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Objectif de la Mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale : renforcer les processus de paix

Objectif de la Mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale : renforcer les processus de paix

Jean-Marc de La Sablière
La Mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale va tenter de créer les conditions de processus politiques solides dans la région sans lesquels a déclaré aujourd'hui le chef de la Mission, aucune opération militaire, pas même la Force multinationale "qui est en train de se déployer à Bunia" n'a de chance de succès.

"Le Conseil est parfois amené à adopter une approche qu'on pourrait qualifier de terrain par le déploiement de casques bleus ou d'opérations multinationales comme à Bunia, mais rien de ceci n'a de chances de réussir si un processus politique solide n'est pas en place. C'est pour renforcer ce processus politique que la mission se rend en Afrique centrale", a expliqué aujourd'hui, à quelques jours de son départ pour l'Afrique centrale, le chef de la Mission, l'ambassadeur de la France, Jean-Marc de la Sablière, au cours d'une conférence de presse.

Interrogé à ce sujet, il a indiqué que la Force multinationale intérimaire serait composée de 1 400 à 1 500 hommes, dont quelque 1 000 Français et qu'elle comporterait une forte composante européenne à côté d'apports africains. 700 membres de la Force seront stationnés à Bunia et 300 à Entebbe.

En ce qui concerne la Mission du Conseil dont le périple en Afrique centrale commence samedi prochain, le 7 juin, pour s'achever le 16 juin, elle est centrée, a souligné M. de la Sablière sur les crises affectant la République démocratique du Congo (RDC) et le Burundi mais elle se rendra également en Ouganda et au Rwanda, deux Etats voisins de la RDC, signataires de l'accord de cessez le feu de Lusaka, en Angola, qui est partie au processus de Lusaka, mais joue aujourd'hui davantage un rôle de facilitation et en Afrique du Sud qui préside l'Union Africaine. Elle ira aussi "consulter le Président de Tanzanie sur les questions liées notamment au processus de paix burundais", a précisé M. de la Sablière.

"Les processus de paix en RDC et au Burundi diffèrent par bien des aspects, mais ces conflits ont deux points communs, leur coût humain inacceptable, qui exige que la communauté internationale reste mobilisée et la nécessité de renforcer le processus politique sans lequel ces conflits n'auront pas de solution", a ajouté M. de la Sablière.

A ses interlocuteurs en RDC, a-t-il indiqué, la Mission signifiera clairement que les combats doivent cesser, non seulement les offensives lancées par certaines des parties mais aussi toute forme de soutien aux groupes armés ou aux milices. Cela signifie enfin que tous ceux qui ont une influence sur ces groupes armés ou ces milices ont le devoir d'en faire usage pour que cessent les combats, a-t-il précisé.

Autre objectif, l'arrêt du pillage des ressources naturelles de la RDC, "qui est devenu un des moteurs du conflit", a noté M. de la Sablière qui a indiqué que la mission rencontrerait l'ambassadeur Kassem, qui préside le panel d'experts sur l'exploitation illégale de ces ressources.

La mission devrait se rendre à Bunia, où est en train de se déployer la force multinationale autorisée par la résolution 1484, a déclaré M. de la Sablière qui a salué le travail remarquable effectué par la Mission de l'ONU, la MONUC, dans la région, dans des conditions difficiles, ajoutant "qu'il conviendrait peut-être, en fonction de ce que nous diront les interlocuteurs de la mission, d'adapter son format et son mandat aux évolutions du processus dans la région".

"C'est sur la base de ces discussions "que le Conseil de Sécurité, à son retour, décidera de la suite à donner au rapport que vient de publier le Secrétaire Général, sur le rôle et les mandats de la MONUC", a-t-il indiqué. Dans un rapport récent, Kofi Annan recommande au Conseil de renforcer considérablement l'effectif de la MONUC et d'envoyer en Ituri une brigade qui pourrait comporter jusqu'à 3 800 hommes.

Quant au Burundi où, a déclaré l'ambassadeur, les "parties burundaises ont montré que le processus de paix de l'Accord d'Arusha est irréversible", la mission a l'intention de rencontrer les derniers groupes rebelles (les FDD et les FNL) et de leur expliquer qu'ils doivent rejoindre le processus d'Arusha.