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Crise alimentaire au Niger : L'ONU porte son appel de fonds à 81 millions de dollars

Crise alimentaire au Niger : L'ONU porte son appel de fonds à 81 millions de dollars

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Les Nations Unies évaluent désormais à 81 millions de dollars l'aide humanitaire nécessaire pour soutenir le Niger, où la crise alimentaire s'aggrave. Cet appel fait suite à celui lancé pour un montant de 16 millions de dollars le 19 mai dernier.

Ces fonds sont destinés à d'assurer l'approvisionnement alimentaire des 2,5 millions de Nigériens qui souffrent de l'insécurité alimentaire et à soutenir l'agriculture. La portée de ce nouvel appel a été étendue au-delà du mois de septembre jusqu'à la fin de l'année 2005, indique un communiqué publié aujourd'hui à New York par le Bureau de la coordination humanitaire des Nations Unies (OCHA selon l'acronyme anglais).

La malnutrition affecte 192 000 enfants nigériens, qui ont besoin d'une assistance alimentaire spécifique et de soins médicaux en raison du risque élevé de maladies. Le montant des fonds nécessaires pour l'aide médicale de base a donc quasiment triplé. Les 3,6 millions de Nigériens frappés par la crise humanitaire encourent des risques accrus pour leur santé dans les six prochains mois. L'accès à l'eau potable doit également être amélioré.

L'un des buts de ce nouvel appel est « de faire en sorte que les populations pauvres aient accès gratuitement aux structures médicales », car le manque d'accès aux soins médicaux « entraîne la mort d'enfants, tout comme la médiocre qualité de l'eau », a déclaré aujourd'hui Margareta Wahlström, Sous-Secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d'urgence, lors d'un point de presse à New York.

image • Retransmission de la conference de presse[45mins]

Répondant aux questions de la presse, elle a estimé que plusieurs mois seraient sans doute nécessaires pour inverser progressivement la situation au Niger, en fonction de la pluie et surtout de l'amélioration de la santé des troupeaux, qui ont été très éprouvés.

La population du Niger est avant tout fragilisée par la crise de ses moyens de subsistance. Pour pouvoir se procurer de la nourriture, les habitants ont dû vendre leurs animaux, alors que le bétail joue un rôle primordial dans la sécurité alimentaire des familles rurales.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO selon l'acronyme anglais) a lancé le 2 août dernier un appel d'un montant de 4 millions de dollars pour financer l'achat de bétail et de semences (voir notre communiqué).

Margareta Wahlström a précisé que le gouvernement nigérien ne souhaitait pas que s'installe une dépendance à l'aide à long terme, et que celle-ci devrait donc être suspendue en temps voulu. Elle a également rappelé que les pays sahéliens voisins du Niger étaient eux aussi menacés par l'insécurité alimentaire, citant notamment le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie. Elle a également évoqué le Malawi et la Corne de l'Afrique, et précisé qu'une rencontre devait être organisée sur le sujet à Dakar à la mi-septembre.

Répondant aux questions des journalistes qui souhaitaient savoir si une réaction plus précoce de la communauté internationale aurait permis de sauver des vies, Margareta Wahlström a répondu que le PAM avait établi un plan d'intervention très tôt et que si des fonds avaient été disponibles plus rapidement, « il ne fait aucun doute que des vies auraient été sauvées ».

« Ce n'est pas correct de baser un appel sur des personnes qui sont en train de mourir devant vous. Nous avons voulu empêcher cela d'arriver en lançant un appel dès le mois de mai dernier mais le message n'est clairement pas passé. », a-t-elle constaté.

La réponse tardive des donateurs aux appels des Nations Unies visant à remédier à la crise alimentaire a eu pour conséquence de prolonger et d'aggraver la crise, entraînant une spectaculaire augmentation des coûts, avait déjà estimé James Morris, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), dans un communiqué publié le 3 août dernier.

Au cours des semaines passées, trois agences des Nations Unies - le PAM, l'Unicef et la FAO – ont lancé des appels à la communauté internationale en faveur du Niger.

Le Niger est le deuxième pays le plus pauvre du monde. La sécheresse, combinée à l'invasion de criquets pèlerins en 2004, a entraîné une mauvaise récolte, mettant gravement en danger la sécurité alimentaire de ses habitants.

- Ecouter, sur la radio de l'ONU, l'entretien avec Kristen Knutson, porte-parole d'OCHA