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L'Etat de droit et la justice sont essentiels pour rétablir la paix, affirme Kofi Annan

L'Etat de droit et la justice sont essentiels pour rétablir la paix, affirme Kofi Annan

Intervention de Kofi Annan au Conseil de sécurité
Affirmant ce matin le caractère incontournable des notions d'état de droit et de justice dans le relèvement de sociétés sortant de crises, le Secrétaire général de l'ONU a affirmé que leur prise en compte devait associer les acteurs locaux et bénéficier d'emblée des ressources nécessaires.

"L'état de droit n'est pas un luxe et la justice n'est pas une question subsidiaire", a affirmé Kofi Annan lors d'une réunion du Conseil de sécurité à laquelle participaient ce matin les ministres des Affaires étrangères du Pakistan, de la Russie, de la France, de la Chine, du Mexique, de la Syrie, de la Bulgarie, de la Guinée et de l'Espagne.

Il a toutefois souligné les « questions délicates, la souveraineté, les traditions, la sécurité, la justice et la réconciliation » qu'impliquait la prise en compte de l'une comme l'autre de ces notions.

« L'an dernier, nous avons réuni une équipe de travail chargée d'étudier la question de l'état de droit dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Leur rapport final a mis en évidence l'étendue de l'expérience et des compétences que l'ONU a acquis dans ce domaine mais il a également montré qu'il nous fallait faire beaucoup plus », a déclaré le Secrétaire général.

Développant son analyse du cadre dans lequel devrait s'inscrire la démarche de l'ONU à cet égard, Kofi Annan a indiqué qu'il importait d'aborder ces questions de façon globale en intégrant « l'ensemble du système de justice pénale et pas seulement la police mais également les avocats, les procureurs, les juges et le personnel carcéral. »

« Nous devons mieux utiliser les ressources dont nous disposons », a-t-il ajouté, précisant que cela signifiait une plus grande coopération entre toutes les agences de l'ONU de façon à ce que les problèmes liés aux questions de la primauté du droit et de la justice soient mieux identifiés et qu'ainsi le Conseil puisse prendre des décisions plus adaptées.

Mais le Secrétaire général a également insisté sur le fait que l'ONU avait besoin de plus de ressources. « Les meilleurs mandats ne mèneront à rien sans un financement approprié, disponible suffisamment tôt et coordonné », a-t-il affirmé, ajoutant qu'il était également nécessaire de disposer « d'un personnel de grande qualité, disponible rapidement. »

Une approche fondée sur l'idée d'une formule passe-partout valable en toutes circonstances ne fonctionnera pas, a indiqué Kofi Annan, affirmant que « les acteurs locaux devaient être impliqués depuis le début. »

« Le Libéria va servir de test », a-t-il déclaré, soulignant que le Conseil avait suivi ses recommandations et intégré des éléments liés à la notion d'état de droit lorsqu'il avait autorisé le déploiement de la MINUL », la mission de l'ONU dans le pays.

A propos de la justice à rendre aux victimes de crimes passés, Kofi Annan a affirmé que « mettre fin au climat d'impunité était crucial pour restaurer la confiance de la population et susciter un soutien international à la mise en oeuvre des accords de paix. »

Parfois, a-t-il fait observer, les objectifs de la justice et ceux de la réconciliation sont contradictoires et chaque société doit trouver « le juste équilibre entre eux. » Cependant, a-t-il ajouté, « il ne devrait pas y avoir d'amnisties pour les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et toutes les autres infractions aux droits de l'homme et au droit humanitaire internationaux. »

Même s'il n'y a pas de « réponses toutes faites » à des questions qui sont autant de « dilemmes moraux, juridiques et philosophiques », « le Conseil doit tenter de trouver un équilibre entre les exigences de la paix et de la justice », a-t-il conclu.