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Des personnes fuyant les violences transitent par un centre de transit à Renk, dans le nord du Soudan du Sud.

Pourparlers de Genève sur le Soudan : l’ONU juge la première étape « encourageante »

© UNHCR/Ala Kheir
Des personnes fuyant les violences transitent par un centre de transit à Renk, dans le nord du Soudan du Sud.

Pourparlers de Genève sur le Soudan : l’ONU juge la première étape « encourageante »

Paix et sécurité

Les pourparlers de proximité entre les deux parties en guerre au Soudan tenus cette semaine à Genève sous l’égide des Nations Unies sont « une première étape encourageante », a indiqué l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, le diplomate algérien Ramtane Lamamra.

L’émissaire onusien a rencontré alternativement les deux parties, lors de discussions de proximité, qui se sont déroulées du 11 au 19 juillet sur les bords du Lac Léman. « Les discussions tenues à Genève constituent une première étape encourageante dans un processus plus long et complexe », a salué M. Lamamra.

Bien que les « engagements unilatéraux » des parties ne constituent pas des accords avec les Nations Unies, il s’est félicité tout de même des « engagements » annoncés aujourd’hui par l’une des deux parties pour renforcer l’aide humanitaire et la protection des civils.

Il a donc exhorté les deux parties à « intensifier leur engagement en faveur de la paix, dans l’intérêt du peuple soudanais et de l’avenir » de ce pays d’Afrique du Nord-Est.

Des pourparlers centrés sur l’aide humanitaire et la protection des civils

En attendant, il a affiché sa volonté « de rester en contact étroit » avec les dirigeants des deux parties. L’objectif est de suivre « la mise en œuvre des engagements et de les engager sur des questions essentielles », a dit dans un communiqué final, M. Lamamra, soulignant rester à la disposition des belligérants pour la poursuite souhaitable de ce processus.

Les discussions de Genève, qui impliquent des experts humanitaires, sécuritaires et militaires des deux parties ont été centrées notamment sur l’aide humanitaire et la protection des civils.

Les équipes de M. Lamamra ont tenu au total une vingtaine de sessions avec les différentes délégations, y compris des réunions techniques et plénières. Elles ont interagi avec chacune des délégations » dans le cadre de leurs mandats respectifs ».

« Je suis encouragé par la volonté des parties de s’engager avec moi sur ces questions cruciales, ainsi que par les engagements pris pour répondre à certaines demandes spécifiques que nous leur avons présentées », a fait valoir l’Envoyé personnel pour le Soudan du Secrétaire général de l’ONU.

Un enfant, qui a fui son domicile avec sa famille, vit désormais dans un camp de l'État de Gedaref, au Soudan.
© UNICEF/Osman Saifaldeen Awad Rajab
Un enfant, qui a fui son domicile avec sa famille, vit désormais dans un camp de l'État de Gedaref, au Soudan.

Traduire sur le terrain cette volonté de dialogue

Le médiateur onusien compte désormais sur les deux parties pour traduire rapidement leur volonté de dialoguer avec lui en « progrès tangibles sur le terrain », tant dans « la mise en œuvre des accords existants » que par « d’éventuels engagements unilatéraux ».

Ces pourparlers de proximité de Genève interviennent alors que la situation humanitaire au Soudan reste toujours « catastrophique » et se détériore chaque jour. C’est le cas dans l’État soudanais de Sennar touché par des combats. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), ces hostilités ont poussé plus de 136.000 personnes à fuir leur foyer, souvent pour la deuxième ou troisième fois depuis le début du conflit.

Jusqu’à présent, le PAM a aidé 46.000 personnes qui ont fui vers Damazine dans le Nil Bleu et 3.000 personnes qui ont cherché refuge à Kassala dans le Gedaref.

Mais l’impact de cette escalade va bien au-delà des déplacements de population. Elle a gravement affecté les opérations du PAM dans toute la région, notamment dans le Nil blanc, le Nil bleu, le Kassala et le Gedaref.

Une route « vitale » passant par Sennar est inaccessible

A Sennar, les combats ont aussi coupé les principales voies d’approvisionnement en nourriture et en carburant dans l’État, laissant les habitants dans l’incapacité d’accéder aux besoins de base.

Le centre du PAM à Kosti est complètement coupé. La route entre Port-Soudan et Kosti, qui passe par Sennar, est actuellement inaccessible.

Or selon le PAM, cette route est vitale pour l’acheminement de l’aide à des centaines de milliers de personnes au Soudan, dont de nombreuses communautés menacées par la famine dans les Kordofans et la région du Darfour.

L’acheminement de l’aide au Darfour depuis le Tchad est également interrompu. Le point de passage d’Adré depuis le Tchad est toujours fermé et le point de passage Tchad-Darfour via Tine est inaccessible en raison des fortes pluies et des inondations provoquées par la saison des pluies. De nombreuses régions sont donc coupées de l’aide.

Le PAM réitère donc ses appels pour que tous les couloirs humanitaires soient ouverts afin qu’il puisse atteindre toutes les personnes dans le besoin.

Depuis le début de l’année, le PAM a aidé plus de 4 millions de déplacés, réfugiés et communautés hôtes à travers le Soudan, dont 1,4 million pour le seul mois de juin.  « Le Soudan connaît la plus grande crise de la faim au monde », a insisté l'agence onusienne, relevant l’urgence de fournir des vivres à cette échelle.