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Plus d'un million de personnes, dont la plupart ont été déplacées à plusieurs reprises, ont été contraintes de fuir une fois de plus pour se mettre à l'abri.

Grave pénurie de nourriture, d’eau potable, et de lait maternisé pour les bébés à Gaza (OCHA)

© UNRWA
Plus d'un million de personnes, dont la plupart ont été déplacées à plusieurs reprises, ont été contraintes de fuir une fois de plus pour se mettre à l'abri.

Grave pénurie de nourriture, d’eau potable, et de lait maternisé pour les bébés à Gaza (OCHA)

Paix et sécurité

Alors que les populations continuent à fuir les combats et les bombardements dans la bande de Gaza, des centaines de milliers de personnes déplacées dans le sud de l’enclave palestinienne souffrent d’une grave pénurie de nourriture et du lait maternisé pour les bébés, ainsi que d’un accès insuffisant aux abris, à la santé, à l’eau et à l’assainissement, selon des missions d’évaluation de l’ONU.

La crise humanitaire dans le sud de la bande de Gaza « se détériore rapidement » pour les dizaines de milliers de personnes déplacées qui s’entassent dans une « zone très encombrée le long de la côte » dans une « chaleur estivale brûlante » tandis que « le conflit actif et l’anarchie » ont rendu « presque impossible » pour les travailleurs humanitaires de répondre aux « besoins croissants ».

Il s’agit là certains des nombreux avertissements sur la crise humanitaire à Gaza contenus dans le dernier rapport de situation du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Un seul repas par jour ou parfois un repas tous les deux jours

Ces conclusions sont le fruit de récentes évaluations inter-clusters des Nations Unies menées par l’OCHA entre le 7 et le 14 juin. Elles ont porté sur quatre sites de déplacement informels à Deir al Balah, deux à Khan Younis et deux dans la zone d’Al Mawasi à Rafah.

L’Agence onusienne signale également que dans les camps de personnes déplacées du centre et du sud de la bande de Gaza, « de nombreux ménages déclarent n’avoir qu’un seul repas par jour, certains n’ayant qu’un repas tous les deux ou trois jours ». Ils dépendent essentiellement du pain, du partage de la nourriture avec d’autres familles et du rationnement des stocks.

Seule une petite partie des personnes déplacées peut régulièrement avoir accès à des repas chauds. Aucune distribution de farine ou de colis alimentaires n’a eu lieu récemment, et les produits alimentaires de base sur le marché sont largement inabordables. Il y a également un manque criant de lait et de lait maternisé pour les bébés et de suppléments nutritionnels pour les enfants, les femmes enceintes et celles qui allaitent. 

Deux enfants dans un abri scolaire de l'UNRWA à Khan Younis, dans le sud de Gaza, en route pour aller chercher de l'eau.
UNRWA/Fadi
Deux enfants dans un abri scolaire de l'UNRWA à Khan Younis, dans le sud de Gaza, en route pour aller chercher de l'eau.

Les enfants contraints de collecter de l’eau

Ces chiffres inquiétants interviennent alors que l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, estime qu’il ne reste que 65.000 personnes à Rafah, où 1,4 million de Palestiniens avaient trouvé refuge avant de fuir l’avancée de l’armée israélienne sur la ville méridionale.

En outre, l’accès à l’eau est extrêmement faible, les gens devant faire la queue pendant de longues heures pour aller la chercher. Les Gazaouis sont obligés de recourir à l’eau de mer pour les usages domestiques, y compris pour les nouveau-nés sur un site. Les enfants sont ainsi contraints d’effectuer des « tâches pénibles et risquées », telles que la collecte d’eau et de nourriture.

Ils sont donc « exposés à la violence aux points de distribution » en raison de « la concurrence pour des ressources limitées » et du « risque omniprésent de munitions non explosées ». « Des rapports de plus en plus nombreux font état de violences fondées sur le sexe, en particulier de violences domestiques et de mariages précoces, ce qui ne fait qu’exacerber les difficultés rencontrées par les femmes et les enfants », détaille le rapport.

L’acheminement de l’aide gravement compromis

Alors que la situation humanitaire se détériore davantage, les contraintes imposées par Israël continuent de « compromettre gravement l’acheminement de l’aide et des services humanitaires essentiels » dans tout Gaza, notamment l’acheminement de l’aide alimentaire et nutritionnelle, des soins médicaux, de la protection et du soutien aux abris, et des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène [WASH] pour des centaines de milliers de personnes », souligne le rapport de l’OCHA.

Sur les 192 missions d’aide humanitaire coordonnées entre le 1er et le 18 juin dans les zones du sud de Gaza, 134 (70 %) ont été facilitées par les autorités israéliennes, 12 (6 %) se sont vu refuser l’accès, 26 (14 %) ont été entravées et 20 (10 %) ont été annulées.

Sur la soixantaine de missions d’aide humanitaire coordonnées dans le nord de Gaza, 28 (46 %) ont été facilitées par les autorités israéliennes, huit (13 %) se sont vu refuser l’accès, 16 (26 %) ont été entravées et neuf (15 %) ont été annulées pour des raisons logistiques, opérationnelles ou de sécurité.

L’OCHA indique aussi que pour la première fois depuis le début du mois de juin, cinq camions chargés de carburant sont entrés à Gaza mais cela ne suffit pas puisque la bande de Gaza n’a plus reçu de carburant depuis deux semaines.