudes sur la sécurité, indique Kofi Annan

Somalie : des avancées politiques, de sérieuses inquiétudes sur la sécurité, indique Kofi Annan

La percée que constitue l'accord sur la Charte de transition laisse augurer de nouveaux progrès en Somalie au plan politique, indique le Secrétaire général de l'ONU, qui signale toutefois les sérieuses préoccupations générées par une recrudescence de l'insécurité.

L'accord sur les modifications à apporter à la Charte de transition, conclu dans le cadre de la Conférence de réconciliation nationale qui est engagé à Nairobi depuis octobre 2002, a permis de franchir une étape décisive laissant augurer de nouveaux progrès alors que la Conférence se trouvait depuis quelque temps dans une impasse, souligne le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la situation en Somalie, diffusé aujourd'hui.

« J'ai l'espoir que les dirigeants somaliens continueront de faire fond des progrès accomplis pour mettre en place un gouvernement incluant toutes les parties en Somalie », y indique Kofi Annan.

Au cours de la prochaine phase, qui devrait marquer la fin du processus de réconciliation, les membres du Parlement national de transition qui auront été choisis devront élire à leur tour le Président qui dirigera le pays pendant la période de transition, explique-t-il tout en insistant sur le fait que les progrès politiques doivent être accompagnés de réels efforts de la part des dirigeants somaliens pour « améliorer la sécurité de façon tangible. »

Le rapport énumère les assassinats qui se sont produits pendant les quatre derniers mois. Dans le Somaliland, région qui avait connu jusqu'alors une paix relative, une femme médecin italienne a été tuée, le 5 octobre, d'un coup de feu, tiré à bout portant, dans les locaux d'un centre de traitement de la tuberculose qu'elle avait fondé à Boorama et, le 20 octobre, un couple d'enseignants britanniques, employé par une organisation non gouvernementale, a été assassiné à son domicile tandis qu'à Mogadiscio, la criminalité demeure un problème majeur et le risque d'enlèvements et d'attaques directes reste élevé pour le personnel de l'ONU et les autres agents humanitaires.

Le Secrétaire général s'inquiète également des récentes tensions que suscite le contrôle des régions de Soog et de Sanaag, soulignant toutefois qu'elles mettent en évidence l'urgence et la nécessité d'instaurer une paix globale en Somalie.

« Par ailleurs, souligne-t-il, les dirigeants somaliens et leurs milices ne devraient pas oublier qu'ils seront tenus de répondre des violations des droits de l'homme qui continuent d'être commises. » Il a également rappelé que la résolution 1519, adoptée en décembre dernier, était la preuve de la détermination du Conseil à donner son plein effet à l'embargo sur les armes en Somalie, notamment en créant un groupe de contrôle basé à Nairobi.

Tout en rendant « hommage aux chefs d'État de l'Autorité intergouvernementale pour le développement, en particulier au Président Kibaki et au Président Museveni, à leurs représentants et aux observateurs internationaux, pour la persévérance avec laquelle ils se sont employés à soutenir le processus de réconciliation nationale en Somalie », Kofi Annan demande aux « États de première ligne de l'Autorité intergouvernementale pour le développement » de surmonter leurs différences à propos du processus de réconciliation nationale en Somalie et de s'exprimer « d'une seule et même voix. »

Faute de fonds et en raison de la précarité des conditions de sécurité, de nombreux services essentiels n'ont pu être fournis à la population en 2003, indique le Secrétaire général, ajoutant qu'en 2004, l'ONU compte renforcer les activités en cours et multiplier les initiatives en faveur de la consolidation de la paix.

« Il faudra peut-être mobiliser davantage de ressources pour pouvoir prendre des mesures efficaces en temps voulu », estime Kofi Annan qui met en avant les efforts « redoublés » de l'ONU et des organisations non gouvernementales, ONG, pour améliorer la procédure d'appel global interinstitutions et encourage les donateurs à contribuer généreusement à la procédure d'appel global afin que le Plan d'action humanitaire commun en faveur de la Somalie puisse être mis en oeuvre le plus largement possible.