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Haïti : hausse continue des cas suspects de choléra et inquiétudes à la prison civile de Port-au-Prince

Des personnes ayant les symptômes du choléra reçoivent un traitement à Port-au-Prince, en Haïti.
© UNICEF/Odelyn Joseph
Des personnes ayant les symptômes du choléra reçoivent un traitement à Port-au-Prince, en Haïti.

Haïti : hausse continue des cas suspects de choléra et inquiétudes à la prison civile de Port-au-Prince

Santé

Le nombre de contaminations au choléra continue d’augmenter en Haïti alors que Port-au-Prince est aux prises avec la violence des gangs, alimentant les craintes d’un nouveau désastre dans ce pays des Caraïbes déjà plongé dans une crise humanitaire et sécuritaire.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la prison civile de Port-au-Prince, avec 271 cas suspectés, 12 confirmés et 14 morts, représente l’un des épicentres de la maladie dans le pays. « Dans le pénitencier national, 12 cas ont été confirmés au 16 octobre, avec 271 cas suspects et 14 morts », a détaillé OCHA dans son dernier rapport de situation sur la situation humanitaire à Haïti.

Selon les rapports des médias, il s’agit d’une hausse d’un tiers en 24 heures dans cette prison. La veille, le centre pénitencier faisait état de 203 cas suspects.

Devant la hausse des cas, la branche américaine (OPS/OMS) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a apporté un soutien à la Direction de la Santé de l’Ouest (DSO), en livrant des fournitures, des médicaments et des équipements à la prison civile de Port-au-Prince.

Au total, 22 décès, 835 cas suspects et 78 confirmés

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Au cours de la visite à laquelle ont participé l’OPS/OMS et la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA), les gardiens de prison ont été formés aux mesures de prévention du choléra et les points d’eau ont été chlorés.

A la date de mardi, 835 cas suspects et 78 confirmés ont été recensés au total, selon ce bulletin. Soit une augmentation de plus de 270 cas nouveaux cas suspects décomptés depuis le décompte effectué le 16 octobre.

En outre, 22 décès ont été enregistrés dans des structures médicales.

Au 16 octobre, le ministère de la Santé rapportait 66 cas confirmés et 564 cas suspectés de choléra dans le pays, en dehors des cas de la prison civile de Port-au-Prince. Au moins 188 malades sont hospitalisés.

Selon l’agence onusienne, les enfants de moins de 10 ans représentent toujours quelque 42% des cas suspects.

Cas suspects identifiés dans d'autres régions

De plus, des cas suspects ont également été répertoriés dans de nouvelles régions de ce pays des Caraïbes, indique le bulletin, notamment dans les départements du Centre, de l’Artibonite et des Nippes. « Si la grande majorité des cas suspects se trouvent dans le département de l’Ouest, dont 273 à Cité Soleil et 216 à Port-au-Prince, 14 cas suspects ont été identifiés dans le département du Centre, quatre dans l’Artibonite, et deux dans les Nippes », a détaillé OCHA. 

Au 17 octobre, les 13 centres de traitement du choléra en place et fonctionnels ont une capacité d’accueil de 420 lits, avec un taux d’occupation moyen de 64%. Toutefois, ces chiffres ne dissipent pas les inquiétudes des organisations humanitaires.

Alors que le blocus du terminal pétrolier de Varreux se poursuit avec un impact dévastateur sur les installations médicales et les travailleurs de la santé, plusieurs hôpitaux ont confirmé devoir limiter leurs services. Il s’agit notamment des opérations nécessitant l’usage de générateurs d’électricité.

Phase de préparation activée dans les départements n’ayant pas de cas confirmés de choléra

Pour la surveillance épidémiologique, la phase de préparation a été activée dans les départements n’ayant pas de cas confirmés de choléra. Les épidémiologistes de terrain vont soutenir l’activation ou le renforcement des salles de crise ou la surveillance active.

Il s’agit également de se pencher sur la collecte d’informations sur les cas suspects, l’échantillonnage et le transport des échantillons, et le suivi de la situation actuelle des centres de traitement du choléra potentiels.

Par ailleurs, ceux-ci organiseront les formations de préparation les plus essentielles sur la surveillance épidémiologique, conformément aux directives de la Direction d’épidémiologie, de laboratoire et de recherches, et la gestion des cas pour le personnel de santé.

Face à cette hausse inquiétante des cas de choléra, les agences des Nations Unies continuent d’appuyer ponctuellement et dans la mesure du possible des centres de traitement du choléra avec des fournitures en carburant. C’est le cas du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), qui a travaillé avec des partenaires pour installer des alimentations en énergie solaire dans les hôpitaux et les centres de santé.

Distribution de produits d'hygiène en Haiti
© UNICEF/Jonathan Crickx
Distribution de produits d'hygiène en Haiti

Déploiement de cliniques mobiles et d’agents de santé polyvalents à Cité Soleil

Le but est d’améliorer les installations de la chaîne du froid pour stocker les vaccins et les médicaments. Ce nouveau dispositif a permis aux services de maternité essentiels de se poursuivre dans 12 endroits du pays. Cela n’est cependant pas suffisant pour assurer le fonctionnement des hôpitaux.

Par ailleurs, la branche américaine de l’OMS a soutenu la mise en place de centres de traitement du choléra et d’espaces d’isolement conjointement avec MSF Hollande. Elle a ainsi fourni des médicaments, des entrants médicaux et des lits pour le choléra à d’autres établissements de santé.

Du 14 au 16 octobre, l’OMS et la Direction sanitaire de l’Ouest ont également formé conjointement 150 agents de santé communautaires (ASCP) sur la réponse communautaire à l’épidémie de choléra. Quelque 150 ASCP supplémentaires seront formés du 18 au 20 octobre avant d’être déployés dans les communes affectées de l’aire métropolitaine.

Dans les territoires de Cité Soleil en proie aux conflits entre gangs, Médecins du Monde Argentine a lancé des cliniques mobiles hebdomadaires et des agents de santé communautaires polyvalents (ASCP) qui effectuent des activités de sensibilisation sur le choléra, notamment dans les zones de Bois 9 et Brooklyn.