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Gaza : 20 nouveau-nés en danger dans un hôpital faute de carburant pour les générateurs d'oxygène

Un nouveau-né dans une couveuse à Rafah, dans le sud de Gaza (photo d'archives).
© UNICEF/Eyad El Baba
Un nouveau-né dans une couveuse à Rafah, dans le sud de Gaza (photo d'archives).

Gaza : 20 nouveau-nés en danger dans un hôpital faute de carburant pour les générateurs d'oxygène

Paix et sécurité

Alors que l’approvisionnement en carburant est « toujours très faible » dans la bande Gaza, les générateurs d’oxygène de l’hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah risquent de tomber en panne, mettant en péril la vie d’une vingtaine de nouveau-nés, a averti l’UNICEF, l’Agence des Nations Unies pour l’enfance, dans un message sur X.

Selon les rapports des médias, l’hôpital Al-Aqsa a été contraint d’abandonner une grande partie de son équipement en raison des coupures de courant, traitant les patients manuellement sur le sol de l’établissement surpeuplé.

« Gaza a besoin de plus de carburant maintenant et de couloirs sûrs pour les travailleurs humanitaires », a ajouté l’UNICEF.

Des pannes fréquentes de machines

Jeudi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) indiquait que plusieurs hôpitaux manquent de carburant et de médicaments, en raison de la fermeture du point de passage de Rafah.  Sur les réseaux sociaux, Tedros Gebreyesus, chef de l’OMS, a prévenu que l’accès aux soins de santé se rétrécit dans tout Gaza.  Il dit que dans le nord, l’hôpital Kamal Adwan ne fonctionne plus. 

En écho à ces inquiétudes de l’UNICEF, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) revient sur les nombreux défis auxquels sont confrontées les agences humanitaires, notamment « les pannes fréquentes des machines, l’absence d’une décharge sûre dans la zone de Mawasi et le manque de conteneurs à ordures ».

En dépit de ces contraintes, les équipes de l’UNRWA s’efforcent de créer un environnement sain et sûr pour les réfugiés palestiniens, « mais la situation est critique ».

Cette situation sanitaire inquiétante intervient dans un contexte où la fermeture du point de passage de Rafah et le trafic limité à celui de Kerem Shalom dans le sud ont comprimé le flux des fournitures vitales. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a d’ailleurs prévenu que si l’aide ne commence pas à entrer à Gaza en quantité massive, le désespoir et la faim vont se répandre encore plus. 

Préparation de repas chauds à Deir Al-Balah, Gaza.
WFP
Préparation de repas chauds à Deir Al-Balah, Gaza.

Aide prête à être envoyée depuis l’entrepôt du PAM en Jordanie

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Même tonalité du côté du Programme alimentaire mondial (PAM), qui note que des milliers de familles à Gaza sont à nouveau à la recherche de nourriture et d’un abri. « L’accès reste extrêmement limité. Nous devons veiller à ce que l’aide parvienne aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent », a dit le PAM sur le réseau social X.

D’autant que dans l’entrepôt du PAM en Jordanie, l’aide vitale est prête à être envoyée à Gaza. « Mais elle ne peut pas rester ici - elle doit atteindre les familles affamées », a insisté la cheffe du PAM, Cindy McCain. « L’aide doit être acheminée par tous les couloirs et points d’entrée, tous les jours. Des vies sont en jeu », a-t-elle ajouté. 

Selon le PAM, il n’y a pas de distribution de vivres dans le sud, à part quelques stocks limités qui sont fournis aux cuisines communautaires pour la préparation des repas chauds.

Depuis le début du mois, le PAM a fourni de la nourriture à 1 million de personnes, mais avec « des rations réduites ». Dans le même temps, l’agence onusienne a travaillé avec plus de 70 cuisines communautaires dans tout Gaza pour fournir quelque 4,4 millions de repas chauds à Gaza.

En Cisjordanie, un autre conflit fait rage

Alors que la guerre continue de faire rage dans la bande de Gaza, un autre conflit passe inaperçu en Cisjordanie où les forces israéliennes lancent des opérations régulières pour détruire des maisons, raser des routes et démanteler des « infrastructures de base » telles que l’eau et l’électricité, a indiqué vendredi l’UNRWA. 

« Les opérations militaires, les destructions, les restrictions de circulation et la pauvreté génèrent la peur, l’incertitude et l’anxiété parmi les communautés de réfugiés palestiniens », a souligné sur le réseau social X, l’UNRWA, relevant que « plus d’escalade éloignerait une solution pacifique » dans les territoires palestiniens occupés.

Le personnel de l’ONU a raconté comment le camp de réfugiés de Nur Shams, dans le nord de la Cisjordanie occupée, était « autrefois une zone animée avec des marchés et de la vie », mais a maintenant été frappé par la « destruction des forces israéliennes ».

Situation aggravée par les groupes armés palestiniens

« Ce qui était autrefois une zone animée avec des marchés et de la vie, gît maintenant dans la destruction », a dit sur X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini détaillant « l’impact des opérations régulières des forces israéliennes sur la vie quotidienne » des Palestiniens. 

Les maisons sont ainsi détruites, des routes rasées au bulldozer, les infrastructures de base comme les réseaux d’eau et d’électricité sont démantelés. Cela pousse les Palestiniens à sombrer dans la pauvreté. « La séparation, l’isolement et les restrictions de mouvement ne font qu’aggraver ce cycle ».

La situation est encore plus déstabilisée par les groupes armés palestiniens, a déclaré M. Lazzarini. « Partout en Cisjordanie, l’histoire se répète : la peur, l’incertitude et l’anxiété envahissent les communautés ».

Selon l’UNRWA, toute nouvelle escalade dans la région et l’expansion des colonies israéliennes éloigneront encore plus d’une solution pacifique à ce conflit qui dure depuis des décennies.

Des enfants se tiennent devant une maison démolie à Beit Sira, un village palestinien du centre de la Cisjordanie.
© UNOCHA
Des enfants se tiennent devant une maison démolie à Beit Sira, un village palestinien du centre de la Cisjordanie.

Près de 900 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens

En écho à ces rapports, l’OCHA rappelle que des colons israéliens ont perpétré 28 attaques contre des Palestiniens, au cours desquelles dix Palestiniens ont été blessés (par des colons ou par les forces israéliennes) et/ou des biens palestiniens ont été endommagés. 

Au total, depuis le 7 octobre, 896 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens ont fait des victimes palestiniennes (93 incidents), endommagé des biens appartenant à des Palestiniens (707 incidents), ou fait des victimes et endommagé des biens (96 incidents).

Depuis le 7 octobre, 489 Palestiniens, dont 117 enfants, ont été tués et plus de 5.000 Palestiniens, dont environ 790 enfants, ont été blessés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, selon un décompte établi par l’OCHA le mercredi 22 mai. Parmi eux, 472 ont été tués par les forces israéliennes, dix par des colons israéliens et sept dont on ne sait toujours pas si les auteurs étaient des soldats ou des colons israéliens. 

« Dix Israéliens, dont six membres des forces israéliennes et un enfant, ont été tués et au moins 100 ont été blessés, dont 70 membres des forces israéliennes et deux enfants, en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, depuis le 7 octobre », a conclu l’OCHA.