L'actualité mondiale Un regard humain

Mozambique : un an après le cyclone Idai, beaucoup de personnes luttent pour se reconstruire (PAM)

Le camp de Mutua, dans la province de Sofala, accueille des personnes déplacées par le cyclone Idai
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Le camp de Mutua, dans la province de Sofala, accueille des personnes déplacées par le cyclone Idai

Mozambique : un an après le cyclone Idai, beaucoup de personnes luttent pour se reconstruire (PAM)

Aide humanitaire

Un an après le passage du cyclone Idai qui a dévasté une grande partie du centre du Mozambique, le manque de fonds - pourtant essentiels à la reconstruction du pays - empêchent de nombreuses personnes à se relever, alerte le Programme alimentaire mondial (PAM).

Dans les semaines qui ont suivi la plus forte tempête qui ait jamais frappé le pays, l'aide d'urgence du PAM a permis d’aider 1,8 million de personnes à se remettre de la catastrophe. Mais beaucoup d'autres, qui luttent encore aujourd'hui, sont confrontées à un avenir sombre et incertain.

Le mois dernier, le manque de financement a obligé l'agence onusienne à réduire de moitié les rations alimentaires de 525.000 personnes travaillant sur des projets de relèvement post-Idai à  Sofala, la province la plus touchée par le cyclone. Ce mois-ci, sans fond supplémentaires, le PAM sera dans l’obligation d’interrompre ce soutien vital.

« Pour les personnes qui ont vu leur vie bouleversée, nos projets tels que les fermes communautaires, la réparation de routes et de ponts et la reconstruction d'écoles, sont une source d'espoir », a déclaré Lola Castro, directrice régionale du PAM pour l'Afrique australe. « Ce travail essentiel doit se poursuivre si nous voulons constater une reprise réelle et durable », a-t-elle ajouté.

Cette année, le PAM a besoin de 91 millions de dollars pour pouvoir mettre pleinement en œuvre des projets de réhabilitation pour les victimes du cyclone Idai.

Il s'agit notamment de soutenir les communautés du sud du pays qui souffrent d'insécurité alimentaire aiguë en raison de la sécheresse prolongée et d'aider un nombre croissant de victimes déplacées de l'intensification de la violence djihadiste dans le nord.

Selon les estimations de l'UNICEF, environ 200 000 enfants devraient faire face à l'insécurité alimentaire d'ici février
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Selon les estimations de l'UNICEF, environ 200 000 enfants devraient faire face à l'insécurité alimentaire d'ici février

Problème croissant, la malnutrition doit être traitée d'urgence.

Beaucoup de personnes qui ont besoin d'aide dans les régions du centre du Mozambique souffrent d'une insécurité alimentaire « de crise » ou « d'urgence », a expliqué Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM. « Ils mangent peu, empruntent ce qu'ils peuvent à des parents ou à des amis et se nourrissent d'aliments sauvages peu nourrissants ».

Le Mozambique a l'un des taux les plus élevés de malnutrition chronique au monde : 43 % des enfants de moins de cinq ans sont concernés. La malnutrition aiguë est, quant à elle, en hausse dans les communautés touchées par le cyclone Idai. Une rare épidémie de pellagre, une maladie déclenchée par une carence en vitamine B3, a rendu malade près de 4 000 personnes à Sofala, et ce nombre augmente rapidement.

Le pays dépend fortement de l'agriculture pluviale et des petites exploitations agricoles et est vulnérable au changement climatique, comme l'a souligné le cyclone Kenneth qui a causé des dégâts considérables six semaines seulement après le cyclone Idai. Pour le PAM, il est nécessaire d'investir davantage dans l'adaptation au changement climatique et dans la réduction des risques de catastrophe.

Avec ses températures augmentant deux fois plus vite que la moyenne mondiale, il n'y a eu des précipitations normales que dans une seule des cinq dernières saisons des cultures.

« Renforcer la capacité des Mozambicains à résister aux impacts des sécheresses et des inondations de plus en plus graves était au cœur de notre travail avant le passage des cyclones », a déclaré Castro. « C’est ce que nous devons reprendre maintenant et, avec nos partenaires, intensifier dans les années à venir ».