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L'ONU publie le "tableau effrayant" de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo

L'ONU publie le "tableau effrayant" de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo

Le rapport de l'ONU qui vient d'être rendu public, dresse « le tableau effrayant d'une situation des droits de l'homme les plus graves au monde », tout en soulignant les progrès politiques considérables réalisés au cours des derniers mois et la collégialité régnant dans le nouveau gouvernement.

Le rapport de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo qui vient d'être rendu public, dresse « le tableau effrayant d'une situation des droits de l'homme les plus graves au monde », tout en soulignant les progrès politiques considérables réalisés au cours des derniers mois et la collégialité régnant dans le nouveau gouvernement.

« La situation en République démocratique du Congo reste marquée par des violations massives des droits de l'homme, qui répondent toutes aux éléments constitutifs, tels que définis dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), du crime de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Ces violations dressent un tableau effrayant d'une des situations des droits de l'homme les plus graves au monde », indique dans son dernier rapport Iulia Motoc qui est chargée à l'ONU de suivre et d'évaluer la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo.

Dans la province de l'Ituri en particulier, elle fait état de destructions systématiques et répétées de villages, accompagnées de massacres de la population, de viols, de prises d'otage, d'abus sexuels.

Les 10 et 11 juin 2003, indique-t-elle, « les milices du FNI (Front nationaliste et intégratif, lendu) ont attaqué Nioka dans le territoire de Mahagi. Selon les informations communiquées par les ONG, plus de 200 personnes sont mortes. D'autres ont été prises en otage et conduites à Rethy et soumises au travail forcé dans le camp militaire du commandant Papy Germain. Les otages étaient vendus et rachetés par leurs familles. Les femmes et les jeunes filles étaient violées et obligées à vivre en concubinage avec des militaires de Kpandruma. La paroisse de Nioka, le centre de santé, les bureaux administratifs et la centrale hydroélectrique ont été attaqués et détruits. »

De même à Fataki dans le territoire de Djugu, relate le rapport, au cours de plusieurs attaques menées par des éléments de la FAPC (Force armée populaire du Congo) et du FNI, la paroisse, les deux couvents de religieuses, l'orphelinat, l'hôpital et les écoles, ont été détruites et incendiées. Selon le Gouverneur de Fataki, avec lequel Mme Motoc s'est entretenue lors de sa visite, plus de 10 000 personnes sont déplacées de Fataki. Selon les témoignages des rescapés, un nombre élevé de civils, notamment des femmes et des enfants, ont été pris en otages et réduits en esclavage, y compris sexuel.

Au nombre des recommandations formulées, figure la nécessité de mettre fin au climat d'impunité. Mme Motoc réclame notamment l'application du décret d'amnistie pris par le Président Joseph Kabila le 15 avril 2003 qui ne couvre pas les crimes de guerre, le crime de génocide et les crimes contre l'humanité et demande que l'Assemblée nationale maintienne ces exceptions dans la loi qu'elle s'apprête à voter.

Mme Motoc souligne toutefois les progrès considérables enregistrés au plan politique dans le pays au cours des derniers mois. Elle porte un jugement très positif sur le mode de fonctionnement du nouveau gouvernement, « l'esprit collégial et de collaboration qui règne parmi ses membres (appartenant à différentes composantes politiques) deux mois après la mise en place des institutions de la transition et estime qu'il y a une volonté politique de reconstruction démocratique dans le pays.

Elle se dit confiante dans le processus de réconciliation, notant qu'il y a, « dans ce pays marqué par des atrocités, des ressources morales, des volontés et des personnalités d'exception. » En Ituri, par exemple, elle a été « profondément impressionnée par la manière dont Pétronille Vaweka, Présidente de l'Assemblée intérimaire spéciale, a déjà envisagé cette réconciliation. »

Elle souligne par ailleurs le « succès de l'opération Artémis conduite par les troupes françaises en Ituri » qui, dit-elle, a été un « modèle d'intervention humanitaire efficace menée dans le cadre du Chapitre VII de la Charte. »