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Plus de ressources nécessaires pour la consolidation de la paix, selon Kofi Annan

Plus de ressources nécessaires pour la consolidation de la paix, selon Kofi Annan

Intervention de Kofi Annan au Conseil de sécurité
Le Secrétaire général de l'ONU a défendu le point de vue auprès des ministres et délégués rassemblés au Conseil de sécurité aujourd'hui selon lequel des ressources supplémentaires devaient être affectées à la consolidation de la paix qui absorbe actuellement 1/30e des ressources consacrées aux opérations de maintien de la paix.

« Votre soutien tangible, à plusieurs niveaux, fera la différence entre le succès et l'échec de nos opérations de consolidation de la paix en cours ou à venir », a déclaré Kofi Annan au Conseil de sécurité, réuni au niveau ministériel, sur la question des « Aspects civils de la gestion des crises et de la consolidation de la paix. »

Il a rappelé qu'à l'Assemblée générale hier, il a souligné l'importance de la primauté du droit. « Nulle part ailleurs son absence ne se fait sentir de façon aussi aigue que dans les sociétés dévastées par la guerre. Et nulle part non plus son rétablissement n'est-il plus vital pour la paix et la sécurité internationales », a-t-il déclaré.

« C'est toutefois plus facile à dire qu'à faire », a fait observer le Secrétaire général. « La consolidation de la paix est un processus complexe qui fait appel à de nombreux acteurs. »

Il a également fait remarquer que l'expérience avait montré que « les interventions internationales, même celle dotée de la légitimité unique apportée par l'ONU, ne pouvait rapidement effacer les séquelles empoisonnées des conflits. »

En raison de ressources « comparativement rares, il nous faut établir des priorités », a-t-il poursuivi, soulignant que, sans elles, « les plans les mieux définis […] échoueront. »

« Je ne veux pas avoir l'air d'être pessimiste », a toutefois déclaré Kofi Annan. « La consolidation de la paix a connu de grands succès, au Salvador et au Guatemala, en Mozambique et en Namibie et, plus récemment au Timor oriental. » Toutefois, a-t-il fait observer, les défis sont colossaux et les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus demandées, « en Afrique mais aussi ailleurs et parfois dans des endroits extrêmement dangereux. »

Il a demandé au Conseil de sécurité de conserver son intérêt à chaque opération de la paix. « La consolidation de la paix qui s'effectue pas à pas, en partant de rien, peut ne pas faire la Une mais il réclame notre vigilance et notre intérêt à long terme », a-t-il valoir.

« Le désintérêt ou la division du Conseil est la recette pour en arriver à des mandats non remplis et des problèmes non résolus, ce qui permet aux causes sous-jacentes de s'envenimer avant d'éclater à nouveau. Nous avons vu les amères conséquences de ces échecs en Haïti et au Libéria où nous sommes une fois de plus engagés », a souligné le Secrétaire général.

Plaidant aussi pour un renforcement des liens entre l'ONU, les organisations intervenantes et les donateurs internationaux, Kofi Annan a surtout insisté sur deux points à ses yeux majeurs, d'une part les ressources, de l'autre le renforcement des qualifications du personnel en charge.

Au chapitre des ressources, il a déclaré qu'il y avait un besoin de ressources supplémentaires qui soient mises à disposition plus rapidement, faisant observer qu'il s'agissait d'un « excellent investissement », les 30 millions dépensées en opérations de consolidation de la paix représentant 1/30e du montant des dépenses militaires l'an dernier.

A propos du second point, il a souligné que le besoin se faisait sentir de disposer « d'un cadre international civil hautement qualifié en matière de consolidation de la paix, à la fois des experts techniques et des gens qui soient capables de travailler en relations étroites avec les acteurs nationaux et de conjuguer les différentes perspectives que constituent la gestion des conflits, l'édification de l'Etat, le développement et la justice de transition. »

Avec le soutien requis, a-t-il conclu, « notre travail peut réussir et la promesse de la consolidation de la paix devenir réalité. »

La réunion rassemblait notamment le Commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité, le Haut Représentant pour la Politique européenne commune en matière de sécurité et de défense, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, les ministres des Affaires étrangères du Chili, de l'Allemagne, de la France, de la Roumanie, des Philippines, du Brésil, du Pakistan, de l'Angola, du Royaume-Uni.

Elle s'est conclue par une déclaration présidentielle.

imageEnregistrement de la séance sur Internet