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Cyclone Kenneth au Mozambique : l’ONU déploie son aide et appelle à la solidarité internationale

António Manuel, qui vit à Pemba, dans le nord du Mozambique, est devant sa maison détruite par le cyclone Kenneth dans la nuit du 25 avril.
PAM/Deborah Nguyen
António Manuel, qui vit à Pemba, dans le nord du Mozambique, est devant sa maison détruite par le cyclone Kenneth dans la nuit du 25 avril.

Cyclone Kenneth au Mozambique : l’ONU déploie son aide et appelle à la solidarité internationale

Aide humanitaire

Après le passage du cyclone Kenneth, les agences onusiennes et leurs partenaires humanitaires aident les autorités mozambicaines à évaluer les besoins et à fournir l’assistance nécessaire. António Guterres sollicite l’appui financier de la communauté internationale.

Des taules ondulées au sol au milieu de branches d'arbres. C’est tout ce qui reste du toit de la maison d’António Manuel à Pemba, dans le nord du Mozambique, après le passage du cyclone Kenneth.

António Manuel et ses cinq enfants étaient dans leur foyer lorsque des vents violents ont soufflé jeudi soir sur leur ville de plus de 140.000 habitants, chef-lieu de la province de Cabo Delgado. « Ils sont aujourd’hui logés dans la maison d’un parent, en attendant de pouvoir reconstruire leur maison », explique Deborah Nguyen, chargé de communication du Programme alimentaire mondial (PAM) qui s’est rendue à Pemba.

Comme António Manuel et sa famille, ils sont des milliers de Mozambicains à avoir perdu leurs maisons après le passage de Kenneth. Dans certains villages touchés par le cyclone – le second en six semaines – jusqu’à 90% des habitations ont été détruites, souligne le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

Bien qu’il ait déjà perdu de sa force, le cyclone Kenneth continue de provoquer de fortes pluies diluviennes dans le nord du Mozambique la région et un risque élevé d'inondations et de glissements de terrain demeure. Selon le PAM, ce qui reste de Kenneth pourrait verser deux fois plus de pluies que le cyclone Idai le mois dernier.

« Le sol est saturé de pluie et les rivières sont déjà en crue. La situation d'urgence risque donc de s'aggraver après les inondations des prochains jours », explique Michel Le Pechoux, le représentant adjoint de l’UNICEF au Mozambique, dans un communiqué.

Dimanche matin à Pemba, « les routes étaient déjà inondées », décrit Deborah Nguyen. A 20 kilomètres de Pemba, un pont de la rivière Mieze en crue a été submergé par les flots et des personnes tentaient de le traverser. L’île d’Ibo, située à 200 kilomètres au nord de la ville, a été complètement détruite, rapporte la responsable du PAM.

En date du 28 avril, cinq décès ont été recensés et plus de 1.000 personnes ont été déplacées par le cyclone.

Sur place, les agences onusiennes sont mobilisées pour répondre aux besoins d’urgence.

« Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre en place des équipes et des fournitures sur le terrain afin d'assurer la sécurité des personnes », explique Michel Le Pechoux. L’UNICEF a envoyé à Cabo Delgado des équipes spécialisées dans les domaines de la santé, de la nutrition, de la protection de l’enfance, de l’eau et de l’assainissement, et a pré-positionné des fournitures humanitaires, notamment des kits de santé et des produits de purification de l’eau, afin d’accélérer les interventions d’urgence.

Le PAM a également rapidement déployé des effectifs supplémentaires pour appuyer son équipe déjà présente à Pemba et assure un transport aérien plus important pour accéder aux zones isolées du nord. L’agence onusienne, qui avait déjà prépositionné plus de 500 tonnes de produits alimentaires sur le terrain, a commencé dimanche la distribution de vivres dans les centres d'hébergement.

18 tonnes de biscuits à haute teneur énergétique et 4 tonnes de produits nutritifs spécialisés ont également été expédiées pendant les premiers jours de l'intervention, dans des zones isolées et difficiles à atteindre.

Des évaluations sont toujours en cours et l'ampleur de la catastrophe deviendra claire au cours des prochains jours.

Deux cyclones tropicaux violents frappent le Mozambique au cours de la même saison

Les cyclones sont rares dans le nord du Mozambique et le passage de Kenneth a surpris les habitants de la région. « Il n’y a jamais eu de cyclones à Cabo Delgado et nous sommes profondément préoccupés par le fait que les communautés de la région n’auraient pas été préparées à faire face à une telle tempête » explique Michel Le Pechoux, alertant que les enfants et leurs familles sont dans une situation très précaire.

Selon l’UNICEF, 368.000 enfants supplémentaires sont actuellement en danger au Mozambique et ont besoin d'une aide humanitaire vitale après le passage du second cyclone. 

C'est la première fois dans l'histoire que deux cyclones tropicaux violents frappent le Mozambique au cours de la même saison. Le cyclone tropical Idai qui a touché le Mozambique le 14 mars a fait plus de 600 morts et laissé environ 1,85 million de personnes dans le besoin. Les ravages causés par les deux cyclones pourraient porter à près de 1,4 million le nombre total d'enfants ayant besoin d’une assistance humanitaire dans les zones touchées du nord et du centre du Mozambique.

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé dimanche la communauté internationale à apporter des « ressources supplémentaires » pour faire face aux besoins engendrés par ce second cyclone. Des ressources qui « sont indispensables au financement de la réponse (humanitaire) à court, moyen et long terme », a dit son porte-parole dans une déclaration de presse.