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La Covid-19 dévaste les communautés autochtones du monde entier, met en garde un expert de l’ONU

Magdalena et sa famille dans la communauté indigène de Taraupar au Brésil.
© HCR/Viktor Pesenti
Magdalena et sa famille dans la communauté indigène de Taraupar au Brésil.

La Covid-19 dévaste les communautés autochtones du monde entier, met en garde un expert de l’ONU

Droits de l'homme

Le nouveau Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, José Francisco Cali Tzay, a exprimé lundi de sérieuses inquiétudes quant à l’impact dévastateur de la pandémie de Covid-19 sur les peuples autochtones, au-delà de la menace sanitaire.

« Je reçois chaque jour davantage de rapports en provenance des quatre coins du monde sur la manière dont les communautés autochtones sont touchées par la pandémie de Covid-19, et je suis profondément inquiet de constater qu’il ne s’agit pas toujours de problèmes de santé », a-t-il déclaré.

« Les peuples autochtones sont privés de leur liberté d’expression et d’association, tandis que des intérêts commerciaux envahissent et détruisent leurs terres, leurs territoires et leurs ressources », a-t-il ajouté.

Selon le Rapporteur spécial, les états d’urgence exacerbent la marginalisation des communautés autochtones, et dans les situations les plus extrêmes, on assiste à une militarisation de leurs territoires

Dans certains pays, les consultations avec les peuples autochtones et les évaluations d’impact environnemental sont brusquement suspendues afin de forcer la réalisation de mégaprojets liés à l’agroalimentaire, à l’exploitation minière, aux barrages et aux infrastructures.

L’expert a fait valoir que les peuples autochtones qui perdent leurs terres et leurs moyens de subsistance sont poussés encore plus loin dans la pauvreté, avec des taux de malnutrition plus élevés, un manque d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, ainsi que l’exclusion des services médicaux, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la maladie.

Autonomie et cultures traditionnelles

« Face à ces menaces, les communautés autochtones qui ont le mieux résisté à la pandémie de Covid-19 sont celles qui sont autonomes et s’administrent elles-mêmes, gérant ainsi leurs terres, leurs territoires et leurs ressources, et assurant la sécurité alimentaire grâce à leurs cultures traditionnelles et à la médecine traditionnelle »a déclaré l’expert.

Aussi selon M. Cali Tzay, les gouvernements devraient aider les populations autochtones à mettre en œuvre leurs propres plans pour protéger leurs communautés et à participer à l’élaboration des initiatives nationales pour s’assurer que celles-ci ne sont pas discriminatoires à leur égard.

Des mesures spéciales urgentes doivent être prises pour garantir la disponibilité et l’accès à des services médicaux culturellement adaptés - José Francisco Cali Tzay, Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones

« Les États doivent veiller à ce que les peuples autochtones aient accès aux informations sur la Covid-19 dans leurs langues et des mesures spéciales urgentes doivent être prises pour garantir la disponibilité et l’accès à des services médicaux culturellement adaptés », a-t-il fait valoir.

« Le fait que les installations de santé publique soient souvent rares dans les communautés autochtones constitue un défi majeur », a-t-il relevé.

Selon lui, les droits au développement, à l’autodétermination et aux terres, territoires et ressources doivent être garantis afin que les peuples autochtones puissent gérer ces temps de crise et faire progresser les objectifs mondiaux de développement durable et de protection de l’environnement.

« La pandémie nous enseigne que nous devons changer : nous devons privilégier le collectif par rapport à l’individu et construire des sociétés inclusives qui respectent et protègent chacun. Il ne s’agit pas seulement de protéger notre santé », a-t-il conclu.

NOTE

Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.