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Liban : une récession « dévastatrice » met en danger les enfants et leurs familles (UNICEF)

Rania a perdu sa maison dans l'explosion au port de Beyrouth l'an dernier et vit avec d'autres membres de sa famille.
© UNICEF/Ralph El Hage
Rania a perdu sa maison dans l'explosion au port de Beyrouth l'an dernier et vit avec d'autres membres de sa famille.

Liban : une récession « dévastatrice » met en danger les enfants et leurs familles (UNICEF)

Aide humanitaire

Les enfants du Liban subissent les conséquences de l’un des pires effondrements économiques que le monde ait connus ces derniers temps, a alerté jeudi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).   

Selon une enquête publiée jeudi par l’UNICEF, l’escalade de la crise met en danger les enfants du Liban, car la majorité des familles n’ont pas les moyens de répondre aux besoins fondamentaux de leurs enfants. 

« De plus en plus de familles sont obligées de recourir à des mesures d’adaptation négatives, notamment en envoyant leurs enfants travailler dans des conditions souvent dangereuses, en mariant leurs jeunes filles ou en vendant leurs biens », a déclaré Yukie Mokuo, Représentante de l’UNICEF au Liban.

Une série de crises qui se renforcent mutuellement, dont une récession dévastatrice, a ainsi laissé les familles et les enfants du Liban dans une situation désastreuse, affectant pratiquement tous les aspects de leur vie, avec peu de ressources et pratiquement aucun accès à un soutien social. 

« Sans aucune amélioration en vue, plus d’enfants que jamais vont se coucher le ventre vide au Liban », a ajouté Mme Mokuo.

Le tiers des enfants se sont couchés le ventre vide au Liban

Une enquête menée auprès de plus de 1.200 ménages en avril 2021, montre que plus de 30% des enfants se sont couchés le ventre vide et ont sauté des repas au cours du dernier mois. 77% des ménages n’ont pas assez de nourriture ou assez d’argent pour acheter de la nourriture.

Dans les ménages de réfugiés syriens, ce chiffre atteint même 99%. 60% des ménages doivent acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de l’argent. 

La santé, l’éducation et l’avenir même des enfants sont affectés par la flambée des prix et la hausse continue du chômage 

L’aggravation de la situation se traduit par des chiffres inquiétants dans l’éducation. Près de 15% des familles ont interrompu la scolarité de leurs enfants. Par ailleurs, un enfant sur dix a été envoyé au travail. 40% des enfants sont issus de familles où personne n’a de travail et 77 % sont issus de familles qui ne reçoivent aucune aide sociale.

Or selon l’UNICEF, la dépression économique prolongée n’est qu’une des crises qui s’aggravent au Liban. En effet le pays subit l’impact de la pandémie de Covid-19 et les conséquences des explosions massives du port de Beyrouth en août 2020, ainsi que l’instabilité politique persistante. 

La capitale libanaise Beyrouth.
Photo ONU Info/Abdelmonem Makki
La capitale libanaise Beyrouth.

La crise économique parmi les pires au monde depuis 1850, selon la Banque Mondiale

Si les 1,5 million de réfugiés syriens sont les plus durement touchés, le nombre de Libanais ayant besoin d’aide augmente rapidement. La Banque mondiale décrit la situation comme l’un des trois plus grands effondrements économiques observés depuis le milieu du 19e siècle. 

Ce que montre l’enquête de l’UNICEF, c’est que les enfants sont les plus touchés par cette catastrophe croissante », a fait remarquer Yukie Mokuo.

Face à cette situation désastreuse, l’UNICEF s’est mobilisé pour répondre à la crise économique, à l’impact de la Covid-19 et aux conséquences des explosions de Beyrouth. L’agence onusienne a ainsi lancé une subvention intégrée à l’enfance afin de soutenir jusqu’à 70.000 enfants.

Elle a également intensifié ses efforts pour lutter contre la malnutrition. L’UNICEF a apporté un soutien en matière de santé mentale aux enfants vulnérables, en particulier ceux qui travaillent et ceux qui ont recours à d’autres mécanismes d’adaptation négatifs.

« Le Liban ne peut pas se permettre que des enfants soient privés de nutrition, non scolarisés, en mauvaise santé et exposés aux abus, à la violence et à l’exploitation », a conclu la Représentante de l’UNICEF, relevant que « les enfants sont un investissement, l’investissement ultime, dans l’avenir d’une nation ».